Grand Paris express : l’échelonnement confirmé, des annonces cette semaine, les départements en colère

Lors de la seconde réunion de concertation avec les élus, dont les maires, Elisabeth Borne a confirmé l’échelonnement du calendrier de réalisation du Grand Paris express. Edouard Philippe devrait faire des annonces plus précises cette semaine. Les présidents de la Région et des départements demandent que le calendrier initial soit respecté.

Parlementaires et élus locaux étaient présents en nombre vendredi 16 février 2018 pour la seconde réunion de concertation organisée autour d’Elisabeth Borne à propos du Grand Paris express. Principale information du rendez-vous, organisé au ministère de la Transition écologique et solidaire : Edouard Philippe devrait annoncer cette semaine le calendrier plus en détail du report de la réalisation des lignes du métro automatique.

Réunion de concertation sur le Grand Paris express au ministère de la Transition écologique et solidaire, le 16 février 2018. © DR

Le scénario présenté par la ministre des Transports indique que l’agenda de réalisation de la ligne 17 doit gagner trois mois en six ans pour que le métro arrive à temps pour les Jeux olympiques de 2024 à la gare Le Bourget aéroport, indiquait Vincent Capo-Canellas, sénateur de Seine-Saint-Denis, ex-maire (UDI) du Bourget à l’issue de la réunion.

Selon Isabelle Florennes, député (Modem) des Hauts-de-Seine, « l’annonce du décalage d’une partie de la ligne 15 ouest – qui doit relier Pont-de-Sêvres à Saint-Denis Pleyel – à 2029/2030 fait évidemment grincer les dents dans notre département ». Le tronçon de la 15 ouest allant de Pont-de-Sèvres à Nanterre-La Folie serait également concerné. La mobilisation des élus de l’est parisien, pour ne pas faire outrancièrement les frais du report du calendrier d’un réseau censé notamment opérer un rééquilibrage est-ouest, pourrait être suivie d’effets.

Le calendrier initial de réalisation du Grand Paris express va être revu, les annonces à ce sujet intervenant cette semaine. © Jgp

Selon Le Parisien, qui cite un document confidentiel de la Société du Grand Paris (SGP), « certaines lignes pourraient accuser jusqu’à six ans de retard, dans le pire des scénarios (aléas techniques, nombre de tunneliers limité). Soit 2031 pour la 15 est entre Saint-Denis Pleyel et Champigny-Centre. Ou 2030 pour le tronçon La Défense – Saint-Denis Pleyel. Ou encore 2030 pour la 17 jusqu’à Roissy ». « Il semble, selon ce qui a été présenté aux élus, que ce soit bien le scénario le plus pessimiste auquel il faille s’attendre. Même la ligne 15 Sud (Pont de Sèvres – Noisy-Champs), la plus avancée dans ses chantiers, n’arriverait qu’en 2025, tant les aléas techniques sont nombreux », indique le quotidien.

A l’ouest, les élus ont manifesté leur inquiétude, à l’image de Patrick Ollier, maire (LR) de Rueil-Malmaison et président de la métropole, qui s’est inquiété de la desserte du futur écoquartier de l’Arsenal, qui pourrait donc sortir de terre avant que la 15 ouest ne le desserve. « Les élus locaux de l’ouest parisien ont exprimé leurs inquiétudes légitimes sur les transports circulaires alors que, par exemple, le T2, récemment doublé, est déjà saturé le matin et le soir, indique Isabelle Florennes. Comment va-t-on pouvoir digérer la densification de l’ouest parisien sans desserte nouvelle », interroge-t-elle. Lors de la réunion de vendredi 16 février, les projets alternatifs, de téléphérique notamment, ont été évoqués. « Mais en réalité, en matière de mass transit, il n’existe pas de petits projets à faible coût », résumait un élu.

Si Gilles Carrez, qui anime le groupe de travail chargé de cette question, a indiqué que des pistes d’accroissement des recettes de la Société du Grand Paris existaient bel et bien, il n’a pas précisé lesquelles. « Il est illusoire de penser qu’il sera possible d’aller chercher de nouveaux financements publics au-delà des frontières de la région Ile-de-France », a indiqué pour sa part Valérie Pécresse.

« Les solutions à l’impasse financière existent »

Dans la soirée de vendredi, à l’issue de la réunion, les présidents de la Région et des départements, Valérie Pécresse, (Ile-de-France), Jean-Jacques Barbaux (Seine-et-Marne), Pierre Bédier (Yvelines), François Durovray (Essonne), Patrick Devedjian (Hauts-de-Seine), Stéphane Troussel (Seine-Saint-Denis), Christian Favier (Val-de-Marne) et Marie-Christine Cavecchi (Val d’Oise) demandaient, dans un courrier commun au gouvernement « de respecter le calendrier de réalisation du Grand paris express ».

« Les premiers échanges intervenus ont permis d’identifier que les solutions à l’impasse financière actuelle existent et Gilles Carrez, député du Val-de-Marne, ancien président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, en a fait la démonstration, font valoir ces élus. Par ailleurs, les études techniques produites démontrent que l’allongement des délais de réalisation des lignes du Grand Paris express est en fait lié à la volonté du gouvernement de limiter le nombre de tunneliers »,  ajoutent-ils.

« Maillage cohérent »

« Compte tenu de ces éléments, le calendrier de réalisation du Grand Paris express peut être respecté, techniquement et financièrement », considèrent les signataires de cette lettre. Ces derniers renouvellent « qu’ils soutiennent la réalisation des lignes 14, 16 et 17 en ce qu’elles sont indispensables pour les Jeux olympiques de 2024 et que la France doit être à la hauteur de cet événement international ». Dans le même temps, ils réaffirment « qu’il n’est pas acceptable de sacrifier les autres lignes du quotidien et les millions de Franciliens qui les empruntent pour des questions de tunneliers ». C’est pourquoi ils réclament l’intégralité des lignes 14, 15, 16, 17 et 18.

« Toutes ces lignes créent un maillage cohérent pour désengorger la région Ile-de-France et la purger des embouteillages que subissent les Franciliens, estiment les élus. Depuis 2011, les contribuables paient la taxe spéciale Grand Paris en plus de leur taxe foncière, pour financer le Grand Paris express mais n’en voient toujours pas les bénéfices. »

Globalement, les élus sont majoritairement sortis mécontents de cette concertation. « Difficile pour le gouvernement d’organiser une réunion de concertation sans annonce véritable, où la seule chose que l’on apprend est que les annonces seront faites cette semaine par le Premier ministre », résume un élu.

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