Assises du Grand Paris – Vers un baromètre de la décarbonation francilienne (2/3)

Les intervenants de la matinée énergie des Assises du Grand Paris ont lancé le chantier d’un baromètre de la décarbonation de l’Ile-de-France, dont les premiers indicateurs seront dévoilés le 28 novembre prochain, lors de la journée conclusive des Assises.

Bâtir un baromètre de la décarbonation francilienne. C’est un des objectifs cardinaux de l’édition 2024 des Assises du Grand Paris, organisées en partenariat avec la Métropole du Grand Paris et de nombreux opérateurs. Mardi 30 avril 2024, lors de la matinée dédiée au thème de l’énergie, les intervenants ont lancé ce chantier. Christelle Insergueix, directrice de l’Arec Ile-de-France, qui orchestre le Réseau d’observation statistique de l’énergie et des émissions de gaz à effet de serre de la région Ile-de-France (Rose) – cofondé par la Région et l’Etat -, a décrit le fonctionnement de cet outil de référence qui sert à la fois à mesurer la consommation d’énergie, la production d’ENR et les émissions de gaz à effet de serre des différents secteurs de l’économie francilienne. La granulométrie du Rose permet de descendre jusqu’à l’échelle communale, offrant aux collectivités territoriales des données précieuses pour bâtir leurs plans climat.

Christelle Insergueix, directrice de l’Arec Ile-de-France © Anh de France

A l’heure où la Région révise son schéma régional climat air énergie (SRCAE), Christelle Insergueix a souligné l’intérêt de disposer de données partagées et fiables afin d’articuler au mieux les différentes échelles de planification. La directrice de l’Arec Ile-de-France a rappelé la volonté du Rose de mesurer l’ensemble des émissions de GES, directes et indirectes (scope 1, 2 et 3). Elle a souligné la complexité de la production de ces datas, parfois sous-estimée, décrivant l’importance des moyens humains et techniques qu’elle met en œuvre, face à une demande de données toujours plus importante.

Bâtiments et mobilités, secteurs les plus émetteurs

Frédéric Courault, directeur délégué coordination et grands projets d’Enedis, a rappelé que l’électricité est décarbonée à 92 % en France en 2023 et que le bâtiment et les mobilités représentaient les deux secteurs les plus émetteurs en Ile-de-France.

Frédéric Courault, directeur délégué coordination et grands projets d’Enedis © Anh de France

Les indicateurs à mettre en place dans le cadre du baromètre de la décarbonation de l’Ile-de-France doivent donc permettre de mesurer les émissions de ces secteurs. Par exemple en suivant l’évolution de la consommation auprès des installations de recharge des véhicules électriques (IRVE).

Le directeur délégué coordination et grands projets d’Enedis a décrit la mobilisation des 40 000 salariés d’Enedis dans le chantier colossal du raccordement des sites de production d’ENR au réseau. Un réseau qui est un des meilleurs au monde, et qui relativise la nécessité d’une indépendance énergétique régionale. Il a évoqué les travaux à venir du Comité régional de l’énergie, qui doit contribuer à l’identification des zones d’accélération des énergies renouvelables (ZAEN), issues de la loi éponyme. Frédéric Courault a souligné également l’engagement d’Enedis dans l’open data, notamment grâce aux données récoltées par les compteurs Linky.

Massifier les projets d’ENR

Thomas Bonhoure, directeur général d’Ile-de-France énergies et territoires, filiale d’Ile-de-France investissements et territoires a décrit l’ADN de cette structure récente, qui vise à « débloquer » des projets de production d’ENR, à permettre leur massification « en complémentarité de la politique de subvention de planification de la Région », notamment compte tenu de la raréfaction des fonciers disponibles. Il  a présenté le rôle de tiers de confiance que peut jouer Ile-de-France énergies et territoires auprès d’acteurs confrontés à la variabilité des prix, dans une monde de l’énergie mouvant, complexe et parcellisé.

Thomas Bonhoure, directeur général de la filiale Île-de-France Energies et Territoires © Anh de France

Cette structure intervient en fonds propres, en articulation avec sa « maison-mère » qui œuvre, elle, en particulier sur l’efficacité énergétique des bâtiments des sociétés qu’elle accompagne. Thomas Bonhoure a souligné l’intérêt d’un indicateur tel que le nombre de m2 par kilowattheure d’ENR produite, évoquant aussi la nécessité de mettre en place des indicateurs extra-financiers prenant par exemple en compte la préservation de la biodiversité. Il est revenu sur l’importance accordée par le conseil régional d’Ile-de-France à la question sociale, rappelant les propos récents de Valérie Pécresse qui a regretté le dumping pratiqué par la Chine sur la production des panneaux photovoltaïques, assis notamment sur du travail forcé.

« Sobriété subie »

Séverine Laurent, directrice affaires publiques Ile-de-France de RTE, a évoqué quant à elle les schémas régionaux de raccordement au réseau des énergies renouvelables (S3RENR) prochainement révisés et mis en ligne avec les objectifs du SRCAE. Elle a estimé à son tour que décarbonation rimait largement à ses yeux avec électrification. Elle a souligné l’intérêt de mettre en place des indicateurs mesurant l’efficacité énergétique des bâtiments. La directrice affaires publiques Ile-de-France de RTE a également évoqué une « sobriété subie », celle liée à des fermetures d’usines dont l’activité est délocalisée dans des pays moins exigeants sur la neutralité carbone, soulignant à son tour la pertinence de mesurer tous les types d’émissions (scope 1, 2 et 3).

Séverine Laurent, directrice affaires publiques Île-de-France de RTE © Anh de France

Séverine Laurent a évoqué la développement effréné des datacenters, soulignant l’intérêt d’indicateur favorisant une approche multicritères pour décider de l’attribution des fonciers, celle-ci ne devant pas forcément être emportés par les mieux-disants financiers.

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