Yvelines : développer le potentiel de l’axe Seine

Si le sud du département bénéficie de la présence d’une partie du plateau de Saclay, l’énorme potentiel autour de l’axe Seine rééquilibre les dynamiques. L’arrivée du RER E en 2022, à Mantes-la-Jolie, devrait également renforcer l’attractivité de ce territoire au patrimoine culturel important.

Avec 1,4 million d’habitants, le département est le plus peuplé de grande couronne. Il est toutefois composé, à 80 %, d’espaces naturels et agricoles. Lors de sa réélection à la tête du conseil départemental le 2 avril 2015, Pierre Bédier (LR) affirmait que, « dans les Yvelines, à la fracture territoriale et sociale classique entre le nord du département – cruellement impacté par la désindustrialisation et les blessures urbaines passées – et l’ensemble du territoire – traditionnellement plus homogène et plus résistant aux effets des crises économiques – est venue s’ajouter une seconde fracture entre espace urbain et espace rural. »

Le département présente deux territoires où l’industrie, notamment automobile et aéronautique avec la présence des pôles de compétitivité ASTech et Moveo, est particulièrement développée : celui, historique, de Seine Aval et celui, plus récent et lié à la création de la ville nouvelle, de Versailles et Saint-Quentin-en-Yvelines. Ce dernier bénéficie actuellement de la présence d’une partie de l’opération d’intérêt national (OIN) Paris-Saclay, source de nombreux projets sur le quartier de Satory. La dimension R&D y est forte avec les centres de recherche de Renault et de Peugeot, ainsi que la présence d’Airbus, Safran, Thalès, etc.

Vue du quartier Versailles-Satory.

Vue du quartier Versailles-Satory. © Epaps

Mais Seine Aval, sur lequel une OIN est également en cours, n’a pas dit son dernier mot. « Avec la nouvelle intercommunalité, ce territoire est en train de s’organiser », observe Gérard Bachelier, président de la CCI des Yvelines. Avec la présence des usines de Renault et Peugeot, un cluster de l’automobile est en projet dans ce secteur. La communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise entend également profiter des nombreux projets autour de l’axe Seine pour se développer.

Tourisme fluvial

En effet, l’axe fluvial suscite de nombreux intérêts. Les présidents des départements traversés par le fleuve veulent porter des ambitions communes, tandis que les chambres de commerce ont créé une association pour faire de même. Pierre Fond, président de la communauté d’agglomération Saint-Germain Boucles de Seine, « croit beaucoup à l’axe Paris-Le Havre. Il pourrait permettre à des projets très différents d’émerger en matière de transport, d’industrie ou de tourisme ». La CCI des Yvelines a d’ailleurs été retenue en juin 2015, dans le cadre de l’appel à projets ministériel « structuration de pôles touristiques territoriaux (Spott) », afin de porter une animation collective autour du fleuve pour en faire une destination d’excellence. Une soixantaine de communes, une quinzaine d’intercommunalités et le Département y participent. Le territoire des impressionnistes par exemple, à proximité de Saint-Germain-en-Laye, souhaite ainsi retrouver son attractivité d’antan. « Des bateaux de croisière pourraient naviguer sur la Seine et on pourrait, au-delà des atouts déjà exploités, créer un tourisme industriel autour des anciennes usines, considère Gérard Bachelier. Le projet fait tache d’huile et pourrait s’étendre jusqu’au Havre dans le cadre de l’association Paris Seine Normandie, portée par les CCI d’Ile-de-France et de Normandie. »

Arnaud Bazin, Président du Conseil départemental du Val d’Oise, Sébastien Lecornu, Président du Conseil départemental de l’Eure, Marie-Célie Guillaume, Vice-présidente du Conseil départemental des Yvelines, Pascal Martin, Président du Conseil départemental de la Seine-Maritime, et Patrick Devedjian, Président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, présentent de leur initiative conjointe en faveur du développement de l’Axe Seine. © CDVO

Arnaud Bazin, Président du Conseil départemental du Val d’Oise, Sébastien Lecornu, Président du Conseil départemental de l’Eure, Marie-Célie Guillaume, Vice-présidente du Conseil départemental des Yvelines, Pascal Martin, Président du Conseil départemental de la Seine-Maritime, et Patrick Devedjian, Président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, présentent de leur initiative conjointe en faveur du développement de l’Axe Seine. © CDVO

L’axe devrait gagner en importance avec l’achèvement du Port Seine métropole ouest, qui se veut « la pierre angulaire du secteur de la construction au sein de la future métropole », signale la préfecture d’Ile-de-France. Les carrières de granulat d’Achères faisant partie intégrante du site, certains matériaux pourraient être acheminés par le fleuve et les déblais également évacués par ce biais. Une desserte ferroviaire dédiée au fret, parallèle au RER A, pour desservir ce port est également en réflexion.

Des transports prolongés

Afin de mieux relier le territoire à la métropole, les Yvelinois attendent surtout la mise en service de la prolongation du RER E (Eole), avec 13 nouveaux arrêts et 55 km de voies supplémentaires, devant relier la gare Saint-Lazare à La Défense en 2022 et à Mantes-la-Jolie en 2024. Le calendrier pourrait toutefois être décalé en raison d’un financement qui a tardé à être bouclé. Ce projet pourrait avoir pour effet de délester utilement le RER A, dont l’efficience est souvent critiquée.

En attendant l’arrivée, à l’horizon 2030, de la ligne 18 du Grand Paris express à Versailles-Chantiers (en provenance d’Orly), l’autre grand projet de transport du département est celui de la Tangentielle ouest. Ce tram-train, en service depuis 2004 entre Saint-Germain et Noisy-le-Roi, doit être prolongé au sud vers Saint-Cyr (phase 1) et au nord jusqu’à Achères (phase 2). Les 15 stations sur 28 km de tracé doivent permettre de nombreuses correspondances avec les lignes A et C du RER et différents Transiliens. Les travaux pour la phase 1 doivent débuter cette année, en vue d’une mise en service mi-2020. A la suite d’un changement de tracé à Poissy, la phase 2 devrait faire l’objet d’une enquête publique complémentaire en 2017, et le reste du calendrier sera déterminé à l’issue de nouvelles études. Lors de sa réélection, Pierre Bédier a déclaré vouloir « soutenir et accompagner les grands projets d’infrastructures comme Eole, la Tangentielle, le canal Seine Nord Europe en anticipant leurs impacts sur le tissu urbain et les réseaux existants, pour aider au développement économique ».

La requalification de la RN10 – axe majeur pour la traversée nord-sud des Yvelines où le trafic est dense – est par ailleurs en cours, afin de réaliser une succession de trois couvertures sur la RN10 dans la traversée de Trappes. Ces travaux favoriseront un important projet d’aménagement du plateau urbain permettant la « couture » des quartiers nord de Trappes avec le centre-ville, ainsi que la création de logements et d’activités économiques à La Verrière. Des chantiers majeurs, tant pour bâtir du tertiaire que de l’habitat, sont aussi lancés ou programmés en de nombreux points du territoire, du quartier de Satory à Versailles jusqu’à Mantes-la-Jolie, en lien avec les axes de développement du département. Les deux établissements publics d’aménagement (EPA) – Paris-Saclay et Seine Aval – ainsi que les autres acteurs de l’aménagement des Yvelines ne manquent pas de projets d’envergure.

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