E. Grégoire : « Avec ce PLU, nous voulons tourner Paris vers le futur »

Le premier adjoint d’Anne Hidalgo répond, point par point, aux critiques d’Emile Meunier, élu écologiste de Paris, qui estime que le projet de PLU ne prend pas suffisamment en compte les impératifs dictés par la transition écologique.

Comment réagissez-vous aux propos d’Émile Meunier, président de la 5e commission (urbanisme – logement – Grand Paris – politique de la ville) qui estime avoir remporté au cours des derniers mois une série de « victoires culturelles » ?

Emmanuel Grégoire. © Jgp

Le PLU bioclimatique est le fruit du travail concerté de toute la majorité parisienne, avec l’appui de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur). Les larges contributions des groupes écologistes et communistes ont permis d’avancer sur un projet de règlement plus restrictif mais aussi plus proche de la réalité des permis de construire délivrés. Nous voulons tendre vers des mécanismes innovants offrant une meilleure constructibilité pour la réhabilitation plutôt que pour la démolition/reconstruction (qui sera l’exception). Je pense en particulier à la mixité fonctionnelle : les immeubles de bureaux situés dans les secteurs pas assez dotés en logements devront proposer des logements ou la possibilité de création de logements sur les toits, si les projets améliorent la végétalisation des bâtiments ou des cours d’immeubles, et qui s’insèrent bien architecturalement. L’exposition « conserver, adapter, transmettre » au Pavillon de l’Arsenal illustre cette volonté. On ne pourra plus monter partout des R+11 et densifier les cœurs d’ilots. Les projets de demain doivent s’inscrire dans la trajectoire de l’Accord de Paris.

Quelle est votre réaction aux propos d’Émile Meunier qui estime que l’accord sur un objectif d’augmenter de 300 ha la superficie de pleine terre est une demi-victoire, car, pour l’heure, cet objectif n’est pas assorti d’un calendrier ?

Le PLU bioclimatique ne peut pas tout mais il fera sa part : partout dans Paris nous espérons pouvoir y inscrire des emplacements réservés à des espaces verts nouveaux. C’est effectivement un objectif ambitieux, mais une nécessité pour rendre la densité (l’intensité) de Paris mieux vivable avec de la végétalisation dans toutes les nouvelles constructions. En parallèle de la révision du PLU, nous engageons déjà un travail fin sur l’espace public.

Les écologistes affirment que cette volonté de verdir davantage Paris et de ne pas se limiter à une ceinture verte sur 50 % de la circonférence de la ville explique leur opposition aux projets de réaménagement de la Porte de Montreuil ou à celui de « Mille arbres », qu’Émile Meunier vous reproche de vouloir inscrire dans le PLU bien qu’il ait été invalidé par la justice. Quelle est votre réaction ? 

Je comprends et je respecte la position des écologistes. Notre volonté avec cette révision majeure, c’est de tourner Paris vers le futur. Une ceinture verte et sportive sera proposée tout autour de Paris. En responsabilité, nous devons nous assurer que les projets déjà votés, et sur lesquels des engagements auprès des Parisiens ont été pris, puissent se réaliser. Quitte à les améliorer tant que cela est possible.

Quelle est votre appréciation de la position des écologistes, qui ne sont favorables à l’élévation des plafonds de construction que si elle est très modérée et limitée à quelques grands axes, estimant « qu’il ne faut pas que ce que l’on gagne contre la densité au sol soit annulée par une densité en hauteur » ?

Pour faire face à l’urgence sociale, nous avons un objectif de 40 % de logements publics à Paris en 2035. C’est un objectif soutenu par toute la majorité. Nous travaillons, et nous sommes en bonne voie, pour trouver la bonne manière d’inscrire ces objectifs dans le règlement du futur PLU.

Comment appréciez-vous la totale opposition des écologistes à de nouvelles constructions de bureaux au sein de la Capitale ?  

Il y a un rééquilibrage territorial à opérer dans la Métropole, mais aussi à Paris. C’est une ambition que nous portons. Depuis 2006, les surfaces de bureaux ont augmenté de 1 %. Les règles de mixité fonctionnelle permettront de rééquilibrer le nombre de bureaux sur le territoire parisien.

Partagez-vous la demande du groupe PC pour que le compte foncier logement passe de 200 à 500 millions d’euros par an, intégrant dans ce calcul les mannes qui seront dégagées pour la foncière logement abordable en cours de création ?

Ce n’est pas un sujet d’urbanisme mais un sujet budgétaire.

Partagez-vous la volonté des élus du PC, exprimée par Jacques Baudrier, que Paris double le nombre de ses gymnases grâce à 17 « anneaux olympiques » ? 100 gymnases de plus verraient ainsi le jour dans les prochaines années.

Nous travaillons à ce que de nouveaux emplacements réservés pour des équipements publics soient proposés dans tous les quartiers de Paris, notamment sur les portes, le long de la future ceinture verte et sportive que nous inscrirons dans le PLU.

 

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