A l’instar de la CCI Paris Ile-de-France, les chambres de métiers et de l’artisanat d’Ile-de-France ont mis en place dès la semaine dernière une cellule spécifique d’accompagnement des 239 000 entreprises artisanales franciliennes qui emploient 290 500 salariés. Outre un décryptage des dispositifs en fonction des cas, il s’agit de rompre avec la solitude des artisans dont près des trois quarts travaillent seuls.
« Vous n’êtes pas seuls. » Tel est le principal message des chambres de métier et de l’artisanat d’Ile-de-France qui ont créé depuis les inondations de 2016 et les gilets jaunes de 2018, une cellule de crise décentralisée.

L’Ile-de-France compte 238 631 entreprises artisanales dont 19 100 commerces alimentaires. © JGP
Ainsi, chaque département francilien dispose d’un numéro de téléphone et d’une adresse mail dédiés (lire ci-dessous). Un millier d’appels et de mails a été reçu la semaine dernière par les 70 conseillers mobilisés en quelques jours. « Il s’agit de conseillers en création et transmission d’entreprise, numérique, développement durable, médiateur de l’apprentissage, formalités des entreprises formés chaque matin à la mise à jour des dispositifs mis en place par l’Etat », indique Samuel Cucherousset, directeur régional du développement économique de la CRMA d’Ile-de-France.

« Nous attendons du gouvernement qu’il clarifie la situation des artisans du bâtiment (81 140 en Ile-de-France) car, même s’ils veulent travailler, ils ne le peuvent pas », a indiqué Samuel Cucherousset. © JGP
Ils répondent dans un premier temps aux questions urgentes sur l’autorisation de travailler et les aides accessibles. « Dès lors que le chef d’entreprise qui sollicite la CMA était déjà suivi, par exemple pour sa création d’entreprise, c’est ce conseiller qui l’aide en situation d’urgence et l’appuiera par la suite. C’est très important pour les artisans, seuls dans leur entreprise dans 70 % des cas, d’être rappelés et écoutés et de savoir que l’on peut compter sur un conseiller qui suit votre dossier dans le temps », poursuit Samuel Cucherousset.
Double peine pour les artisans du bâtiment
Les difficultés diffèrent sensiblement selon les quatre secteurs d’activités de l’artisanat puisque certains peuvent à ce jour continuer à travailler et d’autres pas. Dans les premiers figurent l’alimentation (8 % des entreprises, soit 19 100) et le bâtiment (34 %, 81 140), mais alors que les commerces de bouche parviennent à se faire livrer, les plombiers, électriciens et autres maçons annoncent déjà des ruptures de matériaux faute de livraison, ainsi que l’arrêt progressif des chantiers. « Une double peine pour les artisans du BTP, constate Samuel Cucherousset. Nous attendons du gouvernement qu’il clarifie la situation de ces professionnels, car même s’ils veulent travailler ils ne le peuvent pas. »

Samuel Cucherousset
En revanche, les entreprises de services (47 %, 112 141) englobant notamment les fleuristes, garagistes, coiffeurs/esthétiques, ainsi que les activités de fabrication (11 %, 26 250), soit les opticiens, imprimeurs, bijoutiers, créateurs… sont à l’arrêt. Alors que l’Etat communique beaucoup sur les dispositifs, « notre enjeu consiste à apporter de la valeur ajoutée à la réponse attendue par les artisans notamment les créateurs récents d’entreprise dont le nombre a bondi de près de 15 % en 2019 (+ 14,6 %) soit plus 38 000 nouvelles entreprises qui se retrouvent du jour au lendemain totalement démunis, déplore Samuel Cucherousset. Il faut les écouter et les rassurer. »
Les CMA demandent l’annulation des charges
Au total, l’Ile-de-France comptait en 2019 238 631 entreprises artisanales, soit une progression de 9,2 % en un an, déduit des 19 397 radiations. L’action des CMA revêt trois dimensions : transmettre l’information officielle par le biais de l’outil web du gouvernement contacts en première ligne pour les entreprises ; aider si besoin l’artisan à comprendre et décrypter les dispositifs ; lutter contre la solitude du créateur récent. « Et plus tard, les aider au rebond », anticipe Samuel Cucherousset qui estime que les mesures prévues devront être repensées et réévaluées si la crise se prolonge.
Ainsi, les CMA attendent plus de souplesse sur le fonds de solidarité des indépendants de 1 500 euros pour les entreprises réalisant moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires si celui-ci a baissé de 70 % par rapport au CA de mars 2019, car dès lors il ne s’adresserait pas aux entreprises créées depuis moins d’un an. « Pourra-t-il être prolongé au-delà de mars si le confinement dure plus d’un mois ? », interroge Samuel Cucherousset. Les CMA de France demandent également l’annulation des charges fiscales et sociales plus qu’un simple report.