Baisse des APL : Patrick Braouezec lance à son tour une alerte

Le président de Plaine Commune, entouré de plusieurs acteurs du logement social, a lancé mercredi 11 octobre 2017 une alerte face à la baisse annoncée des APL. « Le gouvernement n’en mesure visiblement pas toutes les conséquences », a déclaré Patrick Braouezec.

« La réduction des loyers pratiqués par les organismes de logements sociaux pour neutraliser la baisse envisagée des aides personnalisées au logement (APL) comporte une série de dangers à court et à moyen terme que le gouvernement n’a sans doute pas envisagée », a déclaré Patrick Braouezec mercredi 11 octobre 2017, au terme d’un échange avec les acteurs locaux du logement social. Selon le président de Plaine Commune (Seine-Saint-Denis), cette mesure menace directement la viabilité de certains organismes, et va fortement pénaliser l’ensemble des bailleurs sociaux. « On ne va pas se raconter des histoires : les baisses de loyers demandées sont telles qu’elles auront forcément un impact à la fois sur les emplois et sur la construction de logements », poursuit l’élu.

Patrick Braouezec, entouré d’acteurs du logement social, mercredi 11 octobre 2017. © Jgp

« Si cette mesure est appliquée, elle aura des conséquences en termes de capacité de construction, mais aussi de réparation et d’entretien du patrimoine », ajoute le 4° vice-président de la métropole. « Cela aura aussi un impact sur les collectivités territoriales, à travers les garanties qu’elles accordent aux emprunts contractés par les organismes HLM. » Avec, en cascade, des conséquences sur les entreprises et le mouvement associatif, « déjà frappé par les réductions des crédits de la politique de la ville. »

Patrick Braouezec déplore « la rapidité et la brutalité de cette mesure, prise sans concertation, sans réelle étude d’impact. » « Au final, conclut l’élu, il faut que la population, que les locataires comprennent que ce sont eux qui seront perdants dans cette affaire. » Le président de Plaine Commune rappelle au passage la construction de 4 200 logements par an dont 42 % de sociaux réalisée l’an dernier, et 5 600 logements mis en chantier sur le territoire.

Une capacité à construire obérée

David Proult, vice-président habitat et logement de « Plaine-co ».

« Ce qui est en cause aujourd’hui, c’est notre capacité à construire des logements pour les classes populaires et moyennes », a enchéri David Proult, vice-président habitat et logement de « Plaine-co ». Avec au final, une dégradation du parc dont la réhabilitation coûtera plus cher que les économies réalisées à court terme.

L’office public de l’habitat d’Aubervilliers estime ainsi à 2,4 millions d’euros la perte à venir au titre de ces baisses de loyers, soit 1/3 de la masse salariale de l’office, ou encore la totalité de sa capacité d’investissement, qui comprend les travaux d’entretien lourds. L’ensemble des acteurs du logement social réuni à cette occasion dénonce une stratégie logement incohérente.

« Nous contestons également le choix d’une méthode », a déclaré Sylvie Vandenberghe, directrice générale de Logis-Transports.©Jgp

Ainsi, par exemple, ils déplorent que le gouvernement mette en avant un objectif déflationniste sur le prix des loyers,  » alors que le montant de ceux des logements sociaux est fixé par la loi », comme l’a souligné Sébastien Longin, directeur général de Plaine Commune habitat. De même, ils estiment que les facilités annoncées dans l’accès au crédit des bailleurs sociaux comme des mesures de compensation des baisses de loyer ne sont pas à la hauteur des enjeux.

Sébastien Longin, (au centre) directeur général de Plaine Commune habitat.© Jgp

Quant à la réduction du nombre d’offices HLM, perçue comme un des objectifs de cette mesure, elle a déjà été largement mise en œuvre sur le territoire de Plaine Commune, fait-on également valoir. « Nous contestons aussi le choix d’une méthode, nous étions prêts à nous asseoir autour d’une table pour réfléchir ensemble, le cas échéant, à un changement du modèle de financement du logement social, a déclaré Sylvie Vandenberghe, directrice générale de Logis-Transports. Mais le gouvernement a choisi de ne pas nous concerter », ajoute-t-elle. Les acteurs du logement social réunis à Plaine-Commune estiment enfin que l’incitation à la vente de logements à leurs occupants s’apparente à une invitation à dilapider le patrimoine des offices. Ces cessions aboutiront à des copropriétés hybrides, mêlant bailleurs et nouveaux copropriétaires, causant plus de problèmes qu’elle ne généreront de solutions, estime-t-on, avec des risques de blocage des décisions et de dégradation du patrimoine.

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