Nouvelle AOM métamorphosera la tour Montparnasse 

Derniers candidats en lice face à l’Américaine Jane Gang, les cinq architectes parisiens ont remporté ce prestigieux concours lancé en 2016. Leur projet tout en transparence a réussi la subtile alliance entre l’inesthétique bâtiment existant et une tour du XXIe siècle aux usages démultipliés et largement ouverte aux Parisiens.

La tour Montparnasse va faire peau neuve. © Jgp

La deuxième vie de la tour Montparnasse a commencé mardi 19 septembre 2017 avec l’annonce de l’équipe de maîtrise d’œuvre qui réalisera la délicate mission de transformer cet édifice souvent dénigré en « tour exemplaire ». Le collectif Nouvelle AOM, créé pour l’occasion, a été sélectionné par le syndicat des copropriétaires de l’Ensemble immobilier tour Maine-Montparnasse (EITMM) en lien avec la ville de Paris. Il faisait partie avec Studio Gang (Etats-Unis) des deux derniers finalistes du concours qui avait reçu « 700 marques d’intérêt », a rappelé Gilles Vuillemard, président du syndicat des copropriétaires de l’EITMM. Une exposition au Pavillon de l’Arsenal présente jusqu’au 22 octobre les projets des sept candidats qui avaient été préalablement retenus.

Projet « le plus audacieux »

Nouvelle AOM rassemble trois agences d’architecture parisiennes et cinq architectes : Franklin Azzi, Frédéric Chartier et Pascale Dalix, Mathurin Hardel et Cyrille Le Bihan. Leur projet « sensible, intelligent qui associe qualité architecturale et d’ingénierie, repense intégralement la tour et la reconnecte au quartier », a fait valoir Gilles Vuillemard qui a apprécié, outre les « remarquables performances environnementales » du projet, l’apport de nouveaux usages correspondant à « une tour du XXIe siècle vivant 24h/24 ». Pour Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme à la ville de Paris, ce projet est « le plus respectueux du patrimoine existant » et « le plus audacieux ». Il marque une « étape dans la restructuration du quartier Montparnasse ».

C’est une profonde « métamorphose » de la tour que le collectif AOM propose en la faisant évoluer « du sombre au clair, de l’opaque au transparent, de l’amiante au bas carbone, de la mono-fonctionnalité aux nouveaux et multiples usages ». Tout l’enjeu consistait à remettre de la vie dans cet ensemble plutôt fermé et hermétique. Pour ce faire, Nouvelle AOM a misé sur l’ouverture dès les tréfonds reconfigurés en quatre patios et offrant des espaces de coworking, un auditorium et un centre de conférence.

L’équipe lauréate. © Jgp

Le manque de perspectives des premiers étages est compensé par des jardins d’hiver « qui prolongent les lieux de travail sur l’extérieur via des balcons ». Au 14e étage, un généreux jardin (« le plus haut de Paris ») crée un « espace de surdensité ». Les angles de chaque étage sont agrémentés par un espace végétal de 16 m2. Plus haut, un hôtel d’une centaine de chambres occupera quatre étages puis, au sommet, le restaurant se déploiera sur l’intégralité du niveau avec au-dessus une terrasse panoramique ouverte au public, une serre dédiée à l’agriculture urbaine recouverte d’une coupole énergétique dotée de panneaux photovoltaïques.

Accueillir le double de visiteurs

Pour atteindre un haut niveau de performances environnementales, un système de double peau respirante a été conçu de manière à offrir une ventilation naturelle. Le principe prévoit que le vent pénètre dans la tour et, en fonction des besoins (refroidir ou chauffer), il est dirigé vers les espaces de travail ou la double peau. « Ce travail collaboratif et enrichissant nous a permis de faire un projet juste, convient Mathurin Hardel. Nous nous sommes dotés d’un laboratoire de recherche pour tester beaucoup de choses. »

La Tour Montparnasse vue du 13° arrondissement de Paris. ©Christophe Pinard

A l’issue des travaux devant durer 41 mois pour un investissement de 300 millions d’euros, la tour pourra accueillir le double de visiteurs, soit 12 000 personnes par jour contre 6 000 actuellement. Le calendrier prévoit un démarrage du chantier fin 2019 et un objectif de livraison de l’opération en 2024, afin d’être opérationnel au moment des Jeux olympiques.

Vue du projet lauréat. © DR

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