I. Itzkovitch : « L’après Covid-19 : un défi et une chance pour le Grand Paris »

« Cette crise révèle encore une fois, si tant est que cela soit encore nécessaire, que dans la zone dense francilienne, les grands enjeux doivent être abordés et planifiés à un niveau suffisamment élevé pour apporter une équité d’accès aux services publics de santé à tous les Grands Parisiens », estime Ivan Itzkovitch, en charge du schéma de cohérence territoriale (Scot) métropolitain et président du groupe UDI-UC à la MGP, dans une tribune.  

“Ce qu’on nomme la crise n’est que la longue et difficile réécriture qui sépare deux formes provisoires du monde.” Et si, paraphrasant Jacques Attali, cette crise était, à une autre échelle, celle qui permettra enfin de poser les bases d’un Grand Paris pertinent et capable d’améliorer la vie quotidienne des Grands Parisiens ? Celle qui sépare la forme ancienne de « club d’élus » ou de « conférence des parties » d’une forme nouvelle, pleinement décisionnelle ? Celle qui est le témoin de la pertinence des métropoles au XXIe siècle, comme l’Etat-nation le fût au XXe siècle, pivot d’une re-mondialisation à leur échelle ?

Ivan Itzkovitch, avec Daniel Breuiller et Eric Cesari. © Jgp

Cette crise révèle encore une fois, si tant est que cela soit encore nécessaire, que dans la zone dense francilienne, les grands enjeux doivent être abordés et planifiés à un niveau suffisamment élevé pour apporter une équité d’accès aux services publics de santé à tous les Grands Parisiens. Le virus, tout comme les particules fines, ne connaît pas les limites administratives des arrondissements, des communes, des EPT ou des départements. On ne peut que saluer les initiatives locales des différentes collectivités, au premier lieu desquelles les communes et leurs maires, pour venir en aide aux populations et aux soignants et les protéger contre la pandémie.

C’est l’occasion de promouvoir par des décisions politiques fortes une densité vivable, qui fasse la part belle à la pleine terre, à la nature au cœur de la ville, non plus comme des contingences mais comme des nécessités du développement urbain.

Pour autant, ces actions ne doivent pas masquer la nécessité de prendre dans les prochains mois des décisions stratégiques et normatives qui permettront d’accroître la résilience de la zone dense francilienne face à ce type d’événements. Il faudra nécessairement que les futures normes de planification stratégique (Sdrif, Scot, PLUI notamment) prennent toute la mesure de cette crise sanitaire pour enfin rendre opposable et impératif à tous les acteurs de l’aménagement du territoire francilien, y compris l’Etat, un maillage efficient et incontournable qui conditionne par exemple toute densification à l’existence d’infrastructures de santé publique, y compris de cabinets de médecins de ville.

Promouvoir une densité vivable

Dans ce quotidien de confinement, et sûrement dans celui de l’après-confinement, la ville du quart d’heure et la création d’un réseau « Vélopolitain » irriguant toute la zone dense urbaine n’ont jamais été aussi pertinents et nécessaires. Cette crise sanitaire, on le voit, touche durement les zones fortement urbanisées. C’est l’occasion de promouvoir par des décisions politiques fortes une densité vivable, qui fasse la part belle à la pleine terre, à la nature au cœur de la ville, non plus comme des contingences mais comme des nécessités du développement urbain.

Les plans d’action, de relance et le saupoudrage financier d’urgence ne peuvent qu’être des solutions de court terme qui n’auront un sens que s’ils sont les symptômes d’une prise de conscience plus profonde, permettant notamment de dépasser l’échelon communal de la proximité et de l’action immédiate pour un échelon plus stratégique capable, du fait de sa légitimité démocratique, de prendre des décisions applicables directement sur tout le territoire grand parisien, quel que soit son périmètre.

Chateaubriand écrivait que « les moments de crise produisent un redoublement de vie chez les hommes ». Espérons que cette crise produira un redoublement de volonté et de courage chez les décideurs actuels et futurs du Grand Paris.

Sur le même sujet

Top