Non-cumul des mandats : ces élus franciliens qui vont devoir choisir

Du fait de la règle de non-cumul de mandats, de nombreux élus au Parlement devront choisir, une fois élus. Quand ils n’ont pas déjà renoncé à l’un de leurs mandats. Tour d’horizon en Ile-de-France.

Outre le bouleversement que va provoquer la présence d’élus de La République en Marche (LREM), les élections législatives des 11 et 18 juin vont conduire à un renouvellement inédit des députés du fait de l’application d’une nouvelle règle concernant le cumul des mandats. Il n’est en effet désormais plus possible d’être élu à l’Assemblée nationale et de présider un exécutif local, qu’il s’agisse d’une mairie, d’une intercommunalité, d’un département ou d’une région. Proscrit également le cumul d’un mandat de parlementaire avec la vice-présidence d’une collectivité territoriale.

Paris

Dans la 1re circonscription (1er-2e-8e-9e arrondissements), Jean-François Legaret, le maire du 1er, suppléant du député sortant Pierre Lellouche qui ne se représente pas, brigue le siège de député et bénéficie de l’investiture LR dans le 1er. Il devra donc choisir s’il est élu. Le maire du 4e Jean-Pierre Lecoq (diss. LR) se présente dans la 2e circonscription de Paris (5e-6e-7e arr.), où François Fillon, sortant, ne se représente pas. Une circo à surveiller puisqu’elle sera également le théâtre de l’affrontement entre NKM (LR) et Henri Guaino. Brigitte Kuster, maire (LR) du 17e, se présente à la députation dans la 4e circonscription (16e-17e arr.), occupée jusqu’à présent par Bernard Debré (LR) qui ne se représente pas.

Dans la 12e circonscription (7e-15e arr.), le maire du 15e (LR) Philippe Goujon se présente et devra donc choisir. Idem dans la 14e circo, où le maire sortant (LR) du 16e Claude Goasguen se présente également. Ian Brossat (PC) candidat à la députation dans le 17e (18e-19e arr.) devra également choisir avec son mandat d’adjoint au maire de Paris, s’il est élu. Dans la 15e circonscription, Antoinette Guhl, candidate EE-LV, devra également choisir entre ses mandats de député et d’adjointe à la maire de Paris. A suivre également à Paris les candidatures de Mounir Mahjoubi (LREM), secrétaire d’Etat au numérique, de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS dans la 16e circo, de Benjamin Griveaux, porte-parole de LREM dans la 5e circonscription (3e-10e arr.) ou de Myriam El Khomri dans la 18e circonscription.

Claude Goasguen brigue un nouveau mandat de député. Maire du XVI°, il devra choisir s’il est élu. © JGP

Yvelines

Sur les 12 circonscriptions des Yvelines, neuf maires Les Républicains se présentent dont quatre sont déjà députés : Pascal Thévenot à Vélizy-Villacoublay ; Jacques Myard à Maisons-Laffitte ; Pierre Morange à Chambourcy ; et Jean-Marie Tétart à Houdan. Ils devront abandonner leur mandat municipal s’ils remportent l’élection, tout comme Philippe Brillault, maire du Chesnay et conseiller départemental, Ghislain Fournier, maire de Chatou, Michel Vialay, maire de Mantes-la-Jolie et Jean-Michel Fourgous, maire d’Elancourt, qui connaît déjà l’Assemblée nationale pour y avoir effectué trois mandats (1993/1997, 2002/2012). Stéphane Hazan, maire de Lainville-en-Vexin, affronte les urnes dans la 12e circonscription (Montfort-l’Amaury, Plaisir et Poissy) sans étiquette politique. Il affrontera notamment le candidat sortant LR, David Douillet. Député LR de la 10e circonscription, l’ex-candidat à la primaire de la droite et du centre, Jean-Frédéric Poisson, également conseiller municipal de Rambouillet, reste fidèle aux Républicains.

