Ian Brossat alerte sur les effets d’Airbnb à Paris

Dans un ouvrage paru début septembre 2018 – Airbnb, la ville uberisée (édition La Ville brûle) -, Ian Brossat, l’adjoint à la maire de Paris chargé du logement, décrit les effets du développement de la location de meublés touristiques dans la Capitale, et critique les méthodes du leader en la matière.

3 % des logements parisiens sont inscrits sur Airbnb. La Capitale française y est la destination la plus plébiscitée au monde. Paris connaît de ce fait une augmentation des résidences secondaires, conduisant à un chiffre d’environ « 250 000 logements qui ne sont plus occupés par des familles vivant et travaillant à Paris », soit environ un logement sur cinq, note l’élu.

Dès son arrivée à la mairie de Paris en 2014, Ian Brossat a été saisi du sujet et a commencé ses relations – houleuses – avec Airbnb. Actions de lobbying tout d’abord, puis négociations avec la plateforme, avant que la tension augmente entre les parties devant la volonté de Paris de contrôler le respect de la législation par les utilisateurs (locations limitées à 120 jours par an). La municipalité a ainsi mené des actions pour « frapper les investisseurs au portefeuille », signale l’élu, tout en continuant à renforcer les règles qui s’imposent aux plateformes. Afin de faciliter les contrôles, Paris demande l’utilisation d’un numéro d’enregistrement pour chaque location, mais Airbnb refuse d’appliquer cette règle.

Muséification et gentrification

Pourquoi Paris cherche-t-elle à limiter le développement de ce type d’activité ? Ian Brossat l’explique dans le détail dans son ouvrage : selon ce dernier, Airbnb participerait à la transformation de Paris en ville musée, à sa gentrification, serait source de nuisances pour les habitants, ferait partir les petits commerces au profit des hypermarchés et des boutiques de luxe, standardiserait les logements, etc. Le site renforcerait aussi la précarité avec le développement de certains emplois (ménage, conciergerie) autour de la location ou le fait que des propriétaires ne se reposent plus que sur cette activité pour subsister.

Ian Brossat

« Pour faire plier des acteurs comme Airbnb, un seul mot d’ordre : l’union fait la force ! », écrit Ian Brossat.© Jgp

Plus généralement, l’élu reproche à la plateforme son message de solidarité et de partage alors qu’elle s’est domiciliée en Irlande pour ses activités européennes – se soustrayant ainsi en partie à l’impôt en France – et qu’une moitié des biens qu’elle propose sont mis à disposition par des professionnels. Un combat partagé par d’autres métropoles françaises et étrangères de différentes sensibilités politiques, relève Ian Brossat dans son ouvrage.

Au-delà d’Airbnb, l’adjoint à la maire de Paris dénonce les pratiques des Google, Apple, Facebook et Amazon (Gafa) qui, par l’utilisation des données, s’intègrent dans la fabrique de ville avec une approche « technocratique et techniciste ». Il prône en réaction une « mobilisation de tous » pour faire surgir des alternatives, en s’appuyant sur les mouvements coopératifs qui offrent d’autres modèles de développement.

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