La transhumance urbaine ovine organisée par Enlarge your Paris, en collaboration avec l’association Clinamen et la coopérative Bergers urbains, faisait halte le 10 juillet 2019 au Parc des Cormailles (Ivry-sur-Seine). L’occasion pour l’organisateur Vianney Delourme de détailler ce projet « agri-culturel ».
« Le but était de montrer le plus beau du Grand Paris en termes de paysage et d’avoir le parcours le plus bienveillant pour les moutons », explique Vianney Delourme, co-fondateur d’Enlarge your Paris et co-organisateur avec la métropole du Grand Paris des douze jours de la transhumance urbaine organisée du 6 au 17 juillet.
Le troupeau faisait halte le 10 juillet sur les pelouses du Parc des Cormailles (Ivry-sur-Seine). Cet évènement mêlant béton parisien et élevage pastoral est l’aboutissement « de plus d’un an travail, de dossiers, de réunions, souligne-t-il, d’autant plus qu’il a fallu convaincre tous les maires, les conseillers départementaux », ajoute-t-il.
Le parcours dessiné par Vianney Delourme au terme des rencontres agricoles du Grand Paris couvre 35 communes sur 6 départements : « on va des murs à pêches de Montreuil au château de Versailles en passant par les jardins partagés d’Arcueil et le bois de Boulogne ». Le troupeau de moutons appartient à Clinamen, « association paysanne défendant la qualité alimentaire et les pratiques d’élevages dignes », partenaire de la coopérative Bergers urbains.
Un parcours grand-parisien
« Nous avons donné rendez-vous aux marcheurs le 6 juillet devant la basilique Saint Denis, un endroit assez emblématique pour démarrer une transhumance dans le Grand Paris », commente-t-il. C’est en effet sur le parvis de cette cathédrale que se trouvait un des plus grand marché médiéval de moutons. Après une nuit de camping au parc de la Villette c’est vers la porte de Pantin que se dirige la compagnie suivant le canal de l’Ourcq. Là, une étape est prévue aux Magasins généraux, « centre de création qui participe à l’énergie et à l’émergence du Grand Paris » par la culture, des rencontres, des expositions ou des festivals. L’aventure pastorale se poursuit par l’ascension de la colline du plateau de Romainville et sur la Promenade des hauteurs, boucle verte d’un total de 45 km reliant plusieurs parcs municipaux.
« Nos objectifs sont d’emprunter et de brouter tous les espaces verts du Grand Paris », poursuit Vianney Delourme.
Quand le cortège arrive au Parc Lucie Aubrac des Lilas, plus de 300 enfants de centres de loisir attendent son arrivée. « A chaque étape on rencontre des élus, des acteurs de l’agriculture urbaine ou des éleveurs urbains », explique le cofondateur d’Enlarge. L’aventure se poursuit par l’étape attendue de l’école d’horticulture du Breuil située dans le bois de Vincennes et créée par Alphand, ingénieur sous Napoléon III. « Il ne faut pas oublier que c’est à cette époque que Paris se dote d’espaces verts », rappelle le berger éphémère.
« Un pied de nez à la domination automobile »
L’organisateur de la déambulation explique les bénéfices d’un tel projet : « Quelques personnes contestent la légitimité de l’élevage en ville donc c’est aussi l’occasion de discuter de la notion très culturelle de nature ». En plus de l’aspect pédagogique, une telle démarche valorise le métier de berger urbain, argue-t-il. Ceux-ci sont venus de Lyon, de Marseille et de Bruxelles pour escorter les ovins et participer à ce « festival agri-culturel ».
Marianne, ancienne juriste et bergère depuis deux ans à Marseille, explique la raison de sa présence : « On a perdu le sens de la bonne bouffe avec la grande distribution, les gens ne savent même plus comment on produit de la viande ». Cette jeune bergère qui revendique un élevage raisonné et respectueux s’occupe de troupeaux dans les Alpes et les emmène parfois brouter dans l’agglomération de Marseille.
L’événement se clôturera le 17 juillet au Parc des rives de Seine: « Aller finir sur les voies sur berges c’est comme un pied de nez à la domination automobile du XXème siècle », conclut Vianney Delourme.