Seine-et-Marne

Plusieurs ténors des Républicains seine-et-marnais cumulaient jusqu’ici le statut de maire et de député. La plupart sont actuellement en campagne, dont Yves Jégo qui cédera donc son siège à Montereau-Fault-Yonne en cas de victoire, de même pour Christian Jacob à Provins, Yves Albarello à Claye-Souilly ou Franck Riester à Coulommiers. A noter qu’Yves Jégo et Franck Riester n’auront pas de candidat de La République en marche face à eux. Jean-François Copé a, en revanche, donné la priorité à sa ville de Meaux, malgré son attachement aux deux mandats qu’il a exprimé dans une lettre aux habitants : « Il s’agit pour moi d’une décision extrêmement difficile, un véritable crève-cœur tant j’aime profondément à la fois servir Meaux et notre Nord Seine-et-Marne tout en portant vos idées, vos inquiétudes et vos colères au centre du débat national. » Jean-François Parigi a été investi par Les Républicains dans sa circonscription.

A noter dans ce département que le socialiste Olivier Faure, non cumulard, se représente, comme son collègue Eduardo Rihan Cypel qui aura parmi ses adversaires Chantal Brunel pour les LR et Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du Raid, pour La République en marche.

Essonne

En Essonne, le maire d’Etampes et député (LR) sortant, Franck Marlin, se présente pour un sixième mandat à l’Assemblée nationale. Il devra donc choisir avec ses fonctions de premier édile, qu’il occupe depuis 1995. Dans la circonscription de Dourdan-Brétigny, face au député (PS) sortant Michel Pouzol, c’est le maire (UDI) de Brétigny-sur-Orge, Nicolas Méary, qui a reçu l’investiture LR-UDI, sans que le maire (LR) de Breuillet, Bernard Sprotti, renonce à se présenter. Nathalie Kosciusko-Morizet ayant quitté l’Essonne pour Paris, elle laisse la quatrième circonscription vacante. La maire (LR) de Longjumeau, Sandrine Gelot, dont la candidature était initialement pressentie, a laissé la place à une autre proche de NKM, Agnès Evren, vice-présidente (LR) en charge de l’éducation et de la culture au conseil régional d’Ile-de-France. « Il faut faire un choix et je suis très attachée à mon mandat de maire », a souligné Mme Gelot pour expliquer sa décision.

Deux maires porteront les couleurs LR-UDI dans la 7e circonscription face à la député (EELV) sortante Eva Sas : le jeune maire (LR) de Juvisy, Robin Reda, fait campagne avec Jean-Marie Vilain, le maire (UDI) de Viry-Châtillon, son suppléant. Dans la 8e circonscription, sans surprise, le député sortant, Nicolas Dupont-Aignan, se représente. En cas de victoire, il pourrait donc quitter la tête de la mairie de Yerres. « Ce que j’ai fait dans ma ville, je veux le faire pour la France » était pourtant son slogan lors de la campagne présidentielle. Dans la 10e circonscription, le député (PS) sortant, Malek Boutih, qui a pour suppléant le maire (PS) de Sainte-Geneviève-des-Bois et président de l’agglomération Cœur d’Essonne, Olivier Léonhardt, affronte notamment le maire (PCF) de Grigny, Philippe Rio. Enfin, si l’ancien Premier ministre, Manuel Valls, a depuis longtemps quitté la tête d’Evry au profit de Francis Chouat, il se présente à sa propre succession dans la 1re circonscription, face à pas moins de 21 autres candidats dont Dieudonné ou encore l’indépendant Jacques Borie, flanqué de son très médiatique suppléant, le chanteur Francis Lalanne.

