Assises du Grand Paris – Ces innovations qui réinventent la production locale d’énergie (3/3)

Gaz vert, biocarburant, géothermie… Les intervenants de la dernière table-ronde de la matinée du 30 avril des Assises du Grand Paris ont échangé autour des innovations qui disruptent les différents types d’énergie dans la région Capitale.

Dans le panorama des énergies, de nombreuses innovations présentent un potentiel tout particulier en Ile-de-France. Des modes de production alternatifs se dessinent, à l’instar de la pyrogazéification, comme l’explique Florence Mourey, directrice adjointe de GRDF Ile-de-France, lors de la dernière table-ronde de la matinée des Assises du Grand Paris, 30 avril 2024 à la Maison des travaux publics (Paris 8e arr.) : « Cette méthode vise à produire du gaz vert grâce à un traitement thermique des déchets de matières comme le bois sec, le plastique et le caoutchouc, à haute température. Comme toujours, il faudra travailler les freins législatifs et réglementaires ainsi que l’encadrement tarifaire, mais la pyrogazéification constitue une voie intéressante pour des déchets pas toujours bien valorisés… »

Florence Mourey, directrice adjointe de GRDF Ile-de-France. © Anh De France

Autre procédé de production innovant : la gazéification hydrothermale. « Imaginez une cocotte-minute mettant des déchets humides ou liquides sous pression », résume la directrice adjointe de GRDF Ile-de-France. Très répandue au Japon, cette méthode serait prête à émerger en France. « Plusieurs industriels et collectivités prévoient de se lancer. 10 TW/h produits à horizon 2030 seront issus de pyrogazéification ou de gazéification hydrothermale », conclut Florence Mourey en indiquant par ailleurs que le Cercle francilien des nouveaux gaz verts, lancé le 15 mai prochain, favorisera l’émergence de ces projets sur le territoire.

Valoriser le potentiel de gaz renouvelable

En vue de contribuer à un modèle énergétique plus flexible, le rebours constitue une autre solution technique intéressante. « Là où un volume en excès est constaté, il y a un risque de saturation. Avec le rebours, ce surplus est mobilisé vers le réseau de transport de gaz puis acheminé là où les besoins sont plus importants, dans les territoires voisins », expose Nadjma Ahamada, adjointe au délégué territorial Val de Seine de GRTgaz. A l’échelle francilienne, deux stations de rebours sont pour l’instant en service en Seine-et-Marne. Une troisième devrait voir le jour près d’Etampes (Essonne). Depuis sa mise en service en 2021, l’unité de Marchémoret (Seine-et-Marne) aurait permis de faire remonter 100 GW/h de biométhane, soit l’équivalent de 2 000 lignes de bus roulant au bioGNV. « Cette solution participe à une meilleure connexion entre production et besoins », affirme Nadjma Ahamada.

Nadjma Ahamada, adjointe au délégué territorial Val de Seine de GRTgaz. © Anh De France

La géothermie, une énergie mature en Ile-de-France

L’Ile-de-France peut en outre compter sur ses nappes pour développer la géothermie profonde et de surface. La première alimente le réseau de chaleur local à l’échelle d’une collectivité, tandis que la seconde couvre les besoins d’un quartier ou d’un immeuble également en matière de fraîcheur, comme cela est le cas du quartier Pleyel et du Village olympique, alimentés en chaud et en froid par ce biais. « En géothermie de surface, on va chercher de la tiédeur. Pour le chaud, la géothermie est associée à une pompe à chaleur afin de rehausser la température », explique Matthieu Mefflet-Piperel, référent géothermie de surface Ademe Ile-de-France.

« La Banque des territoires est très investie sur ce type d’énergie mature, dont on connait bien le fonctionnement », fait valoir Richard Curnier, son directeur régional en Ile-de-France. « La géothermie profonde suppose en effet des investissements importants qui s’amortissent sur 40 ans. S’agissant de la géothermie de surface, la Banque des territoires investit aussi avec des opérateurs et mobilise des fonds propres. »

Matthieu Mefflet-Piperel, référent géothermie de surface Ademe Ile-de-France. © Anh De France

Richard Curnier, directeur régional Ile-de-France de la Banque des territoires. © Anh De France

Mettre à profit la chaleur fatale des datacenters

Pour Pierre Monin, délégué territorial Ile-de-France d’Engie, la chaleur fatale représente un gisement intéressant à exploiter. « On la retrouve surtout dans les datacenters, dont l’installation est exponentielle. Leur consommation en Ile-de-France équivaut à celle de la ville de Paris ! » Récupérer la chaleur que ces infrastructures émettent apparaîtrait donc particulièrement judicieux. A Saint-Denis, cette méthode permet en effet au datacenter d’Equinix (installé depuis le mois de juin 2022) d’alimenter le réseau de chaleur de Plaine Commune et de couvrir une partie importante des besoins en chaud de la ZAC de la Plaine Saulnier ainsi que du Centre aquatique olympique.

Pierre Monin, délégué territorial Ile-de-France d’Engie. © Anh De France

Sur le même sujet

Top