Nathalie Fanfant – France-îlienne

Conseillère de Paris et de la métropole, Nathalie Fanfant, élue toujours radieuse, est tombée en politique par le hasard d’une vie pleine de rencontres.

Elle sort du métro avec « Sans compter la neige » de Brice Homs, à la main, le livre qu’elle dévore ces jours-ci. « Un surdoué », dit-elle. Le dernier Houellebecq qu’elle vient d’acheter attendra. Nathalie Fanfant pratique le name-dropping à foison. Sans peine. Son carnet d’adresses mixe le monde de la musique, et pas seulement des Caraïbes. Mais tout ce que Paris compte de figures de l’Outre-mer connaît également cette femme élancée, sportive, au sourire ravageur. Et au regard franc. Qui compte également un réseau politique et économique étoffé.

Cette fille d’enseignants, née à Fort-de-France, est tombée en politique par le hasard des rencontres. Elle n’en vit pas puisqu’elle a toujours conservé son métier dans le tourisme. Dont elle ne souhaite pas parler, soucieuse d’éviter tout conflit d’intérêt.

Nathalie Fanfant

Nathalie Fanfant. © JGP

Entre deux éclats de rire, elle confie sans détour ce qu’elle pense des uns et des autres, alternant les « j’adore », ou les « ça m’agace un peu ». Clairement à droite, elle nourrit une aversion pour ce qu’elle nomme un certain paternalisme de gauche, mâtiné de condescendance vis-à-vis de minorités, noires en l’occurrence. « Je taquine mon père en lui disant qu’il est un sarkoziste qui s’ignore », résume-t-elle, puisque, s’il penche du côté des indépendantistes martiniquais, il est, comme elle, attaché aux valeurs du travail et de la famille.

Nathalie Fanfant ne prend pas de gants pour déplorer ce qu’elle estime être la brusquerie de la maire de Paris. « Toute idée provenant de la droite est mauvaise par nature à ses yeux », remarque-t-elle, regrettant l’annonce récente « d’une police Canada dry » qui, estime-t-elle, ne sera pas à la hauteur des enjeux. Avec gravité, elle évoque le légitime désir des Parisiens de vivre en sécurité, et raconte le cas récent d’une de ses amies, molestée et dévalisée dans son appartement. Intarissable, elle encense Patrick Ollier, rappelle les nombreux chantiers ouverts par la métropole, et dit sa fierté de participer à la dynamique métropolitaine en cours.

« Tous créoles »

La politique, donc, est venue chez Nathalie Fanfant après un itinéraire dans le monde des musiciens et de l’engagement associatif. Elle a œuvré d’abord au sein de « Tous créoles », qui lutte contre les discriminations et œuvre pour la valorisation de la créolité dans le monde. Après des études de langue, puis de communication publique et politique, elle s’est impliquée aussi dans des actions de développement économique, créant notamment avec des amis la JOMD, journée outre-mer développement. Puis elle a monté un festival de jazz caribéen, avec son ami Philippe Lavil. Et un soir, après un débat organisé au Sénat sur la musique créole, l’assistant parlementaire d’un député de la Martinique la met en relation avec Jean-Jacques Giannesini, qui dirige la section UMP du 19e arrondissement de Paris. « Une semaine plus tard, je distribuais des tracts. J’ai tout de suite adoré la politique », raconte-t-elle.

Son entrain, son alacrité constante, sa générosité et son réseau la font remarquer par l’entourage de Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, et qui la lui recommande. Ce dernier la nomme secrétaire nationale du mouvement, chargée de la lutte contre les discriminations, puis en charge de l’Outre-mer. Aujourd’hui, conseillère de Paris depuis 2014, et métropolitaine depuis 2016, elle apprécie Pierre-Yves Bournazel à sa juste valeur, comme de nombreux ténors de la droite parisienne. Et fustige au passage un président de la République « qui manque un peu d’altérité ». Tout son contraire, en quelque sorte.

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