Hauts-de-Seine

Sur les 13 circonscriptions des Hauts-de-Seine, 12 candidats de La République en Marche (LREM) affronteront certains ténors des Républicains, aux premiers rangs desquels Eric Berdoati, maire de Saint-Cloud, Gilles Boyer (ex-directeur de campagne d’Alain Juppé) ou encore Georges Siffredi. Le député sortant de la 13e circonscription (Antony, Bourg-la-Reine, Châtenay-Malabry, Sceaux) va devoir abandonner, s’il conserve son siège à l’Assemblée nationale, son mandat de maire de Châtenay-Malabry et celui de 1er vice-président du département. Dans la 9e circonscription (Boulogne-Billancourt), le député sortant LR Thierry Solère, contraint de démissionner de la présidence du groupe LR à la région Ile-de-France, n’aura face à lui ni candidat LREM, ni candidat PS. En revanche, dans la 12e circonscription (Châtillon, Clamart, Fontenay-aux-Roses, Le Plessis-Robinson), le maire LR du Plessis-Robinson, Philippe Pemezec, affrontera l’ancien et fameux député européen Jean-Louis Bourlanges, écarté de l’émission dominicale de France culture, l’Esprit public, pour son ralliement à Emmanuel Macron. Enfin, dans la 5e circonscription (Clichy-Levallois), c’est finalement Arnaud de Courson, conseiller municipal d’opposition de Levallois-Perret et conseiller départemental, qui a été investi par Les Républicains pour assurer la relève de Patrick Balkany.

Patrick Ollier ne se représente pas pour se consacrer à la présidence de la métropole du Grand Paris. © JGP

Seine-Saint-Denis

La plupart des candidats stars des législatives en Seine-Saint-Denis n’ont pas de mandat local, d’Emmanuelle Cosse à Marie-George Buffet en passant par Elisabeth Guigou, Nathalie Arthaud, ou encore François Asselineau. Néanmoins, un certain nombre de maires et de maires adjoints se présentent. Ainsi, Stéphane Peu, maire adjoint (PCF) de Saint-Denis, fait campagne dans la 2e circonscription face au député PS sortant, Mathieu Hanotin. Dans l’ancienne circonscription de Claude Bartolone, c’est le maire (PS) des Lilas et vice-président de la MGP, Daniel Guiraud, qui prend la relève, aux côtés de sa suppléante, Corinne Valls, maire de Romainville et vice-présidente du conseil départemental. Dans la 12e circonscription, le maire (UDI) de Coubron, Ludovic Toro, a reçu l’investiture LR-UDI et a notamment comme adversaires de campagne deux maires adjoints (PS) de Clichy-sous-Bois, Samira Tayebi pour le PS et Stéphane Teste pour LREM. Le maire de Montfermeil, Xavier Lemoine, a finalement jeté l’éponge. Dans la 5e circonscription, Jean-Christophe Lagarde, député (UDI) depuis 2002, se représente et a annoncé qu’il démissionnerait de ses fonctions de maire de Drancy en cas de victoire, laissant sa place à sa femme, Aude, 6e adjointe. A 70 ans, le maire (Front de gauche) de Tremblay-en-France et député sortant, François Asensi, a, lui, choisi de conserver sa ville et de passer la main pour les législatives à son ancienne suppléante, Clémentine Autain. Enfin, dans la circonscription Montreuil-Bagnolet, signalons la candidature de l’ancien maire (PCF) de Montreuil, Jean-Pierre Brard, face notamment à Pierre Serne (EELV), Alexis Corbière (La France insoumise) et le député (PS) sortant Razzy Hammadi.

Val-de-Marne

Dans la première circonscription, le député (LR) sortant, Sylvain Berrios, choisit la mairie de Saint-Maur-des-Fossés et ne se représente pas. « Un choix intime, le choix d’une vie », explique l’élu qui rappelle avoir été « l’un des rares parlementaires de droite à voter la loi sur l’interdiction du cumul des mandats ». Et parce qu’il « a besoin d’un relais efficace à l’Assemblée nationale », l’élu soutient la candidature (LR) d’André Kaspi, son maire-adjoint en charge de la culture. Sylvain Berrios restera donc vice-président de Paris Est Marne et Bois, et de la métropole du Grand Paris en charge de la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations (Gemapi).

