Didier Bertrand – Fluctuat nec mergitur

De Chirac à Hidalgo, en passant par Tibéri et Delanoë, Didier Bertrand, qui vient de prendre sa retraite pour se consacrer à sa passion pour le cinéma muet, a servi la cause de Paris avec la même ardeur élégante et distanciée.

C’est une part de la mémoire des quatre dernières décennies qui quitte la mairie de Paris avec le départ de Didier Bertrand. Le directeur de la mission Grand Paris de la Capitale vient de faire valoir ses droits à la retraite. Ce matin-là, en remontant de son dernier comité directeur, autour d’Anne Hidalgo, cet homme toujours courtois raconte sa passion pour le ski, les Arcs et Charlotte Perriand, qui a dessiné la station alpine, collaboratrice de Le Corbusier, dont il recommande l’exposition à la fondation Vuitton.

Didier Bertrand. © Jgp

Didier Bertrand, Emmanuel Grégoire, 1er adjoint et Aurélie Robineau-Israël, secrétaire générale de la ville, lundi 12 janvier 2020, lors du pot de départ en retraite du directeur de la mission Grand Paris. © Jgp

« J’aime l’urbanisme », dit ce haut-fonctionnaire au regard lumineux, né à Lima, où son père effectue alors une coopération technique. Venezuela, Iran, le jeune Bertrand, dont le père est fonctionnaire international, a déjà parcouru le monde lorsque ses parents rentrent en France. Il a 14 ans. « Mon goût du voyage était sans doute satisfait », résume-t-il avec un flegme britannique.

Ozanne et Cabana

Après Science-Po et le concours ENA – administrateur de la ville de Paris, que Jacques Chirac a souhaité pour bénéficier de ses propres troupes, Didier Bertrand intègre le service de la propreté, une des priorités du maire. C’est le temps des moto-crottes et de la création des inspecteurs de la propreté. « J’ai adoré cette mission », indique ce père de trois enfants, qui a toujours goûté davantage les fonctions concrètes, techniques, aux tâches purement administratives. Il apprécie notamment les échanges avec de multiples professions, des agents de terrain aux architectes-voyers. Il cite François Ozanne, dynamique ingénieur de talent, sous les ordres duquel il fait ses armes, ou Camille Cabana, secrétaire général de l’époque, « qui a profondément marqué l’administration parisienne ».

Il citera plus tard, dans son bureau haut-perché de la tour nord-ouest de l’hôtel de ville, doté d’une vue superbe sur la moitié occidentale de la ville, les noms de Catherine Barbé, actuelle directrice des partenariats stratégiques de la Société du Grand Paris, ou d’Elisabeth Borne, dont il fut successivement l’adjoint à la direction de l’urbanisme. Pour rendre hommage à leur talent. Il citera aussi le nom de Jean-Pierre Caffet, alors adjoint à l’urbanisme de Bertrand Delanoë, qui lui proposa de rester à la mairie après le changement de majorité, un socialiste succédant à deux Gaullistes : il est chargé d’élaborer le plan local d’urbanisme.

Ce grand serviteur de la ville ne semble pas du genre nostalgique. Il confie qu’il aurait pu attendre quelques années pour partir à la retraite, mais qu’il souhaite commencer une deuxième vie lors de laquelle il pourra se consacrer pleinement à sa passion pour le cinéma muet et des années 1930-50, dont il est un expert reconnu.

Mission métropole

Néanmoins, il narre avec enthousiasme les multiples combats municipaux auxquels il a pris part. Tout au long d’une carrière dédiée, après la propreté, à l’urbanisme, au logement et à l’habitat. Des combats pour éviter la transformation de logements en bureaux, pour réorganiser les services à mesure des changements de majorité ou pour sauvegarder des milliers d’immeubles patrimoniaux. Cet amateur de BD américaines évoque la construction des grandes ZAC, dont Paris rive gauche, l’édification de la fondation Cartier, la construction du tramway des maréchaux ou la bataille pour construire des logements sociaux en doublant les objectifs de réserves au PLU menée sous l’autorité d’Anne Hidalgo, alors 1re adjointe de Bertrand Delanoë.

Il évoque enfin Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris, qui lui confie la direction de la Mission métropole. Celui-ci rappelait que « Vue de Paris, la construction métropolitaine doit marcher sur ses deux jambes ». Didier Bertrand le confirme et précise « qu’elle doit continuer à la fois à progresser sur le plan institutionnel à travers la métropole du Grand Paris et par le biais de conventions bilatérales entre Paris et ses voisins ».

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