Préservation du patrimoine de Paris : développer la culture du dialogue

Réjouissant lancement des Rencontres de l’architecture, de l’urbanisme et du patrimoine, mardi 9 mai au soir, dans le magnifique auditorium de la salle Cortot, rue Cardinet à Paris.

L’idée de Patrick Rollot, président d’Histoire et patrimoine, est simple. Favoriser le dialogue entre amoureux et défenseurs du patrimoine de Paris d’une part, et ceux chargés de faire évoluer la ville, au premier rang desquels figurent les architectes et les urbanistes, d’autre part. La première réunion de travail de ce nouveau cénacle est annoncée pour l’automne et débattra de l’impact du plan local d’urbanisme (PLU) bioclimatique de la ville sur son patrimoine. Des interventions dans les écoles sont également annoncées.

Mardi 9 mai 2023, c’est dans la splendide salle Cortot, rue Cardinet à Paris (17e arr.), que Patrick Rollot avait invité un aréopage d’historiens de l’art et de praticiens, ainsi que d’élus, pour lancer ce cycle de rencontres sur les fonts baptismaux. « La création de ces rencontres procède de quatre constats, a synthétisé Patrick Rollot : le patrimoine est l’âme d’une ville comme Paris et contribue largement à son attractivité ; une cité doit savoir évoluer ; le dialogue entre architectes, urbanistes et défenseurs du patrimoine s’impose pour cela, or il est quasiment inexistant ».

Patrick Rollot, fondateur de ces rencontres, président d’Histoire et patrimoine. © Jgp

Les différents intervenants, au premier rang. © Jgp

Geoffroy Boulard, maire du 17e arrondissement. © Jgp

Chacun à leur tour, les intervenants ont affirmé leur conviction des vertus de ce dialogue pour trouver l’équilibre, entre la préservation du passé et la préparation de l’avenir. « Il faut des passionnés pour défendre et des passionnés pour oser », a résumé l’historien de l’art et de l’architecture François Loyer.

A l’écoute du citoyen

« Les controverses relatives à ces sujets ont de tous temps irrigué la vie intellectuelle de notre pays », a rappelé Emmanuel Grégoire, le 1er adjoint de la maire de Paris, en charge de ces questions, y voyant aussi « la mise en scène de sous-jacents idéologiques ». L’élu du 12e arrondissement de Paris a rendu hommage à Valéry Giscard d’Estaing, qui a donné son nom au quai situé face au Musée d’Orsay, dont il fut à l’origine, lors d’une cérémonie qui s’est tenue ce même mardi 9 mai. « Valéry Giscard d’Estaing a su stopper certains grands projets d’urbanisme malheureux », a rappelé Emmanuel Grégoire, l’ancien président ayant, par exemple, mis un terme au projet de voie express rive gauche.

Alexandre Gady, historien de l’architecture, en charge de la mission de préfiguration du Musée du Grand siècle, a mis en garde l’assistance contre le risque de considérer que toute action militante en matière de patrimoine cache des motivations politiques ou politiciennes. Il a insisté sur la nécessité de la prise en compte du citoyen sur ces questions, jugeant que rien n’est pire que de solliciter leur participation pour, in fine, s’asseoir dessus.

« Donner le goût du patrimoine, c’est assurer sa continuité », a déclaré Geoffroy Boulard. Le maire du 17e a décrit son combat pour la préservation du patrimoine de son arrondissement, s’opposant régulièrement à des projets susceptibles de le dénaturer, auprès de la mairie centrale, du ministère de la Culture, ou des médias.

« Nous ne sommes pas l’incarnation du conservatisme »

Alexandre Labasse, directeur général de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), a évoqué notamment le rôle central que vont jouer dans les années à venir les toits de la ville face au réchauffement climatique. « La vocation des rencontres que vous lancez ce soir coïncide avec celle du Pavillon de l’Arsenal, qui vise également à favoriser le dialogue entre tous ceux qui fabriquent la ville », a dit en substance Marion Waller. La directrice générale du Pavillon de l’Arsenal a exprimé à son tour sa conviction de la convergence entre préservations du patrimoine et de l’environnement, évoquant la récente exposition « Conserver, adapter, transmettre » et ses nombreux exemples de transformation du bâti, avares en émissions carbone.

Jean-François Legaret, président de la commission du vieux Paris. © Jgp

Alexandre Gady, historien de l’architecture, en charge de la mission de préfiguration du Musée du Grand siècle. © Jgp

Marion Waller, directrice générale du Pavillon de l’Arsenal. © Jgp

Alexandre Labasse, directeur général de l’Atelier parisien d’urbanisme. © Jgp

« Nous ne sommes pas l’incarnation du conservatisme », a souligné Jean-François Legaret, insistant sur l’adhésion de la commission du vieux Paris, qu’il préside, à la nécessité d’adapter la Capitale à des enjeux bioclimatiques « que personne ne peut éluder ». Face à ces défis, l’architecte Enrico d’Agostino, représentant le Conseil régional de l’ordre des architectes d’Ile-de-France (Croaif) a estimé qu’il convenait « d’éviter le “solutionnisme”, le prêt à l’emploi, mais travailler pour fournir une réponse spécifique à chaque contexte ».

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