Dans la 2e circonscription, le député (PS) sortant, Laurent Cathala, choisit Créteil dont il est maire depuis 40 ans, et la présidence du territoire Grand Paris Sud Est Avenir, laissant son maire-adjoint, Axel Urgin, mener la campagne des législatives pour le PS. Après trois mandats à l’Assemblée nationale, où il a notamment porté la loi sur le Grand Paris du 3 juin 2010, Jacques-Alain Bénisti, député sortant (LR) ne se représente pas dans la 4e circonscription et restera donc maire de Villiers-sur-Marne. En revanche, la candidate LR qui vise sa succession, la maire de Sucy-en-Brie et conseillère régionale Marie-Carole Ciuntu, devra choisir entre ses mandats en cas de victoire.

Gilles Carrez a cédé son mandat de maire du Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne) et sera à nouveau candidat aux législatives. © JGP

De son côté, le député (LR) sortant Gilles Carrez a devancé la loi sur le cumul des mandats en cédant, dès décembre 2016, le fauteuil de maire du Perreux qu’il occupait depuis 24 ans à sa première adjointe, Christel Royer. Le président sortant de la commission des finances de l’Assemblée nationale se représente donc pour un sixième mandat de député, avec l’investiture LR-UDI.

Le maire de Fresnes et député socialiste sortant, Jean-Jacques Bridey, se présente cette fois-ci sous l’étiquette La République en Marche dans la 7e circonscription, où il affronte notamment le jeune maire (LR) de L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun. Le maire de Maisons-Alfort depuis 1992 et député LR sortant, Michel Herbillon, 66 ans, se représente laissant planer le doute sur l’avenir de ses fonctions de maire et de vice-président de la MGP en charge de la promotion et du développement du tourisme. À Alfortville, le député (PS) sortant, René Rouquet, 71 ans, ne se représente pas. Et c’est l’actuel maire (PS) d’Alfortville, Luc Carvounas, dont le mandat au Sénat s’achève, qui se présente en « candidat de la gauche rassemblée ». En 2016, il avait signé avec plusieurs collègues PRG et PS une proposition de loi autorisant les maires élus en 2014 qui seraient aussi parlementaires à pouvoir rester maires bénévolement jusqu’à la fin de leur mandat en 2020. Renoncer sera donc un crève-coeur pour celui qui est également vice-président de la MGP chargé des zones d’activité et grands équipements.
Dans la 10e circonscription, le député sortant (MRC) Jean-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre depuis 1995, a passé le flambeau municipal en janvier 2016 à son premier adjoint Jean-Marc Nicolle, et se représente pour un deuxième mandat. À l’inverse, le maire (PS) de Cachan, Jean-Yves Le Bouillonnec, a annoncé en mars qu’il choisissait sa ville et renonçait à se représenter. Il pourra donc conserver ses fonctions de président du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris. Et c’est Hélène de Comarmond qui défendra les couleurs du Parti socialiste dans cette circonscription. Elle est aujourd’hui maire-adjointe de Cachan et 2e vice-présidente de l’EPT Grand Orly Seine Bièvre.

Val d’Oise

Dans le Val d’Oise, les députés sortants ont fait des choix assez différents. Du côté des Républicains, si Philippe Houillon a choisi de se consacrer à sa mairie de Pontoise, Dominique Lefebvre, conseiller municipal à Cergy, et Jérôme Chartier, adjoint à Domont, briguent un nouveau mandat à l’Assemblée. Le vice-président du conseil régional a comme suppléante Muriel Hoyaux, collaboratrice de Patrick Devedjian au conseil départemental des Hauts-de-Seine. Quant à François Scellier, c’est son âge qui lui fait renoncer à se présenter à nouveau. Du côté des socialistes, François Pupponi se représente et quittera donc sa mairie de Sarcelles en cas de succès, tandis que Jean-Pierre Blazy a décidé de laisser son siège au Palais-Bourbon pour garder celui de premier magistrat de Gonesse.

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