Pour le maire (UDI) de Sceaux, vice-président de Paris métropole, les maires doivent constituer le socle des trois principales instances de la gouvernance de la métropole du Grand Paris : le président, le conseil métropolitain et le bureau exécutif.
Vous soulignez le rôle déterminant des maires pour la gouvernance de la métropole du Grand Paris dans une tribune publiée cette semaine sur La Tribune.fr. Concrètement, comment cela doit-il se traduire ?
Philippe Laurent : Les maires sont à la genèse de l’intégration métropolitaine. La métropole a été pensée par eux, par nous, pour tous les habitants du Grand Paris. En tant que maire « pionnier » engagé depuis plus de 15 ans dès les prémices du projet de métropole du Grand Paris, je suis ainsi convaincu que sa gouvernance doit être au diapason des 131 communes qu’elle regroupera. Et même davantage. Car construire la métropole, c’est donner vie à une entité qui est plus que la somme des 131 communes réunies. C’est libérer de nouvelles énergies, synergies et envies.
Au 1er janvier 2016, les maires du Grand Paris pourront être fiers d’avoir permis la création de la métropole. Et ils devront poursuivre cette aventure collective et citoyenne, ensemble. C’est pourquoi les maires doivent constituer le socle des trois principales instances de cette gouvernance : le Président, le Conseil métropolitain et le bureau exécutif. Les élections des conseillers métropolitains, auxquelles sont en train de procéder chaque commune lors des conseils municipaux de la fin de l’année, seront donc décisives. Et en premier lieu celles des conseillers métropolitains de Paris.
Quelle place doivent occuper les maires d’arrondissement de Paris dans cette gouvernance ?
C’est précisément le Conseil de Paris qui nous le dira. Lors de ses prochaines réunions à partir de lundi prochain (le 14 décembre), le Conseil de Paris doit désigner 62 conseillers métropolitains. J’attends avec impatience la composition des listes des différents groupes politiques qui concourront à cette élection. Il s’agit d’un moment de vérité : Paris jouera-t-il complètement la carte du Grand Paris ? Les maires d’arrondissement siégeront-ils tous au Conseil métropolitain en janvier ? Il faut bien comprendre que la métropole du Grand Paris est une réponse concrète et positive de rassemblement des élus de terrain pour répondre aux préoccupations des citoyens.
Pour les Parisiens, très attachés à leur arrondissement, voir siéger leur maire d’arrondissement à la métropole renouvellera la confiance qu’ils leur ont accordée pour agir dans leur intérêt. Surtout, en confiant sa représentation aux maires, Paris peut marquer un engagement fort à la hauteur des ambitions du Grand Paris. La ville lumière doit guider ce mouvement en les choisissant pour piloter les actions de la métropole. Nous verrons quel sera son choix, mais il est certain qu’il comptera pour beaucoup dans le futur de l’intégration métropolitaine de Paris, qui n’a pratiquement aucune culture de l’intercommunalité, alors que la majorité des maires de la petite couronne l’ont acquise depuis plus d’une décennie..
A la veille du 2e tour des régionales et d’un premier tour favorable au FN, la capacité des élus à dépasser les clivages partisans semble utopique. Pourquoi y croyez-vous ?
Au-delà d’une conviction, c’est une nécessité ! La métropole ne pourra mener à bien sa mission sans que les 131 maires qui la composent se libèrent des clivages politiques partisans. Ils l’ont fait dans le cadre de Paris Métropole et de la Mission de préfiguration. Il faut continuer dans ce sens, c’est-à-dire à travailler de concert au service des citoyens et des territoires. Quelle garantie apporter sur ce sujet ? La définition de la gouvernance métropolitaine peut là encore constituer un levier majeur. Je soutiens l’idée d’un bureau exécutif reflétant la diversité du paysage politique des élus métropolitains. Un impératif pour la bonne mise en œuvre de ses compétences en matière d’aménagement du territoire, de logement, de développement économique, social et culturel, et à l’heure de la COP21 en matière de protection et de mise en valeur de l’environnement. En ces temps difficiles pour notre démocratie française, je crois en la puissance de l’intérêt métropolitain et en notre capacité à construire cette métropole solidaire, durable, attractive que nous avons impulsée il y a déjà plusieurs années. Il serait vraiment dramatique de laisser les clivages partisans prendre le dessus alors que nous souhaitons tous une métropole utile à chacun. Nous ne pouvons nous le permettre, la réussite de la métropole est une responsabilité collective. Et n’oublions pas que la Métropole sera regardée par le monde entier : nous devons donner une image rassemblée, forte et positive !
Le futur président ou la future présidente de la métropole du Grand Paris doit donc être un maire ?
Oui, j’en suis convaincu. Seules l’expérience communale et la connaissance vécue des préoccupations de nos concitoyens peuvent conduire la métropole à sa réussite, et donner les moyens au Grand Paris de rivaliser avec d’autres métropoles comme le Grand Londres par exemple. Chaque jour, le maire se bat pour défendre les intérêts de ses concitoyens, pour créer les conditions d’un avenir meilleur et commun tout en préservant leur cadre de vie. Il doit en être de même pour la métropole du Grand Paris, il s’agit avant tout de porter l’intérêt général en permettant à chacun d’y trouver sa place, d’y saisir sa chance. Par la voix de son président ou de sa présidente, la Métropole du Grand Paris doit être le reflet d’une légitimité démocratique indispensable à son action. La présidence du Conseil métropolitain doit absolument échapper à l’étouffoir partisan, jouer à fond le collectif des maires. A la veille de sa création le 1er janvier prochain, les attentes des futurs Grands parisiens, des acteurs économiques, de toutes les forces vives présentes ou liées à la métropole sont immenses. Les décevoir est exclu.