Michel Langlois : impliqué

Michel Langlois a quelques mandats à son actif. En bandoulière, il y eut la sacoche du facteur, et toujours l’engagement. Un « pli » social qui le fait cheminer de la Croix-Rouge au Droit au logement, de la Sécu à la CAF, du 93 au 95.

Si je veux critiquer, je dois d’abord m’engager, agir ou au moins essayer. » Un postulat – celui de Michel Langlois – qui invite à comprendre le parcours d’un homme aux multiples casquettes : président de la Caisse d’allocations familiales (CAF) de la Seine-Saint-Denis, membre du Conseil économique et social d’Ile-de-France, président de l’Institut régional de formation sanitaire et sociale de la Croix-Rouge, etc. A 66 ans, il n’a pas fini d’enrichir son CV. Il est aujourd’hui président de l’Agence départementale pour l’information sur le logement du 93 (Adil), président de la commission de médiation du Droit au logement du Val d’Oise, etc. Un engagement qui prend sa source on ne sait bien où. « Peut-être parce que ça doit servir à l’émancipation et que cette dernière est source de liberté. » Le mot est lâché : liberté. « C’est mon fil d’Ariane », raconte celui qui a passé une partie de son enfance en Algérie. « Nous y sommes partis en 1958 à la suite d’une mutation de ma mère, receveuse itinérante de la poste. Nous étions en zone de pacification. Je parlerais plutôt d’une zone de guerre… Alors quand je suis rentré, en 1962, à Bordeaux, je me suis jeté sur le premier vélo que j’ai trouvé et j’ai filé sans savoir où j’allais, où j’habitais… J’avais soif de liberté et ça ne m’a jamais quitté. »

Michel Langlois.

Michel Langlois. © G.B.

Il commence à travailler comme télégraphiste à la poste bordelaise à 15 ans. A 18 ans, il passe les concours, monte à Paris pour prendre sa fonction de préposé télégraphiste aux Halles. A Paris en 1968, le jeune homme hume l’air de l’espérance et se laisse porter par le vent de liberté. « Je suis même passé en conseil de discipline. On a parfois fait en sorte que le bureau de poste soit fermé durant le mois de mai… », lâche-t-il pour l’anecdote. Il commence à s’impliquer dans le syndicalisme à la CFDT, à flirter avec la politique (le PS) et à reprendre le chemin de l’école (les cours du soir) pour passer les concours de la fonction publique. « Même si, aujourd’hui, j’avance avec deux cannes, j’ai tout appris en marchant, au fil des expériences. Je n’aurais pas pu faire cette carrière de nos jours où, sans bac + 2, on n’est rien, nous dit-on. Quelle stupidité ! », s’emporte celui qui est (aussi) aujourd’hui vice-président de l’Ecole de la deuxième chance.

Rééquilibrage

L’engagement, pour Michel Langlois, c’est une histoire de fil en aiguille, de rencontres. « Un jour, un ami me dit : toi qui t’intéresses au social, la Sécu cherche des administrateurs. J’y suis allé. » A partir du milieu des années 1970, il n’a cessé de s’impliquer. Santé, social, éducation, et plus tard l’habitat au travers de l’Adil 93, « une maison que nous avons montée en 1998 et qui compte aujourd’hui 14 juristes qui informent, accompagnent les citoyens sur toutes les questions liées au logement », et le Dalo (Droit au logement opposable). Et le sujet lui tient à cœur. « Il faudra une volonté féroce pour rééquilibrer le territoire du Grand Paris en termes de logement social. Mais ce dernier ne résoudra pas tout. C’est l’habitat dans sa mixité qui fait la ville. A mon sens, on ne prend pas assez en compte la dimension sociologique et démographique. En 2030, il y aura 7 à 8 % de centenaires. Où va-t-on créer des structures pour eux ? Et pour les jeunes ? » Et Michel Langlois d’ajouter : « De manière générale, il faut aller vers un rééquilibrage social sur le territoire métropolitain, avec une offre de même nature en tenant compte de l’environnement. » A 66 ans, l’ancien postier assure que sa « tournée » est loin d’être bouclée.

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