La nouvelle présidente du groupe Changer Paris au sein du conseil municipal de la Capitale liste les risques que comporterait une réforme de la loi PLM dissociant les élections des maires d’arrondissement de celle du maire de Paris.
Quelle est votre position sur la réforme de la loi PLM ?
En tant que nouvelle présidente du groupe Changer Paris, j’ai lancé une concertation sur ce sujet auprès des 53 membres de notre groupe et nous affinerons notre position pour la mi-mars. Je consulte les maires d’arrondissement et aussi les parlementaires pour dégager une position commune. Hélas, nous n’avons pas connaissance du texte qu’entend proposer le gouvernement. En attendant, je souhaite rappeler que les arrondissements disposent aujourd’hui de pouvoirs certes limités mais réels. J’ajouterais que Gaston Defferre, alors maire de Marseille et ministre de l’Intérieur, avait tout de même quelques arrière-pensées politiques en portant la loi PLM en 1982, comme dans toute loi qui touche au mode de scrutin. A l’époque, il s’agissait d’aller dans le sens de la décentralisation, mais aussi de tenter de stopper l’ascension de Jacques Chirac.
Faut-il conserver les arrondissements ?
Les Parisiens sont très attachés à la déconcentration actuelle, au fait de disposer au plus près d’eux d’un maire d’arrondissement qui gère un certain nombre de sujets. Il suffit d’être sur le terrain pour le constater. Les gens ne s’adressent jamais à la maire de Paris pour une question les concernant en bas de chez eux ou dans leur quartier. Ils s’adressent à leur maire d’arrondissement. Nous serons donc vigilants pour que cette réforme n’aboutisse pas à la suppression des arrondissements. Le président de la République juge qu’il faut que les Parisiens puissent élire leur maire de la même façon qu’ailleurs en France. J’ajouterais simplement, au passage, qu’aucun maire n’est élu directement par ses électeurs mais que, partout, les maires sont élus par leur conseil municipal.
Que pensez-vous de l’idée d’une double élection, pour les maires d’arrondissement d’une part et le maire de Paris d’autre part ?
Cela présente le risque d’aboutir à affaiblir très fortement le pouvoir des maires d’arrondissement. Car aujourd’hui, les deux systèmes, Conseil de Paris et conseils d’arrondissement, ne fonctionnent pas de façon parallèle, en s’ignorant, mais sont organiquement liés.
Estimez-vous que les Parisiens ne savent pas pour quel maire de Paris ils votent lorsqu’ils votent dans leur arrondissement ?
Bien au contraire. Si lors du prochain scrutin, deux personnalités du niveau d’Anne Hidalgo et de Rachida Dati s’affrontent, personne ne l’ignorera.
Excluez-vous que la maire de Paris passe le relais à son premier adjoint Emmanuel Grégoire ?
Je n’exclus rien, d’autant que cela ne relève en rien de moi. Mais je constate que, depuis quelques mois et encore davantage depuis le début de l’année, Mme Hidalgo manifeste de nouveau un grand intérêt pour les dossiers parisiens.
Qu’est-ce qui motive selon vous les promoteurs de cette réforme ?
Le parti présidentiel ne compte que très peu d’élus au sein au Conseil de Paris. Ses représentants ont donc tout intérêt à modifier le système. Renaissance a intérêt à tenter de conquérir la mairie de Paris sans passer par la base, mais en arrivant par le haut. Moi, je n’ai pas envie que, par exemple, tout le travail effectué dans le 17e par le maire d’arrondissement Geoffroy Boulard disparaisse.