Après La Seyne-sur-Mer, terre natale, les Pays de la Loire, terre d’élection, Mireille Ferri a accosté en Ile-de-France. La « gosse née dans les chantiers navals » tient désormais la barre de l’Atelier international du Grand Paris.
L’accent méridional – à peine émoussé – ramène à la rive, les origines d’une jeunesse passée dans le huis clos portuaire d’une ville du Sud-Est. Une jeunesse où l’indépendance et l’envie de s’extraire de son milieu « sans en avoir trop les moyens » se faisaient pressantes. Alors Mireille Ferri, 55 ans, est devenue institutrice avant même la majorité. « C’était possible à l’époque avec le concours général, explique-t-elle. C’était un métier non manuel assuré qui me permettait de lire. » Une émancipation par le savoir qui alimente son « appétit vorace » pour les choses de l’apprentissage et de la réflexion. Etoffant son parcours – au gré de cours du soir – d’un diplôme d’économie et d’histoire, elle n’a jamais cessé d’enseigner, à quelques intermèdes politiques près.
Car de son enfance baignée dans le syndicalisme ouvrier, elle garde le goût du militantisme. Plus libertaire que communiste, elle monte, début 1980, une radio libre, gravite dans le réseau… comme le Nantais Ronan Dantec qui deviendra « le père de ses enfants ». Elle met le cap vers l’Ouest. Le couple fait politique commune. Chez les Verts. Elle décroche son premier mandat au conseil régional des Pays de la Loire en 1992, puis un autre au conseil municipal de Nantes en 1995. Ses créneaux : transport et urbanisme. En 2003, après son deuxième mandat régional, elle décide de rejoindre Paris où elle sera élue, un an plus tard, au conseil régional francilien. En charge – notamment – de l’aménagement du territoire, elle a pour mission d’élaborer le Schéma directeur d’Ile-de-France (Sdrif). Lourde mission à l’heure où le président de la République nomme un secrétaire d’Etat au Développement de la région capitale. « Nos visions ne pouvaient pas être plus à front renversé, se souvient celle qui avait fait le choix de faire passer le social et l’environnemental avant la compétitivité économique. Sans renforcement de la cohésion sociale au sein d’une région, aucun système ne résiste ! »
De la Région à la métropole
Lorsqu’en 2008, la consultation internationale du Grand Paris a été lancée, « je représentais le conseil régional au sein du comité de pilotage. On reprochait à la Région de jouer petit bras, rapporte-t-elle. Sauf que l’époque n’était pas aux grands gestes mais à l’adaptation. Le plus grand des défis, c’était de partir de l’existant pour le transformer. Et c’est là-dessus que nos vues ont fini par converger avec les équipes d’architectes de la consultation », raconte-t-elle, encore enthousiasmée par ces quelques mois d’une « rare intensité intellectuelle ». Quand l’AIGP, créé pour poursuivre les réflexions menées par les architectes, urbanistes et chercheurs lors de la consultation, s’est cherché un nouveau directeur, Mireille Ferri, alors professeure associée en aménagement et en urbanisme à La Sorbonne et vice-présidente de l’IAU, s’est mise sur les rangs. « J’ai défendu cette idée du double rendez-vous de la COP21 et, 15 jours après, de la mise en place de la métropole. »
Nommée à l’automne 2014, la nouvelle directrice planche depuis sur cet agenda liant transition écologique et émergence métropolitaine. « Nous allons également monter en puissance sur l’international et sur ces deux questions : le positionnement économique de la métropole dans son rayonnement, et le fait culturel au sens de fabrication de valeurs communes. Performance ne va pas sans solidarité », insiste celle qui voit l’AIGP comme « un creuset bouillonnant, éreintant. Il faut y aller à fond. » Contre vents et marées, le cap sera donc gardé…