PLU de Paris : les enchères montent et le torchon brûle avec les Verts

« Les tenants du béton tentent de nouveau d’imposer leurs vues », ont déploré les élus du groupe écologiste de Paris, jeudi 2 mars 2023. Ces derniers posent une série de conditions à l’adoption du premier arrêt du PLU, auquel l’exécutif parisien souhaite consacrer un conseil municipal extraordinaire au printemps.

Le ton continue de monter entre les écologistes et le reste de la majorité municipale, dans ce qui doit être la dernière séquence de négociation au sujet du plan local d’urbanisme (PLU) bioclimatique. Jeudi matin, en sortant d’une énième réunion de négociation à ce sujet avec Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo en charge de ce dossier,  les écologistes ont déploré un revirement in extremis de la position de la maire de Paris, personnellement mise en cause, de même que les élus communistes. « Les tenants du béton, c’est eux », a résumé Nathalie Maquoi, élue EELV du 20e arrondissement et conseillère de Paris.

Emile Meunier et Nathalie Maquoi. © Jgp

« Toute la question consiste à savoir si Anne Hidalgo souhaite réellement appliquer l’accord programmatique que nous avons conclu lors de la dernière campagne des municipales, et mettre en place un PLU bioclimatique », ont martelé les élus Verts, nombreux pour ce point de presse (*). Avant de détailler les points de désaccords qui constituent autant de lignes rouges, ils ont rappelé leur attachement à un PLU qui, comme le plan climat en cours de révision, « adapte la ville au changement climatique, préserve la santé des Parisiens tout en permettant à ceux qui ne sont pas rentiers de rester à Paris ».

Si le groupe EELV pensait, au cours des derniers jours, qu’un compromis avait été trouvé, « patatras », selon l’expression d’Émile Meunier, élu du 18e arrondissement et conseiller de Paris, « tout s’est effondré au cours des dernières heures ».

Un compromis sur la surélévation

Les objets de la discorde sont notamment les règles de constructibilité que les écologistes espéraient plafonnées par le PLU bioclimatique à 37 m de hauteur. Or la dernière mouture du projet comprend, déplorent-ils, « une dizaine de tours de 50 m de haut », à Bercy-Charenton et à Bruneseau notamment. Bruneseau où le document d’urbanisme en préparation autoriserait en outre un immeuble-pont, objet urbain honni des Verts. « Un casus belli », selon les termes d’Émile Meunier.

Anne Souyris (**) a lu, à ce sujet, des extraits de la récente décision de la cour administrative d’appel ayant annulé le permis de construire accordé à « Mille arbres », Porte Maillot. Les Verts sont vent debout contre des tours de logements situées à quelques encâblures des échangeurs du périphérique, exposant leurs occupants aux pollutions atmosphériques et sonores.

Anne-Claire Boux et Emile Meunier. © Jgp

Le groupe EELV, pour accepter de voter le PLU sans l’amender, demandent également que soit maintenue la création d’un vaste parc, à la place d’un projet de ZAC à la Porte de la Villette, sur des emprises de la SNCF. Le futur PLU dans l’état actuel, remplacerait les 8ha de pleine-terre de ce parc, souhaités par les Verts, par 8ha de zones végétalisées, compatibles avec des constructions.

Les écologistes exigent que la totalité de la Petite ceinture, haut-lieu de biodiversité, avec ses 53 ha de pleine terre, soit classée en zone urbaine verte, et non maintenue en « Grand service urbain », classement qui autorise la construction de bureaux ou de logements. Un compromis avait été trouvé avec l’exécutif parisien, laissant les rails en place, les communistes notamment souhaitant que l’on n’obère pas la capacité de la petite ceinture à redevenir une infrastructure pour partie ferroviaire, a indiqué Emile Meunier.

La pleine terre cristallise également les désaccords. En l’occurrence, c’est la taille de la parcelle à partir de laquelle le ratio de pleine terre s’appliquera pour tous nouveaux projets qui crée la discorde. Un compromis semblait acté sur une superficie de 150 m2, que la dernière version du PLU élève à 200 m2, excluant de facto un tiers de Paris, regrettent les écologistes.

Accord contre les logements saisonniers

Les Verts se sont félicités, en revanche, d’un accord de la majorité municipale pour geler les logements dédiés à la location touristique de courte-durée à leur niveau actuel. Ils ont réaffirmé qu’ils étaient favorables à l’augmentation du nombre de logements dans Paris, et qu’ils partageaient l’objectif d’atteindre 40 % de logements publics en 2035. Mais sans densifier la ville. Ils ont évoqué le rôle que doit jouer en l’occurrence le pastillage, les réserves de mixité fonctionnelle ou le recyclage urbain. Les écologistes ont souligné qu’ils avaient également fait des concessions sur la question de la surélévation, acceptant qu’elle atteigne jusqu’à trois étages, à une série de conditions toutefois, liées à la construction de logements sociaux, à la largeur et à la forme urbaine des rues concernées.

Enfin, le réaménagement de la Porte de Montreuil demeure un sujet d’opposition avec les Verts, ces derniers dénonçant un projet faisant là encore une part trop belle au béton, au bureau, et comprenant par-dessus le marché un hôtel-pont.

Les écologistes ont annoncé qu’ils devaient rencontrer de nouveau les autres composantes de la majorité pour tenter de trouver un accord en début de semaine prochaine. Ils ont indiqué que la maire de Paris souhaitait que l’ensemble de la majorité adopte le premier arrêt du PLU sans l’amender, sans quoi elle ne convoquerait pas de conseil municipal extraordinaire dédié à ce sujet.

 

* Etaient présents à ce point presse les élus écologistes suivants : Dan Lert, Anne-Claire Boux, Emile Meunier, Nathalie Maquoi, David Belliard, Jérôme Gleizes et Frédéric Hocquard.

** Adjointe à la maire de Paris en charge de la santé publique et des relations avec l’APHP, de la santé environnementale, de la lutte contre les pollutions et de la réduction des risques.

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