Cité Phares, l’un des premiers pôles de l’ESS francilienne

L’économie sociale et solidaire (ESS) a aussi ses clusters : les PTCE ou pôles territoriaux de coopération économique, entérinés par la loi sur l’ESS de 2014. Cité Phares est l’un des tout premiers à avoir été soutenu dans ce cadre.

Parce que l’innovation et le développement territorial passent, aussi, par l’économie sociale et solidaire, la loi a reconnu, en 2014, la notion de PTCE portée depuis longtemps par le monde de l’ESS. Le PTCE, pour pôle territorial de coopération économique, étant une sorte de cluster, rassemblant entreprises de l’ESS ou traditionnelles, collectivités territoriales, centres de recherches et organismes de formation qui coopèrent au service de projets innovants pour le développement local durable. S’ils sont désormais une centaine en France, Cité Phares à L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) est l’un des tout premiers lauréats de l’appel à projets interministériel de 2014.

Le vaste bâtiment du 6 rue Arnold Géraux a en effet une longue histoire : dès les années 1990, l’association Halage, spécialiste de l’insertion et de la formation par les espaces verts, s’installe dans cette ancienne usine de 1 350 m2 avec la ferme volonté de l’ouvrir à son environnement immédiat et à d’autres acteurs de l’ESS pour mieux faciliter les synergies, faire émerger les projets locaux, et in fine, dynamiser l’emploi.
Au fil des ans, le projet évolue et, en 2014, est constituée une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) pour gérer ce qui, entre temps, est devenu Cité Phares, pour Pôle d’hospitalité aux activités à rayonnement écologique et solidaire.

Emplois mutualisés

Phares compte désormais une quinzaine « d’habitants », autrement dit, de membres : parmi eux, des acteurs aussi variés qu’Études et chantiers d’Ile-de-France (insertion, chantiers internationaux de bénévoles, éducation à l’environnement), Chantier école Ile-de-France (insertion), Solibio (épicerie biologique), Procarist (formation métiers de la logistique), Mode estime (mode pour les personnes en situation de handicap) ou encore Metropop’ (qui anime des débats citoyens sur le projet métropolitain).

Atelier de mode Mode Estime.

L’atelier Mode Estime fait partie des habitants de Cité Phares. © DR

Ces habitants bénéficient certes d’un loyer très modéré, des services mutualisés (reprographie, ménage, Internet, salles de formation et de restauration, conseil juridique, etc.). Mais un salarié s’occupe aussi spécifiquement d’animer cette communauté et de créer des liens entre les habitants pour favoriser les synergies. Trois emplois sont ainsi mutualisés entre différentes structures de Phares. Mode estime, installé depuis l’été 2015 dans les locaux, peut ainsi s’offrir un chargé de projet à temps partiel, partagé avec Halage, ce qui lui a permis de trouver des clients.

Un grand projet d’usine de compostage industriel de biodéchets – et espère-t-on aussi, de couches – est également à l’étude, rassemblant outre des acteurs locaux, plusieurs habitants de Phares tels que Halage et Etudes et chantiers notamment. « Cela permettrait d’alimenter des réseaux de chaleur, et de produire du compost pour l’agriculture urbaine », explique Myriam Dauphin, cogérante de la SCIC. Quant à Metropop’, acteur du débat métropolitain, il mobilise ses voisins, et notamment les chantiers d’insertion, aux opportunités qu’ouvrent tous les chantiers du Grand Paris. « Car, explique Julien Neiertz, son cofondateur, tous, y compris les acteurs de l’ESS, doivent être imprégnés des dynamiques de changement que représente la construction métropolitaine ! »

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