Un atelier se tenait vendredi 7 avril 2023 à la mairie du 20e réunissant les différentes formations politiques du conseil municipal au sujet de l’aménagement très controversé de la Porte de Montreuil. Eric Pliez, maire du 20e, annonce que la Semapa va déposer le permis d’aménager. Les positions entre les socialistes et les communistes, d’une part, et les écologistes, d’autre part, se rapprochent mais la méfiance règne. François-Marie Didier, conseiller de Paris LR du 20e, dénonce pour sa part des postures politiciennes.
Les positions des socialistes et des communistes, favorables à un projet de réaménagement de la Porte de Montreuil d’ampleur, comprenant la couverture du périphérique, la construction d’immeubles, notamment pour loger le marché aux puces, et celles des écologistes, partisans d’un projet plus frugal se limitant à une végétalisation des lieux, se rapprochent mais semblent inconciliables. « On ne tombera jamais d’accord », confiait, en aparté, un élu vert, vendredi en fin de journée.
Le projet, adopté à l’unanimité du Conseil de Paris en décembre 2019, à l’exception de la représentante de LFI Danielle Simonnet, confié à Nexity par une concession d’aménagement signée avec la Semapa, prévoit la couverture du périphérique, la construction d’un immeuble-pont, ainsi que celle de plusieurs immeubles de bureaux, de coliving, commerces, etc., et d’une halle de deux niveaux destinée notamment à accueillir le marché aux puces.
En février dernier, les écologistes, désormais opposés au projet, rendent publique une contre-proposition : pour les élus Verts, la création de pistes cyclables et la plantation d’arbres suffirait à répondre aux aspirations des habitants. Une coulée verte est également prévue par ce projet le long des avenues Frachon et Gaumont, permettant d’étendre la ceinture verte et de relier la Porte de Montreuil au bois de Vincennes. Sans toucher au marché aux puces, « qui constitue l’âme des lieux », résume Émile Meunier, élu EELV de Paris, ni construire de bureaux ou d’hôtel.
L’immeuble-pont en question
« Si l’on ne couvre pas le périphérique, autant ne rien faire », répond alors Jacques Baudrier dans les colonnes du Journal du Grand Paris. Avant de qualifier « la posture des Verts » de « délirante, fatigante, cynique et méprisante pour les riverains ». Pour les Verts, c’est le coût de la couverture du périphérique, évalué à 70 millions d’euros, qui a amené la municipalité à concevoir un programme incluant une série de bâtiments destinés à générer les droits à construire dont la cession permettra de financer la couverture de l’anneau central.
Aujourd’hui, les positions évoluent, dans une recherche de convergence. Ainsi, les socialistes et les communistes seraient prêts à renoncer à l’immeuble-pont (de plus de 6 500 m2), ainsi qu’à deux lots représentant plus de 4 400 m2 de bâti. Par ailleurs, la couverture du périphérique serait construite en acier et non plus en béton. Mais les élus PS et PC mettent une condition à tout accord pour cela : que les Verts s’engagent par écrit à voter la délibération qui devra être présentée en Conseil de Paris pour modifier la concession d’aménagement qui lie la Semapa et Nexity. Ils redoutent en effet que les Verts, qui ont obtenu l’inscription de l’interdiction des immeubles-ponts au sein du futur PLU bioclimatique, refusent néanmoins de voter pour la délibération modifiant le programme pour en supprimer l’immeuble-pont. Cela afin de bloquer la réalisation du projet ainsi modifié… Emile Meunier, conseiller du 18e arrondissement de Paris, dément en bloc cette hypothèse, qu’il affirme être en tous points infondée.
Le projet ajouterait par ailleurs 80 places en extérieur aux 244 déjà prévues pour accueillir les puciers. Le nouveau projet prévoirait enfin un centre de santé.
« Nous refusons de servir de monnaie d’échange »
« Ce projet de transformation de la place, pour lequel la ville de Paris prévoit d’investir près de 100 millions d’euros, est attendu depuis de nombreuses années par les habitantes et les habitants d’un des quartiers les plus pauvres de la Capitale, qui vivent au quotidien dans un environnement hostile, accidentogène, soumis au bruit et à la pollution », rappelle la mairie du 20e.
« Nous refusons de servir de monnaie d’échange dans des négociations politiques qui nous dépassent, menées par des élus qui ne représentent qu’une petite partie des personnes qui doivent supporter chaque jour la traversée de la Porte de Montreuil », font valoir de leur côté les habitants et usagers membres du « Collectif Porte de Montreuil ».
François-Marie Didier (conseiller de Paris LR du 20e) : « Des postures politiciennes »
« La position du groupe Changer Paris (présidé par Rachida Dati) repose avant tout sur la prise en compte de l’intérêt de la population. Il faut réhabiliter ce quartier pour le bien des habitants. Et des puciers. C’est la position que j’ai toujours défendue. J’ai d’ailleurs été le premier à formuler des vœux, à la fois en conseil d’arrondissement et de Paris, pour permettre aux puciers de continuer à exercer leur métier dans les meilleures conditions. Cela pourrait passer par la création d’une place, dotée de kiosques, à l’image du marché aux Fleurs de l’Ile de la cité. Nous estimons par ailleurs qu’il convient de préserver les arbres existants, notamment ceux de l’actuel marché aux puces, qui contribuent à lutter contre les îlots de chaleur. Si cela doit conduire à renoncer à des droits à construire – on parle de neuf millions d’euros -, la ville de Paris doit trouver d’autres financements. Je propose notamment de loger des services municipaux dans les immeubles de bureaux du projet. Ainsi, la Ville pourrait tirer des recettes de la cession de bâtiments administratifs qu’elle possède aujourd’hui dans le centre de Paris. Hélas, au lieu d’imaginer un projet qui concilie les contraintes et donne satisfaction aux habitants du 20e, la majorité municipale préfère se déchirer sur des postures politiciennes. »