En campagne avec… Alexandre Missoffe

Le journal du Grand Paris a choisi d’accompagner Alexandre Missoffe pour la première édition d’une série de reportages auprès des candidats aux prochaines municipales. Aussi affable qu’il se doit dans le 7°, le challenger (LREM) de Rachida Dati n’hésite pas, néanmoins, à défendre âprement son projet.

L’exercice lui va comme un gant. Devant les commerces de la rue Cler, une voie commerçante du 7° arrondissement où il est né et où il élève ses enfants, on sent Alexandre Missoffe dans son élément, ce dimanche 19 janvier au matin, avec son équipe de campagne.

Alexandre Missoffe. ©Jgp

A deux pas du Champs-de-Mars, le ton des échanges est courtois, quelle que soit la sensibilité des passants, majoritairement de droite. Beaucoup connaissent le nom de ce neveu d’un ministre du général de Gaulle, qui ne s’étend pas sur le sujet et préfère insister sur l’expertise que lui confère son parcours.

Punchlines

Comme Benjamin Griveaux, le directeur général de Paris-Ile de France Capitale Economique, qui s’est mis en disponibilité, entend mener une campagne constructive. Sans agressivité ni anathème. « Nous sommes, avec mes colistiers, des acteurs de terrain engagés. Il y a parmi nous des profils très divers, bouquiniste, avocat, gardienne d’immeuble, cadre, psychologue, galeriste… tous animés de la même volonté de faire bouger les choses. Notre seul objectif est d’améliorer le cadre de vie des habitants de Paris et de notre arrondissement, dans lequel il y a tant de belles choses à faire. Et pas de nous en servir comme une base arrière pour d’autres ambitions ! », résume-t-il.

A la politique, il a déjà goûté quelque temps, au début de sa carrière. Christian Blanc, alors candidat aux législatives de 2002, le prendra dans son équipe de campagne, séduit par un courrier que ce féru d’histoire, à la plume ciselée, lui a envoyé en réponse à une tribune publiée dans Le Monde par l’ancien président d’Air France.

« Je le connais depuis trois ans, c’est un Marcheur, rappelle Gilles Le Gendre, député de la 2° circonscription, présent pour le soutenir. Il tient parfaitement les deux extrémités du fil, poursuit le parlementaire. C’est un expert de la gestion de la ville dans le cadre du Grand Paris, de son attractivité internationale, mais c’est également un expert du quotidien, comme le montrent ses propositions. Il est en outre doté d’un grand sens républicain, sans doute en partie hérité de sa famille. »

« Je le connais depuis 3 ans, c’est un Marcheur, rappelle Gilles Le Gendre, député de la 2° circonscription. © Jgp

Le candidat LREM alterne propositions et flèches affutées, en direction d’Anne Hidalgo et de Rachida Dati. Avec des punchlines déjà parfaitement rodées. Côté propositions, il prône une « ville augmentée », dans laquelle les cours et jardins des administrations et des ministères, nombreux dans le 7° arrondissement, seraient transformés, le week-end, en aires de loisirs ou de sport, lieux d’une convivialité retrouvée. « La majorité socialiste sortante annonce la création d’un futur grand parc à Bercy-Charenton… c’est bien de prévoir la création, un jour, d’un grand parc à la périphérie de Paris. Mais nous avons surtout besoin d’avoir, ici et maintenant, en bas de chez nous, une multitude de petits et moyens squares et jardins, dans lesquels nos enfants puissent jouer à la sortie de l’école et où nous poser un moment, suspendant le tempo parfois frénétique de la ville », estime-t-il.

Avec son équipe de campagne, il a déjà entrepris de répertorier l’ensemble des possibilités d’agrandissement des squares et jardins de l’arrondissement. Des aménagements auxquels il compte procéder dès son élection. « Chaque jour du prochain mandat devra être un jour utile pour rattraper le temps perdu », souligne-t-il.

En campagne, rue Cler. © Jgp

Défendant les atouts du Grand Paris aux quatre coins du globe au cours des dernières années passées à la tête de Paris-Ile de France Capitale Economique, ce polyglotte déplore la vision étriquée qui oppose Paris intra-muros à la petite couronne… et même parfois les arrondissements les uns aux autres. Une vision qui explique pourquoi l’ancienne garde des Sceaux a réservé exclusivement aux habitants du 7° la navette mise en place, et qui n’a pas trouvé son public, « à cause d’un itinéraire et d’horaires absurdes ». Il le redira le soir même, rue du Bac, où il tient une réunion d’appartement avec Alexia Delrieu et Valérie Lévy, deux de ses colistières. S’il est élu, il proposera d’étendre l’itinéraire de cette navette aux 6° et 15° arrondissements, afin qu’elle serve à acheminer les enfants des écoles vers les terrains de sport qui font défaut dans le 7°.

Exemplarité

« Etre élus du plus bel arrondissement de la plus belle ville du monde donne des responsabilités, nous devons être exemplaires », poursuit-il. Et de rêver tout haut d’un parcours culturel, en forme de galerie à ciel ouvert à l’instar de celui des grilles de Palais du Luxembourg, et qui valoriserait la vocation internationale de cet arrondissement qui abrite, entre autres, l’Unesco, le centre culturel italien ou l’American university in Paris.

Il ironise sur une municipalité « ubuesque », « où l’on doit d’abord savoir si sa plantation date de plus ou moins deux ans pour déterminer laquelle des directions de la ville sera habilitée à intervenir pour nettoyer un pied d’arbre jonché de détritus ». Benjamin Griveaux, en revoyant l’organisation de la Ville dans le sens de plus de subsidiarité et de compétence à l’échelon le plus proche du terrain, « est celui qui apporte la réponse à la fois plus efficace, la plus simple et la plus opérationnelle ! »

« 100 % pour le vélo cela fait bien peu pour le reste… », ironise-t‘il. © Jgp

« Oui, il faut construire du logement, y compris bien sûr dans le 7°, et utiliser pour cela toutes les potentialités de la transformation de bureaux en logements, énormes dans cet arrondissement, reprend-il. Acheter, avec l’argent public, des logements pour en faire des logements c’est au mieux un jeu à somme nulle, au pire un effet d’augmentation de la bulle spéculative. Il faut investir en priorité sur la construction de nouveaux logements, la transformation, et travailler en bonne intelligence avec les communes voisines », juge-t-il.

Il déplore aussi que la promesse d’un « Paris 100 % vélo » affirmée par Anne Hidalgo soit surtout celle d’une mobilité demain encore plus pénible pour les automobilistes, les piétons et les usagers du métro. « 100 % pour le vélo cela fait bien peu pour le reste… », ironise-t’il, avant de rappeler la congestion des métros et RER, la faible performance des bus dans Paris, la thrombose des grands axes comme le boulevard Saint-Germain, les itinéraires piétons devenus pénibles par le mauvais état de la voirie, l’encombrement des trottinettes, les déchets de toutes sortes… et de conclure « l’approche idéologique qui consiste à diviser les Parisiens en deux groupes : d’un côté les vélos, de l’autre les salauds, escamote le fait que nous sommes tour à tour, piéton, cycliste, automobiliste ou usager des transports collectifs… la ville efficace est celle qui permet cette offre multiple et en organise l’articulation fluide. »

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