Start-upers et grands groupes imaginent les infrastructures de demain

Les aéroports parisiens comme lieux de vie, des voies ferrées intelligentes ou le devenir des infrastructures après le Grand Paris express : autant d’hypothèses et de projets dont ont débattu des acteurs de l’innovation de grands groupes et de start-up lors d’un afterwork organisé par la société BulldozAir le 16 janvier 2018 à Paris.

Au sujet du Grand Paris express, Olivier Lépinoy, qui dirige les projets innovants et smart city pour IBM, ne peut que constater les bouleversements déjà en cours, lui, l’instigateur des conférences « Quel Grand Paris ? » lancées dès 2009. A l’époque, « on parlait beaucoup du Grand Paris dans la presse, mais il n’y avait rien à voir », se souvient celui qui, désormais, échange constamment avec de grandes entreprises du BTP autour du futur métro. « Ils sont à fond dans l’innovation, ils nous demandent comment on peut optimiser un tunnelier par le big data, comment connecter les immeubles entre eux pour en faire du business, nous les aidons, et eux derrière construiront des infrastructures plus intelligentes. »

De g. à dr. : Thomas Le Diouron, fondateur de l’incubateur Impulse Partners, Sébastien Couturier, directeur de l’innovation d’ADP, Jean-Jacques Thomas, directeur de l’innovation de SNCF réseau. ©JGP

Stéphane Kirkland, city executive Paris chez Arcadis, voit dans les grands travaux des transports franciliens « l’immense innovation dans le projet lui-même », attestant que les visiteurs étrangers « s’intéressent moins au projet technique que ce qu’il apporte à la région en matière de politiques urbaines ». En termes d’ingénierie, « nous sommes de plain-pied dans la donnée […] et tout le monde pense en cycle de vie de l’actif, nous nous intéressons à la collecte de données pour de la maintenance préventive et intelligente ».

La donnée pour l’efficience des infrastructures

Car il est beaucoup question de données au cours des échanges, que la plupart des intervenants estiment indissociables de la réflexion et la concrétisation des infrastructures du futur. Mais il est aussi question d’innovation dans le chantier même du Grand Paris express, comme l’atteste Arnaud Pacheco, chef de projet innovation à Explolab, cabinet de consultants associé à la Société du Grand Paris dans son programme d’innovation. Cela passe notamment par la trouvaille « d’opportunités pour mieux gérer les déblais [que l’on estime à 45 millions de tonnes], les transformer peut-être en terres fertiles, mieux les transporter ».

La SNCF a déjà fait entrer les drones dans ses équipes, tandis que des capteurs sont installés sur les voies ferrés. © DR

S’il paraît plus simple d’envisager de multiples innovations sur un chantier naissant, partant de zéro, qu’en est-il des infrastructures existantes, voire anciennes, à l’image des milliers de kilomètres de voies ferrées de la SNCF ? Selon Jean-Jacques Thomas, directeur de l’innovation chez SNCF réseau, l’établissement public est confronté à « un réseau vieillissant, vraiment vieillissant, qu’il faut rénover, régénérer en parallèle avec une demande croissante d’augmentation des usages ».

Fort de ce constat, il souligne la nécessité de « régénérer en installant de nouveaux systèmes » et « d’embarquer tout le monde dans cette transformation, les petites innovations de chacun importent, chacun est mieux placé pour savoir ce qu’il veut changer dans son quotidien […] ce genre de petites briques qui ne rentrent pas dans les programmes industriels ».

Les infrastructures aéroportuaires, espaces publics de demain ?

Pour ses opérations de surveillance et de maintenance, la SNCF a déjà fait entrer les drones dans ses équipes, tandis que des capteurs sont installés sur les voies ferrées pour effectuer les relevés de température en saison estivale afin d’éviter les risques de surchauffe. Jean-Jacques Thomas se plaît déjà à imaginer « qu’un jour, on n’aura peut-être même plus besoin de capteurs ».

Chez son concurrent aérien, Aéroports de Paris, l’ambition est de faire naître en France « l’aéroport le plus innovant du monde », selon les mots de son directeur innovation Sébastien Couturier. Dans une démarche participative, le groupe ADP va bientôt dévoiler les résultats du programme « Play your airport », qui invite voyageurs, étudiants et start-up à repenser l’expérience client dans l’aéroport de demain. « Nous sommes au début de l’histoire, mais transformer les aéroports de Paris en lieux de vie est une question essentielle », plaide ce dernier, tout en rappelant l’époque des Terrasses d’Orly, dans les années 1960: elles offraient un panorama du bal des avions à ses visiteurs qui ne venaient pas forcément pour en prendre un.

Auteur

Sur le même sujet

Top