Sénat : V. Pécresse, P. Ollier et A. Hidalgo livrent leur vision du Grand Paris

Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, Patrick Ollier, président de la métropole du Grand Paris, et Anne Hidalgo, maire de Paris, ont proposé leur vision de « l’espace parisien » devant la délégation aux collectivités territoriales du Sénat.

Mais que fait la police ? Ou plutôt le gouvernement… C’est ce que l’on se demandait en écoutant les trois principaux intéressés développer leur vision du Grand Paris, au Sénat le 26 novembre 2020 cette fois. Car toutes les options sont sur la table et le consensus total pour estimer que la situation actuelle n’est pas tenable. Notamment compte tenu du fait que, loin de se réduire, les écarts de richesse entre départements s’aggravent. Alors même que leur réduction constitue, tout comme la construction de logements et la réalisation du métro automatique, un des trois objectifs cardinaux du Grand Paris, tels que fixés par la loi.

C’est sans doute le sénateur Philippe Dallier (LR, Seine-Saint-Denis) qui a le mieux résumé les choses : « L’attractivité du Grand Paris est menacée directement par la bombe à retardement que constitue l’aggravation de la situation sociale et économique de la grande partie des habitants de Seine-Saint-Denis ».

Valérie Pécresse, Patrick Ollier et Anne Hidalgo. © Jgp

50 ans de retard

En amont des débats, Françoise Gatel (UC, Ile-et-Vilaine), présidente de la délégation, a rappelé qu’une des 50 propositions du groupe de travail transpartisan sur la décentralisation, mis en place autour de Gérard Larcher au Sénat, demandait que soit adoptée avant 2022 une grande loi de simplification et de démocratisation de l’organisation institutionnelle de la région Capitale (proposition 41).

« L’Ile-de-France à 50 ans de retard en matière d’intercommunalité, a souligné tout d’abord la maire de Paris, car la construction d’une intercommunalité est forcément plus compliquée dans un territoire où siègent tous les pouvoirs », rappelant qu’il est difficile « de mettre d’accord tous les chefs à plumes ». Anne Hidalgo a également pointé « le handicap que constitua longtemps l’absence de dialogue entre les élus de la région », aboutissant à la création, en 2001, « d’un espace commun pour essayer de mieux nous comprendre ».

La maire de Paris a également fait part de sa conviction de la nécessité « de partir des maires, dans le cadre d’une gouvernance partagée ». Elle a cité les Jeux olympiques et paralympiques de 2024, la dynamique engagée pour les transports de la zone dense, avec le Grand Paris express, ou la zone à faibles émissions au rang des réussites de la Métropole. Les deux saisons d’Inventons la métropole du Grand Paris ont également été évoquées par l’élue « comme une politique publique partagée entre Paris et la Métropole, qui a permis de lever dix milliards d’euros ».

Rééquilibrage

« Il faudrait mettre un terme à la situation qui fait que d’un côté l’Etat pilote le Grand Paris express, avec la Société du Grand Paris, de l’autre Ile-de-France mobilités gère les transports en Ile-de-France, et qu’entre les deux, la Métropole n’ait pas voix au chapitre. Il faut que la métropole du Grand Paris devienne une autorité organisatrice des mobilités de second rang, cela me paraît être une évidence », a estimé la maire de Paris. « La Métropole est d’abord une métropole des projets », a-t-elle conclu, invitant chacun à ne pas se laisser prendre au piège des questions de gouvernance, mais « d’avancer de façon pragmatique autour des projets structurants ».

Patrick Ollier a pour sa part réaffirmé sa conviction qu’il n’existe pas de difficultés à la superposition des couches d’administration dès lors que les collectivités concernées inscrivent leur action dans un esprit de coopération. Le maire de Rueil-Malmaison a rappelé son engagement ancien en faveur de l’intercommunalité, dans les Hautes-Alpes comme dans les Hauts-de-Seine au sein de Paris Ouest La Défense.

Le président de la Métropole a invoqué la jeunesse de l’institution qu’il préside, créée le 1er janvier 2016, pour demander que davantage de temps lui soit laissé avant de juger de son efficacité. Il a souligné, également, l’importance des investissements que devraient générer les concours Inventons la métropole du Grand Paris et insisté sur le rééquilibrage territorial, opéré notamment par le biais du fonds d’investissement métropolitain (FIM), qui consacre le double de ses fonds à l’est qu’à l’ouest.

« Les gilets jaunes sont nés en Seine-et-Marne »

Valérie Pécresse a débuté son propos en louant « l’intelligence des personnes qui dirigent les collectivités », qui a prévalu, en l’espèce, sur les antagonismes des structures et des partis, à l’occasion de la crise, et notamment lors de la constitution du fonds de résilience mis sur pieds par la Région. « Il y a trois ans, les gilets jaunes sont nés à 45 km de Paris, en Seine-et-Marne, parce qu’il n’y a pas de pires relégations que d’habiter près d’une métropole prospère, qui concentre toutes les richesses, et de se dire que l’on n’a pas les transports qui fonctionnent, pas de médecins, etc. Aujourd’hui, l’enjeu est l’aménagement du territoire ».

La présidente du conseil régional a proposé une nouvelle fois un scénario de gouvernance fusionnant la Métropole avec la Région, avec la création d’un second collège, celui des maires, pour traiter des questions métropolitaines.

Aucun des intervenants n’a mis en doute la certitude exprimée par certains qu’aucune réforme institutionnelle n’interviendrait en Ile-de-France avant la prochaine élection présidentielle. De source informée, la proposition de loi rédigée par deux députés LREM à l’occasion du débat financier qui oppose les Territoires et la Métropole dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2021 ne devrait avoir d’autres vertus que de contribuer à alimenter le débat.

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Cliquez sur l’image pour regarder l’audition sur le site du Sénat. © Jgp

 

 

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