Révision du Sdrif : les enjeux d’une annonce inattendue, par Me Ivan Itzkovitch

L’annonce de Valérie Pécresse, dans le cadre de la COP Ile-de-France le 17 septembre 2020, de lancer la concertation pour la révision du schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif) est passée presque inaperçue. Et pourtant.

Valérie Pécresse le sait : les 10 milliards d’euros annoncés d’ici à 2024 ne suffiront pas pour faire de la région francilienne une région « Zan, Zen et circulaire ». De fait, la majorité des 192 propositions de la COP francilienne nécessite une adaptation des orientations du Sdrif pour être mises en application. Sans révision des règles actuelles, la désimperméabilisation des sols ou encore la création d’un cinquième parc naturel régional demeureront au rang des belles intentions. Une révision pourrait également permettre d’inclure dans le Sdrif les quartiers de gares du Grand Paris express, « qui n’y figurent toujours pas », ironise-t-on du côté des urbanistes experts de la planification.

Me Ivan Itzkovitch, avocat associé Bourgeois Itzkovitch. © Jgp

Pour rappel, le Sdrif constitue un document de planification stratégique. Il a pour objectif de maîtriser la croissance urbaine et démographique, l’utilisation de l’espace tout en garantissant le rayonnement international de la région. Le Sdrif actuel, intitulé « Ile-de-France 2030 » avait été élaboré et approuvé en 2013 par la précédente majorité régionale présidée par le socialiste Jean-Paul Huchon. Il a depuis fait l’objet de plusieurs bilans de mise en œuvre, dont le dernier en mars 2019 publié par l’Institut Paris Région, qui avait assuré la maîtrise d’œuvre de la révision du schéma directeur et qui est chargé de sa mise en œuvre et de son évaluation.

Le risque de rouvrir la boite de pandore entre strates

Alors que l’élaboration du Scot de la métropole du Grand Paris, document de rang inférieur dans la hiérarchie des règles de planification urbaine, a été retardée par des difficultés de gouvernance, la ville de Paris paraît pour le moment indifférente à la démarche régionale, étant traditionnellement peu impactée par le Sdrif.

Mais lancer la révision du Sdrif, c’est aussi prendre le risque de rouvrir la boîte de pandore entre la Région et les autres collectivités franciliennes (Départements, ville de Paris, EPCI, …), tant on sait que certains sujets tels que la densification urbaine, la création des zones d’activité ou encore la protection des terres agricoles cristallisent les clivages politiques et territoriaux. D’ailleurs, les écologistes, pour leur part, ne cachent pas leur scepticisme : « N’oublions pas que c’est ce Sdrif « Huchon » qui a permis l’existence du projet EuropaCity », aiment-ils rappeler, avant que l’Etat ne décide de l’abandonner. Oubliant peut-être qu’à cette époque, les Verts faisaient partie de la majorité régionale…

Qu’à cela ne tienne ! Valérie Pécresse est visiblement prête à prendre ce risque, d’autant qu’il lui permet par la même occasion de réaffirmer le rôle de la Région comme pilote de la métropole francilienne. Cela en cohérence avec ce qui s’annonce comme l’axe central de la campagne de la présidente sortante : montrer que la Région pèse sur le quotidien des Franciliens, pour améliorer leur qualité de vie.

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