Marion Waller : « Le Pavillon de l’Arsenal part en tournée dans le Grand Paris »

Marion Waller, directrice générale du Pavillon de l’Arsenal, qui compte désormais la Métropole parmi ses financeurs, décrit sa programmation « Hors les murs » durant la prochaine fermeture de ses locaux pour rénovation. Une programmation qui entend refléter les dynamismes de transformation urbaine du Grand Paris.

Que va devenir le Pavillon de l’Arsenal pendant sa rénovation ?

Nous déménageons en décembre, pour laisser place à la rénovation du Pavillon de l’Arsenal, menée par les architectes de l’agence Data et financée par la ville de Paris, propriétaire des lieux. A partir de janvier démarre ce que l’on appelle notre hors les murs, une nouvelle étape pour le Pavillon. Nous voulons en profiter pour multiplier nos actions dans le Grand Paris. Notre site historique sera fermé pendant environ deux ans et demi durant lesquels nous allons nous installer ailleurs. Nous allons choisir des lieux d’exposition en fonction de nos thèmes. Cela va nous permettre d’enrichir et de diversifier notre public.

Marion Waller. © Jgp

Avez-vous déjà un itinéraire ?

Début février, dans le parking situé sous le parvis de Notre-Dame, nous ouvrons une exposition sur les lieux sacrés du Grand Paris. Parce que le sacré constitue souvent l’une des origines des villes. Nous souhaitons interroger, dire ce que signifie aujourd’hui un lieu sacré. Nous allons parler des lieux de culte, mais aussi des nouvelles formes de sacré. Aujourd’hui, les gens peuvent voir du sacré dans la nature, voire même dans un stade. Il y a évidemment tous les lieux de mémoire laïcs. Ce sera notre premier hors les murs. Et c’est très symbolique parce qu’il débutera juste après la réouverture de Notre-Dame.

En mars, nous ouvrons une exposition baptisée Materia à Césure avec Plateau urbain, sur l’ancien campus Censier de l’Université Sorbonne nouvelle. C’est la suite de Terra Fibra, exposition que l’on avait organisée au Pavillon sur les matériaux naturels utilisés dans la construction. Nous y présenterons les résultats d’un grand concours sur les matériaux écologiques et biosourcés.

D’autres expositions sont-elles déjà prévues ?

De multiples collaborations sont à l’étude. A chaque fois, enfin souvent, nous allons faire dialoguer l’architecture et d’autres disciplines. Pour nous, c’est une manière de sortir du 4e arrondissement, d’aller chercher des nouveaux publics. Nous estimons que l’on a un rôle à jouer à l’échelle métropolitaine, où d’autres acteurs parlent d’urbanisme, évidemment, et tant mieux, mais où il n’y a pas d’équivalent de notre taille. On part un peu en tournée. En juin, nous allons co-produire une exposition avec les Magasins généraux, à Pantin (Seine-Saint-Denis), sur l’école idéale. Nous souhaitons montrer comment l’architecture peut améliorer l’école. Les Magasins généraux vont faire travailler des artistes contemporains sur ce sujet, nous des architectes.

Vous intervenez d’ores-et-déjà dans le Grand Paris…

Effectivement, on commence à faire des choses dans le Grand Paris. Par exemple, nous étions présents lors de l’ouverture de l’école mise par la ville de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) à disposition de Banlieues climat, samedi 12 octobre. Banlieues climat, l’école populaire du climat, est une association qui entend relier écologie et quartiers populaires, fondée notamment par un jeune homme qui s’appelle Féris Barkat, avec Sanaa Saitouli, qui préside l’association. Nous travaillons avec eux pour présenter notre initiative « House Europe », dont nous essayons de parler dans tous les cadres possibles.

Pouvez-vous nous en dire plus ?

House Europe est une initiative citoyenne européenne, une proposition de loi que nous irons porter partout dans le Grand Paris. Il s’agit de montrer que le sujet de la rénovation concerne aussi les quartiers populaires, parce que le choix de rénover plutôt que de démolir c’est aussi une forme de respect des habitants de ces quartiers-là, après des dizaines d’années de politiques urbaines qui ont parfois effacé des mémoires. A partir de janvier prochain, les votes s’ouvrent. Nous allons organiser à cette occasion un grand événement, avec de nombreux architectes et d’autres écosystèmes. Nous sommes convaincus que l’on renforce l’architecture quand on la relie à d’autres arts ou d’autres structures.

Quelles sont vos relations avec la métropole du Grand Paris ?

La métropole du Grand Paris est un partenaire du Pavillon de l’Arsenal et désormais l’un de nos financeurs. Nous en sommes ravis. Tout ce que l’on fait pour Paris, nous voulons proposer de le faire à l’échelle du Grand Paris, avec la Métropole, selon les envies, les aspirations de ses différents élus, des aménageurs du Grand Paris qui sont très partants pour cela. Nos évènements hors les murs vont nous aider à tisser des liens. De là naîtront de nouveaux projets. Il reste un énorme travail à faire sur l’imaginaire, sur les communs du Grand Paris, sur ce qui nous relie. On y arrivera si on a un collectif fort d’institutions culturelles, d’associations, d’élus engagés. Pour cela, l’architecture et l’urbanisme constituent des outils incroyables.

Ce sera un des thèmes de la future exposition permanente du Pavillon ?

Oui. Nous allons créer au rez-de-chaussée du Pavillon une nouvelle exposition, qui donne envie aux gens de se sentir partie prenante de cette construction. Quand on rouvrira, de nombreuses stations du Grand Paris express seront en service. En 2027, nos frontières mentales, l’imaginaire des gens, auront déjà énormément bougé. Notre exposition en sera le reflet. Il est très rare qu’il se passe autant de choses dans un temps si court dans l’histoire d’une ville. Le Grand Paris est un des ensembles urbains qui bougent le plus en Europe. A Saclay, par exemple, où la ligne 18 va ouvrir, une ville nouvelle est en train de naitre. On veut le documenter, raconter cette histoire. On veut le raconter dans nos expositions, mais aussi par de nouveaux formats, des vidéos, des podcasts. Pour que les gens s’en rendent compte. Notre savoir-faire, c’est la mise en récit. Montrer les belles choses. Montrer l’architecture qui incarne tout ça.

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