Le promoteur Capelli et le cabinet d’architecture Djuric-Tardio proposent une solution de construction modulaire et évolutive, en bois biosourcé, adaptée aux enjeux de la crise sanitaire. Et au-delà.
Le groupe de promotion immobilière Capelli, l’agence Djuric Tardio architectes ainsi que Cruard Charpente, Backacia, Paris habitat, Vraiment vraiment et Baudet proposent aux collectivités territoriales et à l’Etat une solution de structures modulaires en bois, permettant diverses configurations, répondant à des besoins variés ; centres de soins, de dépistage ou de vaccination, logements d’urgence, hôpitaux de campagne, etc.
« Conçus pour être construits et installés dans un temps très court, les bâtiments sont réutilisables. Ils peuvent être transformés en équipements publics pérennes de type logements, crèches, centres d’accueil, foyers, bureaux, locaux commerciaux, associatifs, etc., fait valoir le collectif. Cette solution concilie l’éphémère et le pérenne en conjuguant traitement de la crise sanitaire et préparation de la relance économique », ajoute-t-il. « S’appuyant sur la recherche et développement de Djuric-Tardio architectes, toutes ces vocations sont permises par l’agencement de quelques modules simples déclinés sur une trame. Ils offrent des performances de confort et une qualité architecturale identiques aux bâtiments permanents », précisent Caroline Djuric et Mirco Tardio.
Reconfigurables et réversibles
« La crise actuelle nous challenge dans l’usage et la structuration de nos bâtiments et en particulier tous les équipements d’intérêt général, tantôt parce qu’il faut les agrandir en quelques jours, tantôt parce qu’il faut reconfigurer des formes d’accueil qui respectent la distanciation sociale, tantôt parce qu’il faut réussir à protéger et confiner certaines populations fragiles qui ne peuvent rester dans leurs situations d’origine. Cela est un enjeu également dans le déconfinement », soulignent également les architectes.
Pensés avec des matériaux légers, principalement biosourcés et bas carbone, ces bâtiments sont donc facilement réalisables, reconfigurables et réversibles. « Nous pourrions mettre à profit la plateforme de récupération de matériel réemployable issu des chantiers de réhabilitation mise en place par Paris habitat, partenaire du projet, indique Mirco Tardio. Ce matériel est répertorié et à disposition pour d’autres usages et le bailleur a accepté de le mettre à contribution pour Combi (fenêtres sanitaires, radiateurs, etc.). Cela permet avec Backacia, également partenaire du projet, de faire face à la pénurie de fournitures dans les cas de crise et de confinement et de réduire encore davantage le bilan carbone du bâtiment », poursuit l’architecte.
Ce dispositif, d’ores et déjà opérationnel, a été utilisé dans le cadre d’un projet de crèche publique modulaire et itinérante de la ville de Paris, aujourd’hui monté dans le jardin du Luxembourg. Ces bâtiments, construits dans l’urgence ou dans un contexte économiquement tendu, sont proposés en location avec option d’achat.
« Nous pensons être en mesure de livrer au profit de l’urgence sous 12 semaines des volumes capables de 500 à 1 000 m² pour seulement 20 à 30 % de leur prix », indique le collectif. Lorsque la situation de crise sera levée, ces modules seraient démontés et remontés dans leur lieu de destination final qui sera identifié ab initio. « Nous pouvons les transformer en logements pérennes de qualité destinés à des bailleurs sociaux que nous associons à notre groupement », indiquent également les promoteurs de ce projet. Enfin, le groupe Capelli pourrait aussi tout simplement réutiliser ces modules dans ses opérations de promotion immobilière.
« Combi est né d’un système d’assemblage inspiré des techniques japonaises et du travail de Jean Prouvé, détaillent Caroline Djuric et Mirco Tardio. Il a été étudié pour construire des bâtiments en modules de bois interchangeables, qui peuvent être aisément personnalisés, transportés et stockés dans un espace réduit. Cette recherche de facilité dans le montage a permis d’aboutir à la conception d’assemblages permettant également un démontage et remontage illimité des modules. Les bâtiments sont donc extensibles, réversibles et reconfigurables à l’infini. Les modules préfabriqués en atelier sont acheminés sur le chantier et montés sur place avec des moyens réduits et rapides. Chaque module de façade est construit sur une dimension standardisée, ajoutent les architectes. Le degré de finition des modules peut être précisé en fonction de son usage. En effet, en s’appuyant sur la filière bois comme moyen de construction préfabriquée, rapide, et disponible sur le territoire, il est possible de solliciter des acteurs locaux en privilégiant les circuits courts et des essences locales. Cela garantit aussi une suffisance nationale essentielle en cas de crise, mais aussi un bilan carbone des opérations pérennes très favorable. »
« Les modules de planchers sont de deux types et permettent de se coupler au système de structure primaire autoporteuse composée par des portiques métalliques, également standardisés, empilables et démontables, soulignent les architectes. Une série d’accessoires vient compléter le bâtiment clos et couvert, en fonction des destinations, des usages et des finitions souhaitées ; couverture en pente, gouttières, escaliers intérieurs, mais également ascenseur, si nécessaire. Les réseaux électriques et fluides sont apparents et aussi conçus pour être préassemblés, posés rapidement, démontables et réemployables avec des pertes très limitées, dues essentiellement aux éléments d’usure et non récupérables », soulignent Caroline Djuric et Mirco Tardio.