Exclusif – N. Bauquet : « Une nouvelle page s’ouvre pour l’Institut Paris Region »

Financement de l’agence, déménagement, Nicolas Bauquet fait le point sur l’actualité de l’Institut Paris Region en exclusivité dans Le journal du Grand Paris. A l’approche de son conseil d’administration, qui se tiendra le 8 mars 2024, le directeur général de l’agence d’urbanisme régionale détaille les grands axes de sa feuille de route stratégique.

Où en est-on de la baisse de la subvention de la Région à l’Institut Paris Region et du départ de la rue Falguière (15e arr.) de l’Institut, annoncés par Valérie Pécresse ?

Le prochain conseil d’administration de l’Institut, qui se tiendra le 8 mars, va permettre de faire le point sur ces questions. Lors du précédent conseil d’administration, le 12 septembre dernier, la présidente du conseil régional m’a demandé un plan d’économies pour l’Institut, comme elle l’a fait pour l’ensemble des organismes financés par la Région, dans un contexte d’investissements massifs dans les transports et les lycées. Pour l’Institut, l’objectif fixé par la présidente est de réaliser trois millions d’euros d’économies d’ici à 2025, sur un budget total de 30 millions d’euros. Autrement dit, la subvention de la Région va passer de 23 à 20 millions d’euros. Je vais donc proposer au conseil d’administration une feuille de route qui permettra d’atteindre cet objectif tout en poursuivant notre développement.

Nicolas Bauquet. © Jgp

Comment y parviendrez-vous ?

Nous allons d’abord poursuivre la diversification de notre modèle économique, avec un approfondissement de nos partenariats en Ile-de-France, mais aussi le développement de notre activité internationale. L’Institut Paris Region réalise depuis longtemps des missions à l’étranger, dans le cadre de la coopération décentralisée de la région Ile-de-France, mais aussi de contrats commerciaux. Dès mon arrivée, j’ai souhaité développer ces actions parce qu’elles nourrissent notre expertise, tout en permettant aussi de diversifier nos ressources. Travailler sur les quartiers de gare à Dubaï nous permet d’enrichir l’expertise que nous apportons à la Société du Grand Paris devenu Société des grands projets. Animer un atelier sur le rôle du fleuve Saïgon dans le développement stratégique d’Hô Chi Minh-Ville enrichit notre regard sur la Seine. Parallèlement au développement de ces nouvelles ressources, nous réaliserons d’importantes économies grâce au déménagement de l’Institut.

L’Institut Paris Region va-t-il intégrer le siège de la Région, à Saint-Ouen, comme cela a pu être évoqué ?

Nous occupons les locaux de la rue Falguière depuis 25 ans. Notre bail prend fin à la fin de l’année en cours. Aujourd’hui, ces locaux représentent un investissement devenu trop important, compte tenu de la très forte augmentation des prix de l’immobilier dans ce secteur. La présidente de la Région nous a proposé dans un premier temps de nous accueillir dans les locaux du conseil régional à Saint-Ouen, où d’autres organismes associés se sont installés ces dernières années. Mais cette solution, même si elle présentait plusieurs avantages, ne nous offrait pas suffisamment de place pour exercer nos missions dans de bonnes conditions. En effet, celles-ci demandent beaucoup de travail collectif, un accueil constant du public pour des formations ou des ateliers et un recours au télétravail plus faible que dans d’autres structures.

Comme Valérie Pécresse m’y a aussi invité, j’ai identifié d’autres locaux nous permettant de réaliser des économies substantielles tout en répondant à nos besoins. J’évoquerai devant le conseil d’administration les différentes pistes entre lesquelles nous devrons choisir rapidement. Les locaux que nous avons identifiés se situent essentiellement au nord de Paris, dans cette petite couronne qui se transforme rapidement, notamment grâce au Grand Paris express. C’est là que s’invente l’Ile-de-France de demain et que se sont installés tous nos grands partenaires, le conseil régional en premier lieu, mais aussi la Société des grands projets et plusieurs services et agences de l’Etat, comme l’ARS. C’est là que nous ouvrirons une nouvelle page de l’histoire de l’Institut et que nous y célébrerons son 65e anniversaire, en mai 2025.

Quel développement de vos activités envisagez-vous en Ile-de-France ?

Nous souhaitons développer notre rôle de plateforme partenariale, de tiers de confiance entre tous les acteurs publics franciliens. Nous avons récemment développé nos coopérations avec la Société des grands projets, notamment sur tous les aspects environnementaux. Nous leur fournissons par exemple les données environnementales sur les trames vertes et bleues et les mobilités douces, afin de les accompagner dans la prise en compte de cette dimension environnementale dans le développement des quartiers de gare du Grand Paris express. Nous avons aussi mis au point, avec Grand Paris aménagement, un observatoire de l’obsolescence des zones d’activité économique (ZAE) très prometteur. Lors du conseil d’administration, je présenterai un programme partenarial 2024 qui reflète ces nouvelles ambitions, construit à partir des grands défis que la région Capitale doit relever.

