J.-J. Guillet : « Le Sigeif propose d’unifier les grilles tarifaires des bornes publiques de recharge électrique »

Jean-Jacques Guillet, président du Sigeif (Syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Ile-de-France), explique les raisons pour lesquelles il estime souhaitable que les différents opérateurs publics de bornes de recharge pour véhicules électriques unifient leurs grilles tarifaires.

Rappelez-nous comment vous intervenez lors de l’installation de bornes de recharge électrique dans une commune ?

Nous prenons en charge l’installation, aidés en cela du cofinancement de la Région à hauteur de 50 % des investissements, puis nous opérons l’exploitation de ces bornes avec notre prestataire Izivia, filiale d’EDF, qui assure également la maintenance des bornes.

Jean-Jacques Guillet. © Jgp

Quelle initiative souhaitez-vous proposer concernant les installations de recharge pour véhicule électrique ?

Le problème est assez simple. Rappelons tout d’abord que deux formules s’opposent en matière d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE) : d’un côté, le service public, de l’autre l’offre privée, dont les acteurs investissent, pour le moment, à fonds perdus, sur un modèle économique qui demeure largement à trouver. Étant moi-même libéral, je n’affirme pas que le modèle public est vertueux et que le modèle privé est moins bon par nature. Mais je pense simplement qu’en l’occurrence, l’initiative privée ne peut répondre à l’ensemble du problème. Je rappellerai que la vente à perte est interdite. Sans profit, les entreprises du secteur privé ne pourront donc durablement poursuivre leurs activités dans ce domaine.

Autrement dit, dans l’état actuel des choses, le modèle économique des IRVE n’est pas suffisamment mûr pour que l’on puisse se reposer uniquement sur l’initiative privée, même si elle est utile. Cela dépasse d’ailleurs le périmètre de l’Ile-de-France et peut s’appliquer à l’ensemble du pays. Si le petit équilibre de cette activité est probable, le grand équilibre, c’est-à-dire comprenant l’investissement, ne l’est pas.

Pourquoi estimez-vous que c’est ce qui rend légitime l’intervention publique ?

D’abord, nous déployons nos bornes sur l’ensemble du territoire, dense ou moins dense : avec les acteurs publics, pas de zone blanche de la mobilité électrique !

Je remarque ensuite qu’à Paris, les tarifs des bornes électriques opérées par le secteur privé ont connu récemment des augmentations importantes, sans que la Ville, à quelque moment que ce soit, puisse intervenir. Nous maîtrisons, de notre côté, nos grilles tarifaires. C’est en cela qu’il me paraît utile de fédérer l’action des différents syndicats, afin d’aboutir à une grille tarifaire unique, coordonnée, d’autant plus fondamentale que les différents réseaux sont interopérables. Même si des différences peuvent se justifier, selon les départements. La question en Seine-et-Marne ne se pose pas de la même façon qu’en Seine-Saint-Denis ou dans les Hauts-de-Seine. Mais les grilles tarifaires doivent être le plus proche possible les unes des autres.

Nous sommes en train de réfléchir à ce sujet. Nous allons d’ailleurs étudier les différentes perspectives qui s’offrent à nous dans quelques jours avec l’ensemble des membres du Pôle énergie, qui regroupe mes collègues des principaux syndicats d’énergie d’Ile-de-France.

Pourquoi jugez-vous que le Sigeif a toute légitimité pour lancer cette initiative ?

Parce que nous avons aujourd’hui le premier réseau de bornes, avec 101 communes, soit 2,5 millions d’habitants et 20 000 charges mensuelles. Nous possédons des infrastructures sur l’ensemble du territoire, dans tous les départements d’Ile-de-France. Un peu moins en Seine-et-Marne, où le Syndicat d’énergie de Seine-et-Marne est très présent, et que ce département est très étendu, tout comme celui des Yvelines. Sans qu’il existe au demeurant une position dominante ou une volonté d’hégémonie de qui que ce soit, ce n’est pas la question.

Quelle évolution statutaire ou juridique cette volonté d’unification tarifaire requiert-elle ?

Cela ne nécessite aucune évolution statutaire. Cela pourrait se traduire simplement par la constitution d’un groupement d’intérêt économique (GIE). Cela reste à déterminer. Je ne pense pas en tout cas qu’un groupement de commande, réponse technique, suffise à répondre à un enjeu politique.

L’essentiel est qu’il existe une unité dans l’affichage de la tarification entre les différents opérateurs publics, dans l’intérêt des automobilistes. C’est aussi simple que cela. Il faut ce que les conducteurs constatent qu’en passant d’une ville à l’autre, d’un département à l’autre, la tarification des bornes de recharge n’a pas de différence. Sauf naturellement dans des villes où seul le secteur privé intervient et où nous ne sommes donc pas présents.

Notre schéma directeur pourrait ainsi s’intégrer à un schéma directeur régional. La Région est chef de file à la fois en matière de transports et en matière énergétique, pourquoi, à l’avenir, le pass Navigo ne pourrait-il pas être utilisé pour la mobilité électrique ? Ce n’est pas pour demain, car cela demande que les réflexions à ce sujet mûrissent mais rien n’empêche, là encore, d’unifier à terme les cartes de paiement.

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