Sdrif-e (1/7) : Dans les Hauts-de-Seine, les orientations suscitent des réactions contrastées

Le schéma directeur de la région Ile-de-France environnemental (Sdrif-e) planifie l’aménagement régional pour les décennies à venir. Revue des principaux sujets par département contenus dans le projet dévoilé le 3 avril dernier par le conseil régional. Avec une pléthore de projets de transports, le département alto-séquanais voit l’avenir de son aménagement territorial intimement lié aux prolongements des lignes, mais aussi à la sanctuarisation des fonciers industriels. Pour les Hauts-de-Seine comme pour nombre de départements franciliens, le logement constitue la préoccupation principale des élus qui devront composer avec les normes environnementales.

A l’ouest de la Capitale, les projets en matière de transport abondent. Entre surcoûts et retards, le très attendu prolongement du RER E à Nanterre connaît de nombreux contretemps. Pour autant, le tronçon reliant Saint Lazare à la nouvelle gare de La Folie devrait ouvrir en 2024. « En 2023, la ligne 18 sera notre grand sujet, notre plus grand sujet », faisait valoir Georges Siffredi, président du conseil départemental des Hauts-de-Seine lors des vœux formulés conjointement avec les Yvelines au mois de janvier.

Georges Siffredi. © Jgp

Après 2030, la ville de Nanterre se verra en effet desservie par le Grand Paris express : longue de 35 km, la ligne 18 y sera prolongée depuis Versailles, en passant par Rueil-Malmaison. De quoi affiner un peu plus le maillage de transports et pallier les besoins des habitants d’un des départements les plus denses de France. Les concertations menées autour du Sdrif-e ont également retenu le prolongement du tramway T1 vers Nanterre, ainsi que plusieurs principes de liaison prévues dans les Hauts-de-Seine : ligne 4 à Châtenay-Malabry, ligne 3 à Bécon-les-Bruyères, ligne 1 à Nanterre, la ligne 2 de Porte Dauphine à Rueil/Suresnes et ligne 12 à Meudon.

Le maire (PCF) de Gennevilliers, Patrice Leclerc, note cependant que la proposition de prolongement de la ligne 4 à Villeneuve-la-Garenne n’a pas été retenue, de même que le prolongement de la ligne 13 jusqu’au port. Côté mobilités douces, le département des Hauts-de-Seine sera en outre traversé par une dizaine de lignes du futur réseau Vélo Ile-de-France. Un point que le Sdrif n’a pas manqué de mettre en lumière.

Maintenir des activités productives

Le développement économique apparaît aussi au nombre des enjeux mis en exergue par les orientations du Sdrif-e dans les Hauts-de-Seine. Face à sa raréfaction, une meilleure maîtrise du foncier économique permettrait au territoire de s’assurer de sa préservation, de sa qualité et de sa disponibilité afin de soutenir la présence d’activités productives.

Patrice Leclerc. ©Jgp

« Nous sommes pour la sanctuarisation du foncier du Port de Gennevilliers en termes de logistique. Mais il faudrait également sanctuariser la zone d’activité économique. On ne peut pas vouloir sauvegarder l’emploi et arrêter l’artificialisation si on ne sanctuarise pas aussi les zones d’activités économiques dans la métropole du Grand Paris », considère Patrice Leclerc. La sanctuarisation du secteur d’Antonypôle et de sa gare du Grand Paris express constitue un autre enjeu stratégique alors que ce territoire d’une petite cinquantaine d’hectares vise à devenir d’ici 2035 un nouveau quartier mixte accueillant logements et entreprises.

La construction de logements pénalisée ?

Comme pour nombre de territoires, le logement cristallise les frustrations des élus alto-séquanais. « Il semblerait que le Sdrif-e aille au-delà des périmètres PPRI (Plan de prévention des risques d’inondation). Il pourrait y avoir contradiction entre l’objectif de construction de 70 000 logements par an et l’élargissement de ces zones », prévient Patrice Leclerc. Quand certains élus pointent le seuil de 30 % de logements sociaux en accusant la Région de participer à la pénurie, d’autres considèrent les fameux 30 % de pleine terre comme une énième charge venant alourdir la tâche déjà ardue des collectivités en matière de construction. « On impose aux maires des chiffres et des normes qui rendent l’équation de la densification impossible à résoudre ! », déplore Pierre-Christophe Baguet, président de Grand Paris Seine Ouest et maire (LR) de Boulogne-Billancourt. 

Difficile à ce stade pour le Sdrif-e de faire l’unanimité dans les Hauts-de-Seine tant le paysage politique y est varié. Si l’on s’y accorde toutefois à reconnaître l’importance de la préservation environnementale, une crainte subsiste : un tel schéma permettra-t-il de répondre aux injonctions ? Communes et Établissements publics territoriaux ont jusqu’au mois de juin pour analyser le dossier, mener la concertation et rendre leur copie. Patrice Leclerc l’admet : « le calendrier est un peu serré ».

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