Comment peut-on travailler avec vous ?

Les institutions publiques peuvent solliciter nos services sur la base d’un contrat, d’une prestation commerciale. Elles peuvent aussi adhérer à l’Institut et contribuer ainsi à son fonctionnement en participant notamment à l’élaboration de son programme partenarial. Aujourd’hui, presque tous les départements d’Ile-de-France figurent parmi nos adhérents (voir ci-dessous). De même que de nombreux établissements publics territoriaux (EPT) et des communautés d’agglomération, ou encore la métropole du Grand Paris, avec laquelle nous travaillons de plus en plus. Nous l’accompagnons, par exemple, dans la rédaction de son plan climat air énergie (PCAEM). Nous comptons aussi la SNCF, la RATP ou l’agence régionale de santé (ARS) francilienne parmi nos adhérents.

Quelles sont vos grandes orientations stratégiques ?

Le premier grand objectif, c’est d’être le lieu où s’inventent les expertises de demain, en croisant les regards et les spécialités. Il y a peu d’autres endroits en France où des spécialistes de biodiversité peuvent travailler avec des épidémiologistes pour construire des outils concrets pour les élus qui veulent travailler dans une optique « One Health », où des sociologues peuvent travailler avec des spécialistes des transports pour anticiper l’impact du télétravail sur les mobilités de demain.

Le deuxième grand objectif, c’est d’inventer de nouveaux modes de collaboration entre experts et élus. Nous ne travaillons plus seulement pour nos membres, mais avec nos membres, en partant des défis qui sont les leurs. Les élus reçoivent constamment des injonctions contradictoires, nous devons nous-mêmes effectuer ce travail de conciliation des objectifs pour les éclairer et les accompagner dans leurs choix stratégiques. C’est ce que nous venons de faire pour la région Ile-de-France avec le Sdrif-E, qui a nécessité un travail considérable, mais qui a constitué un véritable exercice de planification écologique et a été l’occasion de faire des choix sur la base de nos expertises.

Enfin, tout cela ne sera possible que si l’Institut reste à la pointe de l’innovation en matière de données numériques. Nous sommes en train de créer une nouvelle direction de la donnée et de l’innovation numérique, qui va développer des outils utilisant l’intelligence artificielle. Nous changeons la manière dont on fabrique le MOS (mode d’occupation des sols), en utilisant les données satellitaires. Le besoin de données objectives est un facteur clé de la réussite de la transition énergétique et écologique. Pouvoir évaluer en amont et en aval l’impact des normes et des lois n’a jamais été aussi important. Investir ensemble dans une expertise publique, transversale, partenariale et territoriale, n’a jamais été aussi utile. Je suis convaincu que l’Institut a quelque chose d’essentiel à apporter dans les débats actuels, en Ile-de-France comme au niveau national.

Les adhérents de l’Institut Paris Region

Organismes

  • Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France
  • Caisse des dépôts – Banque des territoires
  • Banque publique d’investissement – BPI France
  • Ile-de-France mobilités
  • SNCF Transilien voyageurs
  • SNCF Réseau
  • RATP
  • Etablissement public d’aménagement universitaire  de la région Ile-de-France (Epaurif)
  • Agence régionale de santé d’Ile-de-France (ARS)
  • Ademe
  • Office français de la biodiversité (OFB)
  • Ile-de-France nature
  • Établissement public foncier d’île-de-France (Epfif)
  • Société des grands projets (SGP)
  • Institut national de l’information géographique et forestière (IGN)
  • Institut national de la statistique et des études économiques (Insee)
  • Voies navigables de France (VNF)
  • Conseil économique social et environnemental d’Ile-de-France (Ceser)

Administration de l’Etat

  • Préfecture de région Ile-de-France
  • Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT)
  • Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement (DRHIL)
  • Direction générale du ministère de l’Economie et des Finances

Collectivités

  • Région Ile-de-France
  • Association des maires de France
  • Département du Val-d’Oise
  • EPI Yvelines/Hauts-de-Seine
  • Département de Seine-et-Marne
  • Département de Seine-Saint-Denis
  • Métropole du Grand Paris
  • EPT Grand Paris Sud Est Avenir
  • EPT Est Ensemble – Grand Paris
  • EPT Grand Paris Grand Est
  • EPT Vallée Sud Grand Paris
  • EPT Grand Orly Seine Bièvre
  • EPT Paris Terres d’Envol
  • CA Saint-Germain Boucles de Seine
  • CA Paris Saclay
  • CA Versailles Grand Parc
  • CA Coeur d’Essonne
  • PNR Oise Pays de France
  • GIP Inter-SCot pour le développement de nos territoires
  • Syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Ile-de-France (Sigeif)

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