Hébergement d’urgence : Eric Constantin rappelle la nécessité d’une approche globale

Alors que les températures sont remontées, Eric Constantin, directeur de l’agence Ile-de-France de la Fondation Abbé Pierre, dresse un bilan nuancé de l’application du plan Grand froid en Ile-de-France et rappelle la nécessité d’une approche globale des questions d’hébergement.

La remontée du thermomètre, après la baisse récente, qui a valu le déclenchement du plan Grand froid par l’Etat, donne l’occasion à Eric Constantin, directeur de l’agence Ile-de-France de la Fondation Abbé Pierre, de rappeler la nécessité de ne pas avoir une gestion saisonnière de la question de l’hébergement.

Il relève d’abord que l’Etat a effectivement augmenté son effort en la matière. Ainsi, le budget consacré à l’hébergement et au logement adapté en Ile-de-France est-il passé de 867 millions d’euros à 1,3 milliard entre 2019 et 2021, soit une hausse de 45 %. Le nombre de places d’hébergement généraliste (hébergement pérenne en centre d’hébergement et de réinsertion sociale [CHRS], centre d’hébergement d’urgence [CHU] et nuitées hôtelières) atteignait 94 000 fin 2021 au sein de la région Capitale, contre 60 000 en 2016.

Eric Constantin, directeur de l’agence Ile-de-France de la Fondation Abbé Pierre. © DR

Pour autant, la pérennité des places d’urgence ouvertes demeure fragile, compte tenu de la nature de l’hébergement proposé, souvent dans des hôtels ou dans des équipements sportifs qui n’offrent qu’un accueil temporaire. Ainsi, tous dispositifs confondus (hébergement généraliste, structures pour demandeurs d’asiles, intermédiation locative type Solibail), 8 000 places sur 150 000 ont été fermées en Ile-de-France, relève le comptage effectué début 2022, et seulement entre 40 et 80 % d’entre elles rouvertes ailleurs, suivant les sources.

Plus globalement, Eric Constantin appelle à une approche globale de ces questions. Il souligne que l’objectif gouvernemental de privilégier une politique du « logement d’abord » n’a pas été atteint. L’hébergement remplace toujours la carence de logements sociaux, des résidents en attente d’un logement social embolisant les dispositifs d’urgence. « On a toujours des parcours où se succèdent des places en hébergement d’urgence, puis en CHRS, puis en Solibail, avant d’espérer un jour obtenir un logement social », constate Eric Constantin.

Droit de réquisition

Ce dernier déplore également une chapellisation des dispositifs, une politique de guichets séparés, selon laquelle des places sont réservées aux femmes seules avec enfants de moins de trois ans, aux exilés, ou encore aux personnes en contact avec un travailleur social transmettant les demandes d’hébergement aux services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO) départementaux. « Il faut reconnaître simplement un état de personne à la rue », résume-t-il. En ce sens, la polémique quant aux places réservées au Paris Event center aux seuls réfugiés ukrainiens, désormais ouvertes plus largement après intervention du ministre du Logement Olivier Klein, constitue le symbole de l’inanité de ces distinctions.

SDF dans une rue du 10e arronfissement de Paris. © Jgp

Eric Constantin approuve par ailleurs la demande de la ville de Paris, exprimée par son adjoint au Logement Ian Brossat, pour que l’Etat utilise à plein son pouvoir de réquisition de logements pour accroitre les places disponibles, alors que 700 enfants scolarisés dans la Capitale dorment dehors. Mais le directeur de l’agence Ile-de-France de la Fondation Abbé Pierre s’interroge sur une dévolution du droit de réquisition aux maires, « alors que pour éviter d’accroitre encore le déséquilibre de la répartition des places d’hébergement qui caractérise la région, l’Etat doit aussi réquisitionner dans les villes où il manque des places d’hébergement ».

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