Sur quelque 400 m, le canal Saint-Martin était ouvert à la baignade ce samedi 16 juillet 2022, dans la cadre de l’opération « Ménage ton canal ». Une initiative d’Enlarge your Paris, la mairie de Paris et plusieurs associations écologistes.
Pas de voitures le long du canal, fermé à la circulation et quelque 300 baigneurs ravis de se rafraîchir en cette journée de forte chaleur. C’est un des événements phares du festival « écolo-ludique » Ménage ton canal.

« Se baigner en eau vive, dans les villes, est en train de devenir une nécessité, compte tenu du réchauffement climatique », soulignait Vianney Delourme. © Jgp
Une fresque du climat des canaux était présentée durant l’évènement. « Les examens de la qualité de l’eau effectués attestent de la baignabilité du canal, qui est une rivière », soulignaient Vianney Delourme et Renaud Charles, les cofondateurs d’Enlarge your Paris, coorganisateur du festival avec la mairie de Paris et le soutien de la métropole du Grand Paris, du Syctom et de la fondation de l’agence d’architecture Anma.
Prendre soin des canaux
Cinq maîtres-nageurs, des vestiaires et des douches étaient là pour garantir des conditions de baignade idéales. « Nous avons la conviction d’avoir créé un collectif qui veut et peut contribuer à prendre soin des canaux et qui a 1 000 compétences, d’intelligence collective, de recyclage, de botanique, d’écologie et de sport. Se baigner en eau vive, dans les villes, est en train de devenir une nécessité, compte tenu du réchauffement climatique », soulignait Vianney Delourme, en présence de nombreux élus parisiens, dont la maire du 10e Alexandra Cordebard, l’adjoint au sport Pierre Rabadan, l’adjoint en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie Dan Lert, l’adjoint à la maire du 10e Sylvain Raifaud ou l’élue déléguée dans le 10e à la propreté, à la stratégie zéro déchet, et à l’économie circulaire Léa Vasa.
Parallèlement, ce festival de l’eau a donné lieu à un nettoyage des canaux. Les scaphandriers de Nettoyage fluvial, aidés par les bénévoles de diverses associations, ont sorti des eaux, à la confluence du canal Saint-Denis et de la Seine, plusieurs tonnes de déchets de toutes sortes, bidets, vélos, trottinettes électriques, écrans plats, caddies, canapés, petit électro-ménager, des milliers de bouteilles en plastique et en verre et des dizaines de milliers de mégots…. La collecte s’est achevée avec les volontaires, les militants et les bénévoles par un concert sur la terrasse des Canaux, la structure de la ville de Paris dédiée à l’économie sociale et solidaire. La troisième édition de Ménage ton canal se tiendra en juin 2023.
« Les JO constituent un accélérateur pour améliorer la qualité de l’eau »
Patricia Pelloux, directrice adjointe de l’Atelier parisien d’urbanisme, retraçait récemment, dans une interview à Enlarge your Paris, l’histoire récente de la baignade dans les canaux de Paris.
« La baignade dans la Seine a été interdite en 1923 par arrêté préfectoral, donc il y a bientôt 100 ans. Cela tient à la qualité de l’eau, indique Patricia Pelloux à nos confrères d’Enlarge your Paris. En effet, auparavant s’y déroulaient même des compétitions de natation, parmi lesquelles la fameuse Traversée de Paris. Néanmoins, jusque dans les années 60, les Parisiens ont contourné l’interdiction. On a des images de gens – y compris d’enfants – se baignant près de la rampe située devant le musée du Louvre. Outre la qualité de l’eau, il faut aussi composer avec la navigation des bateaux et les courants. Du côté de la Marne, l’interdiction n’est intervenue que dans les années 1970, en raison des problèmes liés à la qualité de l’eau découlant de rejets industriels et de l’urbanisation. Les choses évoluent avec notamment le travail très actif du syndicat Marne vive pour réhabiliter la baignade en eaux vives, mais aussi ce que propose Ménage ton canal, avec la baignade dans le canal Saint-Martin.
Aujourd’hui, les JO constituent un accélérateur pour améliorer la qualité de l’eau. Les épreuves de triathlon et de nage marathon se dérouleront dans la Seine. Les acteurs se coordonnent donc pour faire aboutir plusieurs chantiers : la mise en conformité des mauvais branchements, le problème du rejet des usines ou encore les déversements par temps de pluie. Depuis cinq ans, le Copil Baignades présidé par la maire de Paris et le préfet de région et qui réunit les services de la ville de Paris et de l’Etat, le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap), Haropa port (qui regroupe les ports du Havre, de Rouen et de Paris), les établissements publics territoriaux, les conseils départementaux du 92, du 93 et du 94 ainsi que l’Agence de l’eau, travaille en ce sens. Les JO vont servir de démonstrateur. Ils vont aussi avoir un impact en termes de communication : des millions de téléspectateurs à travers le monde vont voir qu’il est possible de se baigner dans la Seine ».