Célia Blauel revient sur l’importance que revêt, selon elle, l’élaboration par la métropole et ses territoires de Plans climat air énergie coordonnés. Lutte contre la pollution de l’eau, de l’air, circuits courts, rénovation thermique, l’adjointe à la maire de Paris en charge du développement durable, du climat, de l’eau et des canaux, décrit les chevaux de bataille que la Capitale entend mener en lien avec la métropole.
Le développement durable est une compétence de la métropole, dès cette année. Comment doit s’articuler, selon vous, son action avec celle de Paris ?
Avant même que la métropole du Grand Paris soit créée, Paris a beaucoup œuvré sur ces questions, notamment au sein de Paris métropole. J’étais co-animatrice, avec Daniel Guiraud, du groupe de travail qui a ainsi planché sur la préparation du Plan climat air énergie métropolitain (PCAET).
Cela a consisté, notamment, à mettre en commun ce que Paris avait déjà fait sur ces questions. Paris est une des villes les plus en pointe en la matière, celle qui investit le plus au monde, comme vient de l’attester une récente étude de l’Union college of London (UCL). L’enjeu pour l’avenir consiste à coconstruire, entre la métropole et les territoires, des PCAE qui soient coordonnés. C’est la raison pour laquelle Daniel Guiraud tient à rencontrer, dans cet esprit, chaque vice-président des territoires de la métropole en charge de ces sujets.
Sur quels sujets la métropole doit concentrer son action selon vous ?
La métropole doit, à notre sens, s’investir notamment sur le développement des énergies renouvelables. La rénovation thermique doit constituer un autre de ses chevaux de bataille pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, réduire la consommation d’énergie et la pollution atmosphérique. Le chauffage constitue la deuxième source de pollution atmosphérique après la voiture.
Et la rénovation thermique est une source de création d’emplois. Paris a d’ores et déjà procédé à la rénovation thermique de 32 000 logements sociaux. C’est évidemment un sujet à l’échelle de la métropole. Un des enjeux consiste à accompagner également les particuliers dans la rénovation thermique et dans le financement du recours aux énergies renouvelables.
Paris va élaborer, comme l’ensemble des territoires de la métropole, son Plan climat air énergie territorial ?
Notre dernier plan climat air énergie date de 2007. Nous allons donc, en effet, rédiger un nouveau PCAET et lancer pour cela une vaste phase de concertation, ainsi qu’une conférence citoyenne. Il s’agit de savoir en quoi nous pouvons aider les différents acteurs, et en quoi ils n’ont pas besoin de nous. Je m’inspire beaucoup, sur ces questions, du mouvement des villes anglo-saxonnes en transition. Nous n’abordons pas ces questions en silos, avec d’une part le climat, d’autre part l’air ou l’eau. Nous problématisons ces sujets, dans l’objectif de construire la ville durable et résiliente. Ceci dans un contexte marqué par les dérèglements climatiques, qui produisent des effets à la fois sur la pollution ou la raréfaction de l’eau et par la crise économique, avec un besoin de recréer des liens, de relocaliser des activités, un fort besoin de solidarité. Ces questions, nous les abordons à la fois à la maille du quartier, de la ville, et, au-delà, puisque nous y apportons des réponses qui ont à l’évidence vocation à se déployer à l’échelle métropolitaine.
En quoi doit consister, selon vous, l’action des collectivités, dans leur ensemble, sur ces questions ?
Nous avons, sur ces sujets, vocation à bâtir un plan de mobilisation du territoire car 80 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées à l’activité des personnes privées et de l’industrie, sur lesquelles les villes n’ont pas de prise directe. Le temps où les politiques se contentaient de définir des politiques depuis leur bureau est révolu. Nous sommes dans une phase de coconstruction. Il s’agit d’abord de politiques d’atténuation, de réduction de notre empreinte, qui passent notamment par la rénovation thermique des bâtiments, les politique d’organisation des transports, le plan d’alimentation durable, pour une production plus biologique, plus durable, plus locale, ou encore le pilotage énergétique. Pour ce qui concerne l’atténuation, nous devons capitaliser sur les actions menées depuis de nombreuses années dans ce domaine.
Vous insistez sur la nécessité d’anticiper les conséquences du changement climatique ?
La température moyenne s’est déjà élevée, de 0,8°, et dans 50, 80 ou 100 ans, cela produira des changements sur nos modes de vie, avec des crues ou des vagues de chaleur. L’été 2003, qui constitue un mauvais souvenir pour chacun d’entre nous, pourrait être la règle à l’horizon 2080. Nous devons agir sur la qualité de l’eau, qui se dégrade à cause de l’usage intensif de pesticides, qui détériore également la qualité de l’air.
C’est tout le sens du nouveau plan stratégique de protection de la ressource, publié récemment par la régie Eau de Paris, dont j’assure la présidence. Nous avons dans ce cadre noué un partenariat avec 140 agriculteurs que l’on accompagne dans leur réduction de l’usage de pesticide. Il ne s’agit pas seulement d’enjeux de gestion de crise mais nous devons anticiper ces questions. Il s’agit de savoir comment nous réintroduisons davantage de nature, d’eau, d’où nos projets sur l’axe Seine, afin d’agir à la fois pour l’environnement et la qualité de vie. Comment nous favorisons les circuits courts. Tous ces défis nécessitent une approche globale. 92 % de l’énergie consommée en Ile-de-France est importée, nous disposons de trois à quatre jours d’autonomie alimentaire… Tous ces sujets doivent être envisagés à l’échelle métropolitaine, et même au-delà.