Lors des Assises du Grand Paris consacrées à la RSE le 13 juin, les participants à l’échange sur le financement de la transition écologique ont fait preuve d’optimisme quant à la disponibilité des ressources et la diversité des solutions en constante innovation pour accompagner entreprises et particuliers dans leurs projets. Reste cependant à assurer la rentabilité économique des opérations de décarbonation pour les concrétiser.
En matière de décarbonation de l’économie, la question récurrente reste le passage à l’échelle, comme l’ont rappelé les participants à la première table ronde de la matinée des Assises du Grand Paris consacrée à la RSE, organisée le 13 juin à la Sorbonne. Alors que les grands groupes sont « matures », « beaucoup d’entreprises n’en sont pas encore au sujet du financement, car elles ne disposent pas des mêmes leviers et ressources que les premiers, a admis Sandrine Berger, responsable ESG à la Caisse d’épargne Ile-de-France. Pour autant ils font aussi face à des enjeux de valorisation et de pérennisation de leur activité », ce qui nécessite de « les sensibiliser et les accompagner très en amont de leur projet afin de leur rendre accessible la transition ».
Le principal frein, selon Cécile Goubet, directrice générale de l’Institut de la finance durable, est la rentabilité de ces projets. Car même si le montant des investissements à consentir pour tenir les objectifs de décarbonation de la France reste colossal – 110 milliards d’euros d’après le rapport de l’Institut de mai 2023 –, « nous avons les moyens de financer cette transition, parce que l’on a un niveau d’épargne très élevé », a-t-elle prévenu, de plus de 3 000 milliards d’euros. Faut-il encore arriver à mobiliser cette épargne, ce qui se heurte à un problème d’attractivité. « Pour ce faire, a suggéré Cécile Goubet, il faut s’assurer de l’équilibre économique des projets de décarbonation et donc arriver à créer les conditions de cet équilibre ».
Se doter d’indicateurs extra-financiers clés communs
Pour décarboner l’économie, « notre enjeu est d’accélérer sur les sujets de finance durable », a également assuré Cécile Goubet. C’est-à-dire mettre autour de la table l’ensemble des acteurs concernés, soit le « triptyque habituel » : pouvoirs publics, entreprises et financiers. « C’est à notre sens absolument essentiel si on veut pouvoir établir des solutions qui soient efficaces, bâtir un langage commun et disposer des outils adaptés, a-t-elle ajouté. Mais outre la décarbonation, il y a aussi, plus globalement, l’enjeu des ressources au sens large ».
Il convient également d’engager l’ensemble des acteurs dans une réflexion sur leur plan de transition pour aller au-delà de la simple gestion des risques, ce qui requiert de se doter d’indicateurs extra-financiers clés communs.
Pour accompagner ses clients, la Caisse d’épargne Ile-de-France a bien sûr pris le sujet sous l’angle du financement avec des solutions adaptées (prêt à impact, prêts dédiés au financement d’actifs verts, offre pour les copropriétés), mais aussi en se positionnant comme banquier conseil de la transition écologique. « Nous sommes un tiers de confiance sur lequel nous axons nos efforts depuis deux ans », a fait valoir Sandrine Berger, expliquant une stratégie visant trois objectifs : se doter d’une organisation efficace pour adresser les enjeux ESG avec des collaborateurs dédiés à ces thématiques et experts au sein des métiers ; accompagner les collaborateurs au changement et à la compréhension des enjeux des clients franciliens en intégrant les notions extra-financières, avec une approche tant géographique que sectorielle ; enfin, apporter aux clients la solution leur permettant d’adapter leur modèle d’affaires aux enjeux environnementaux. « Il faut par exemple connaitre nos clients soumis au décret tertiaire pour les orienter vers les bons experts », a-t-elle précisé.
L’enjeu d’engagement sociétal des problématiques du logement
En matière de RSE dans le secteur de l’immobilier, la toute récente société Néoproprio s’intéresse au « S », « soit la problématique sociétale, car l’environnement est déjà très bien encadré », a admis Olivier Ramé, son directeur général. Face à l’augmentation des prix, Néoproprio offre une nouvelle modalité d’acquisition de sa résidence principale limitée dans le temps (25 ans).
« Des investisseurs institutionnels acquièrent au préalable des logements auprès de promoteurs partenaires qui consentent des baux emphytéotiques, a expliqué Olivier Ramé. Le fait de ne pas acheter définitivement permet d’acquérir son logement à moitié prix lors de la remise des clés, avec ensuite l’acquittement d’un loyer qui correspond à un millième du prix du logement ».
Néoproprio compte monter un fonds d’investissement de 100 millions d’euros d’ici à fin 2024 qui permettra l’acquisition de 300 à 400 logements principalement en Ile-de-France et dans les principales métropoles. Tant Cécile Goubet que Sandrine Berger ont salué cette initiative qui répond, pour la première, « au besoin de pouvoir accéder à la propriété » et est, pour la seconde, « capitale », à l’instar du bail réel solidaire, « parce qu’il y a aussi un enjeu d’engagement sociétal » dans les problématiques du logement.