Dans le cadre de la Grande enquête – Paris 2030, lancée par le parti socialiste parisien, Remi Féraud, désigné par Anne Hidalgo comme son dauphin pour les prochaines municipales, a exprimé samedi 30 novembre, lors d’une matinée de débats autour de Paris ville féministe, ses convictions pour une Capitale qui défende toujours davantage les femmes. Le sénateur, ancien maire du 10e arrondissement, a dévoilé quelques axes de sa campagne, en attendant son grand meeting de lancement.
Parmi les témoignages de militantes engagées dans la lutte pour défendre l’égalité hommes-femmes et lutter contre les violences sexistes, celui de Sandrine Bouchait, la présidente de l’Union nationale des familles de féminicides (UNFF), dont la sœur a été assassinée par son conjoint, a donné le ton. C’est de la souffrance réelle des victimes de violences et du caractère intolérable de la persistance des inégalités entre les femmes et les hommes dont il a été question tout au long de cette matinée, organisée dans le cadre de la Grande enquête – Paris 2030. Une initiative du parti socialiste parisien pour préparer les prochaines échéances municipales.
La plupart des intervenants de ces débats animés aux Récollets par l’essayiste Gabrielle Siry-Houari, adjointe au maire du 18e arrondissement, ont exprimé leur hostilité à ce que de nouvelles lois soient votées, estimant qu’il suffirait d’appliquer convenablement celles existantes. La loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel ou la loi du 4 août 2014 relative à l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, dite loi Vallaud-Belkacem, ont été évoquées par l’ancienne députée Maud Olivier, alors que les services sociaux alertent sur l’explosion de la prostitution des mineurs, qui concerneraient 15 000 personnes en France. « Nous sommes abolitionnistes car nous considérons que le corps humain est inaliénable, a déclaré Maud Olivier. Alors que 99 % des clients sont des hommes et que 86 % des personnes prostituées sont des femmes, la prostitution comme la pornographie, véhiculant l’idée que le corps des femmes peut être disponible à tous moments ou contre de l’argent, constituent la base de la culture du viol. L’argent vicie le consentement », a poursuivi l’ancienne parlementaire.
Rendre du pouvoir d’achat aux familles monoparentales
Celle-ci a rappelé que les mairies étaient en première ligne dans le combat contre la prostitution : en luttant contre le proxénétisme, en accompagnant les personnes qui souhaitent en sortir, en développant l’éducation populaire et en verbalisant le recours à des prostituées, passible de 1 500 euros d’amende.
Lors de cette matinée co-organisée par Kim Chiusano, élue à l’égalité femmes-hommes dans le 10e, Colombe Brossel, sénatrice de Paris, a décrit le cumul d’inégalités dont souffrent les nombreuses familles monoparentales, qui représentent un tiers des foyers parisiens, dont 83 % sont constituées de femmes élevant seules leurs enfants, 41 % d’entre elles vivant sous le seuil de pauvreté. « Ces familles sont les oubliées des politiques publiques », a déclaré l’élue du 19e arrondissement de Paris.
Ce qui explique pourquoi la délégation aux droits des femmes du Sénat vient de formuler une série de propositions en faveur de ces familles. Le maintien de l’allocation de solidarité familiale (ASF), de 190 euros par mois, même si la personne seule se met en couple, figure parmi elles. « Pourquoi la société tolère-t-elle que 30 % des pensions alimentaires dues ne soient pas versées », a interrogé la sénatrice. Celle-ci milite par ailleurs pour une meilleure reconnaissance des familles monoparentales grâce à une carte leur permettant de faire valoir leurs droits.
Julie Vella, directrice du Centre d’information des droits des femmes et des familles (CIDFF), a indiqué que le niveau et le nombre des violences faites aux femmes ne faiblissaient pas. La souffrance des enfants co-victimes de violences a également été soulignée, alors que les centres médico-psychologiques (CMP) sont saturés.
Présent, comme la maire du 10e Alexandra Cordebard ou la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, le maire du 18e Eric Lejoindre a relaté sa surprise de constater le degré de violence sexiste subi par la maire de Paris. L’élu a évoqué le réseau d’aide aux victimes, premier du genre, mis en place dans son arrondissement, notamment pour s’assurer que les victimes de violence étaient bien accueillis dans les commissariats.
L’ombre du backlash
Tout comme plusieurs intervenants, Remi Féraud s’est inquiété d’une tendance au « backlash », ou retour de bâton, « qui ne concerne pas seulement l’Amérique de Donald Trump ». Le candidat désigné par Anne Hidalgo pour mener la bataille des prochaines municipales pour Paris en commun a décrit la singularité de sa situation, briguant la succession de la première femme maire de Paris, face à une probable candidate « non féministe », « en tout cas n’ayant jamais exprimé de positions particulières à ce sujet ».
« Si nous voulons en faire une des grandes causes du prochain mandat, nous devons travailler dès à présent sur ce sujet, rencontrer les grandes capitales étrangères et les villes françaises qui sont en avance, à l’image de la ville de Nantes », a-t-il indiqué. « Je suis entré dans cette campagne en formulant des idées, des propositions, et je vais poursuivre dans cette voie », a-t-il-poursuivi en substance. Le sénateur de Paris a rappelé qu’il avait voté une seule révision constitutionnelle en tant que sénateur, celle inscrivant le droit à l’avortement dans la Constitution, « progrès qui montre également que l’on peut craindre un recul sur ces questions ».