Municipales : l’Institut Paris Region scrute le scrutin  

Abstention élevée en grande couronne, fonctionnement à plein de la prime aux sortants, conséquences « baroques » de l’incertitude inédite sur la date du second tour, en particulier pour les intercos, qui vont voir cohabiter pendant une durée incertaine, nouveaux et anciens élus… L’Institut Paris Region vient de livrer une analyse circonstanciée du 1er tour des élections municipales en Ile-de-France.

« Une fois de plus, la lisibilité et la représentativité de l’échelon intercommunal apparaissent comme les victimes collatérales de décisions institutionnelles hâtives », estiment Isabelle Zugetta et Léo Fauconnet, de l’Institut Paris Region, dans leur analyse des récentes élections municipales en Ile-de-France (*), publiée le 15 avril 2020.

Elections municipales à Paris, le 15 mars 2020. © Jgp

En attendant que le second tour ait lieu dans les communes où cela est nécessaire, élus le 15 mars, dont l’élection dès le 1er tour est sanctuarisée, et élus issus de la mandature précédente « cohabiteront » dans les assemblées intercommunales, rappellent les deux politistes, avec des exécutifs inchangés. Sont concernés la MGP, les 11 établissements publics territoriaux de petite couronne et 49 des 51 EPCI de grande couronne.

« Deux intercommunalités franciliennes seulement – la communauté de communes Gally Mauldre (Yvelines) et la communauté d’agglomération du Pays de Meaux (Seine-et-Marne) – ont vu les élections être conclusives dans la totalité de leurs communes-membres dès le premier tour et connaissent ainsi l’identité de tous leurs futurs conseillers communautaires », indiquent les auteurs de cette étude.

73 conseillers métropolitains déjà élus

Au sein de ces intercos, « les « anciennes » équipes y assurent actuellement la transition en période de confinement et les nouvelles pourront entrer en fonction (et désigner les exécutifs renouvelés) dans un délai de trois semaines après celle des municipalités, c’est-à-dire au plus tard au tout début de l’été », rappellent-ils également. À l’échelle de l’Ile-de-France, ce sont 2 083 conseillers communautaires qui ont été désignés dès le premier tour. Ce chiffre est à rapprocher du total des 2 896 élus intercommunaux que comptait la région lors de la mandature précédente. Au niveau de la métropole du Grand Paris (MGP), 73 conseillers métropolitains ont déjà été élus par les électeurs sur un total de 208, est-il également indiqué.

« Espérons, alors que certains évoquent une poursuite des opérations électorales renvoyée au printemps 2021 (au nom d’un couplage avec les scrutins départementaux et régionaux), que cette période transitoire sera réduite au stricte nécessaire. Ou que le temps sera mis à profit pour, enfin, envisager une réforme au service de la simplification de l’organisation intercommunale en Ile-de-France ! », ajoutent Isabelle Zugetta et Léo Fauconnet.

Bureau de vote, Paris. © Jgp

L’étude indique que 80 % des communes franciliennes (1 024 sur 1 268) ont d’ores et déjà acté le renouvellement de leur conseil municipal, avec des équipes élus dès le 1er tour. Elle rappelle que la loi du 23 mars 2020, dite « d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19 », dispose que même « dans les communes pour lesquelles le conseil municipal a été élu au complet, les conseillers municipaux en exercice avant le premier tour conservent leur mandat jusqu’à l’entrée en fonction des conseillers municipaux élus au premier tour ». Autrement dit, quel qu’ait été le vote – élection dès le premier tour ou nécessité d’en organiser un second, maire sortant ne se représentant pas, réélu, en ballotage ou éliminé –, partout ce dernier reste aux manettes pour assurer la continuité du service public communal en ces temps troublés.

Une abstention plus élevée en grande couronne

L’étude souligne également une abstention plus élevée en grande couronne : « en ne retenant que les communes de plus de 1 000 habitants (où le mode de scrutin est proportionnel et la comparaison des données dans le temps plus aisé), on observe que la quasi-totalité des territoires où l’abstention a connu un différentiel de plus de 20 points à la hausse, entre les scrutins municipaux de 2014 et 2020, se situent en grande couronne. Les écarts de plus de 30 points se rencontrent presque exclusivement en-dehors de l’agglomération de Paris, dans les espaces périurbains et ruraux », est-il indiqué.

Avec une grande stabilité, autrement appelée prime aux sortants : 728 maires (c’est-à-dire près de six des édiles franciliens sur dix) de la précédente mandature semblent d’ores et déjà appelés à le rester.

* Qui va diriger les communes et intercommunalités franciliennes dans les mois à venir ? Chronique des communes franciliennes 2020 n° 4

Consultez l’étude 

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