Brainstorming sur l’avenir des bureaux et du coworking

Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), a livré sa vision des nouveaux usages et modes de travail lors du 11e et dernier Café urbain organisé par la SEM 92, avant son intégration à Citallios.

Chaque jour, de nouvelles façons de travailler apparaissent et d’autres disparaissent, ont rappelé les participants au Café urbain, organisé le 26 mai 2016 à Auteuil brasserie (16e arr.) par la SEM 92 et intitulé « Nouveaux usages, nouveaux modes de travail : demain tous coworkers ? ». « Les mentalités bougent à une vitesse folle », a souligné Bruno Humbert, cofondateur de La Ruche, espaces de coworking situés à Paris, Montreuil, Bordeaux et Marseille. Jean-Christophe Fromantin parle, quant à lui, de « basculement dans un nouveau modèle » voire « d’explosion d’une nouvelle économie ».

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Chaque jour, de nouvelles façons de travailler apparaissent et d’autres disparaissent, ont rappelé les participants au Café urbain organisé le 26 mai 2016 par la SEM 92. © VH

« La France a connu une floraison de concepts dans les années 1990 », rappelle Elisabeth Pelegin, auteur du livre « Comment (se) sauver (de) l’open space ? » (*). On développait déjà l’idée de bureaux composés de mobiliers sur roulettes et de bureaux non attribués. Si les générations précédentes avaient eu du mal à accepter l’ensemble de ces nouveautés, voire les avaient totalement rejetées, il en est autrement pour les nouvelles générations. Désormais, ces nouveaux concepts se résument en quelques mots : flexibilité, réversibilité, bureaux éphémères, nomades ou non attribués.

La flexibilité s’entend notamment en matière architecturale. « Les faux plafonds et la climatisation doivent laisser place aux hauts plafonds et à la ventilation naturelle », fait valoir un architecte. Mais aussi dans l’organisation des espaces, estime Philippe Depoux. « On doit pouvoir trouver un bureau de 20 m2 à côté d’un autre de 20 000 m2 », considère-t-il. Les tiers-lieux s’intègrent dans cette optique de flexibilité.

En plus de ceux-ci, le directeur de Gécina a également expérimenté le concept de locaux éphémères. La rencontre entre une offre et une demande provisoire permet en effet de proposer des baux très précaires à de jeunes entreprises. On évite ainsi la multiplication de locaux vides et non générateurs de revenus. Le concept de bureaux non attribués est une autre réponse possible aux taux d’occupation parfois faible des entreprises. Orange a expérimenté ce concept dans le quartier de la Vache noire, à Arcueil.

L’insertion des bureaux dans la ville

Jean-Christophe Fromantin a fait part de son enthousiasme concernant l’insertion de ces nouveaux lieux de travail dans la ville de Neuilly-sur-Seine. « Il ne faut pas se concurrencer mais se compléter », a-t-il déclaré.

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Jean-Christophe Fromantin a livré sa vision d’élu local. © VH

Ainsi, même si les communes ont le sentiment de perdre parfois un peu la main face aux autres strates de collectivités, elles demeurent cependant un acteur clé. Et entendent le rester à l’avenir. « Les entreprises sont effectivement très sensibles à l’écosystème, aux espaces et aux services publics offerts par la mairie. Cette dernière a par ailleurs un rôle actif dans les relations nouées entre les grandes entreprises et les startups », fait valoir le député des Hauts-de-Seine. Les grandes entreprises attirées par l’attractivité de ces nouveau-nés font donc régulièrement appel au comité de sélection de la ville qui gère les installations.

Les limites du coworking

Pour Elisabeth Pelegin-Genel, « nous sommes à des années lumières d’intégrer le virtuel dans un lien physique », en raison de la persistance d’un certain « conformisme ». Si La Ruche est le premier lieu de coworking en France, Bruno Humbert a lui aussi fait part des difficultés rencontrées, soulignant la vivacité de son concurrent américain We Work.

Par conséquent, les bureaux traditionnels ont encore de l’avenir. « Le fait de ne plus avoir de structures met à bas la culture d’entreprise », a fait remarquer Elisabeth Pelegin-Genel, également psychologue du travail. Il reste indispensable pour de nombreux travailleurs d’avoir un lieu d’échanges avec ses collègues. Certains souhaitent même ne pas travailler à domicile. A la suite de la création d’une entreprise, les entrepreneurs et salariés ont souvent envie de stabilité et se tournent donc vers des locaux classiques. Autre inconvénient souligné par Philippe Depoux : les blocages culturels. « Nous ne sommes pas prêts en France à faire des immeubles mixtes composés de bureaux et d’habitations. Les bureaux existeront donc toujours mais différemment », conclut-il.

 

* « Comment (se) sauver (de) l’open space ? : Décrypter nos espaces de travail », Elisabeth Pelegin-Genel, Parenthèses Editions, 2016

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