Conseillère de Jean-Louis Missika à la ville de Paris depuis 2014, celle que l’on surnomme « la future maire du Grand Paris » mène de front ses trois passions : urbanisme, philosophie et politique.
A 26 ans, Marion Waller compte parmi les étoiles montantes de la nouvelle génération d’engagés politiques. Alors que beaucoup de jeunes « vivent dans une angoisse profonde », cette intrépide féministe et écologiste « croit encore à la force du politique pour changer les choses ». Même si, lucide et avec une étonnante maturité, elle reconnaît « la puissance des administrations d’Etat ». Collaboratrice de Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme de la maire de Paris, depuis les élections de 2014, cette joueuse de football féminin a révélé tant ses talents que son potentiel dans la mise en œuvre du concours urbain « Réinventer Paris ». Véritable cheville ouvrière, elle a concrétisé l’idée lumineuse de l’élu. Choisir les sites, surmonter les réticences, convaincre du bien-fondé de privilégier l’innovation au prix, élaborer le cahier des charges, préparer des notes de synthèse pour les jurys… « Changer les règles impliquait d’argumenter et d’expliquer », justifie Marion Waller pour qui « la bonne politique est de pouvoir avoir un impact sur un écosystème ».

Marion Waller. © JGP
Certes, les critiques ont parfois été rudes mais la novice a retenu une leçon : « quand on change vraiment les choses, il est impossible que cela se fasse dans le consensus ». Et surtout, la nouvelle renommée internationale de Paris a fini d’asseoir sa profonde conviction du bien-fondé de la démarche. Pourtant, Paris ne faisait pas partie du plan initial de carrière de cette polyglotte plutôt attirée par le monde. A l’issue de son excellent parcours scolaire bilingue anglais/allemand au lycée international de Saint-Germain-en-Laye, et alors qu’elle hésitait entre l’humanitaire et le journalisme, Marion Waller intègre Sciences Po Paris, puis poursuit ses études à Manille. Elle y découvre les enjeux de l’urbanisme dans une mégalopole du sud, mais aussi la politique à l’occasion d’un stage auprès du député altermondialiste Walden Bello. Cet « intellectuel engagé » l’initie « aux bons côtés de la politique ».
« Philosophe politique de la nature »
Après cette « expérience très riche » et un détour par Pékin pour apprendre le chinois, elle mène simultanément un master d’affaires urbaines en anglais à Sciences Po et un bachelor en philosophie qu’elle a fait suivre d’un master à l’Ecole normale supérieure. « J’ai toujours tenu à faire ce double cursus, la philosophie me tient à cœur », évoque avec une modestie déconcertante cette « philosophe politique de la nature », résume Jean-Louis Missika, soulignant non seulement « une tête bien faite mais une plume remarquable ». Ce dernier la repère en 2013 alors qu’elle fait partie des bénévoles de l’équipe de campagne d’Anne Hidalgo et lui propose de rejoindre son cabinet.
Depuis quatre ans, elle consacre l’essentiel de son temps aux appels à projets, mais elle s’occupe aussi de la ZAC Saint-Vincent-de-Paul, des aménagements des quartiers de gare de Paris et des relations entre la ville et la métropole du Grand Paris… Sans pour autant envisager de faire carrière dans la politique, Marion Waller compte soutenir Anne Hidalgo pour les municipales de 2020, « car je crois beaucoup en elle, à l’étranger c’est une star dans le milieu de l’urbanisme ». Mais quoi qu’il arrive, elle veut garder sa liberté et maintenir de « l’hybridité dans son parcours ». « C’est en mélangeant l’action et la réflexion que l’on a une pensée pertinente », confie celle que l’on surnomme déjà « la future maire du Grand Paris ». Tout un symbole.