La Région met fin à la mission d’éducation à l’environnement de son agence et demande une optimisation de son patrimoine de 14 500 ha d’espaces naturels et agricoles, suscitant l’inquiétude des personnels. Cheville ouvrière du nouveau Plan vert régional, « l’agence est confortée dans ses fondamentaux », estime toutefois son directeur général, Philippe Helleisen.
Grève des personnels, retrait des administrateurs de l’opposition empêchant le quorum d’être atteint… Le conseil d’administration de l’Agence des espaces verts (AEV) d’Ile-de-France, consacré fin mars au budget 2017 de l’institution, s’est déroulé dans des conditions houleuses. « Le budget 2017 de l’agence lui donne les moyens de fonctionner dans un contexte de contrainte des finances publiques qui implique de faire des efforts. L’AEV, qui a été associée à la conception du Plan vert francilien, est reconnue comme un acteur important de sa mise en oeuvre », défend néanmoins aujourd’hui son directeur général, Philippe Helleisen.
Fin de l’éducation à l’environnement
Le budget 2017, qui devrait finalement être adopté formellement dans la semaine du 17 avril à l’occasion d’un nouveau conseil d’administration, prévoit des dépenses de fonctionnement en baisse de 2 %. L’AEV, créée en 1976, assume des missions de prospective territoriale, d’acquisition, d’aménagement et de gestion de sites naturels et agricoles pour le compte du conseil régional. Elle gère environ 14 500 ha en Ile-de-France, dont 10 500 d’espaces forestiers et 2 200 ha de terres agricoles. »
Dans le cadre de la restructuration de l’ensemble des organismes associés de la Région voulue par la nouvelle majorité aux commandes depuis fin 2015, la présidente (LR) Valérie Pécresse a, à de nombreuses reprises ces derniers mois, cité le très critique référé de la chambre régionale des comptes sur « la politique régionale en matière d’espaces verts, de forêts et de promenades en Ile-de-France », rendu public en juin 2016. Le 6 décembre, elle présentait les orientations retenues pour l’AEV, annonçant un recentrage de ses missions, avec la fin de l’éducation à l’environnement, et demandant une optimisation du patrimoine géré pour le compte de sa collectivité.
Lors de la présentation du Plan vert régional, le 20 février 2017, la vice-présidente (UDI) en charge de l’écologie et du développement durable, Chantal Jouanno, précisait : « une rationalisation de sa gestion est prévue comme pour tous les organismes associés de la région, mais elle ne se traduira pas par une réduction drastique de personnels car l’AEV sera un opérateur essentiel du Plan vert, nous avons besoin de ces professionnels ». Reste l’extinction de la mission d’éducation à l’environnement. Celle-ci a fait l’objet d’un plan d’action présenté le 29 mars aux personnels, « illustrant la volonté de la direction d’accompagner au mieux les agents », selon la présidente (LR) de l’AEV, Anne Cabrit.
L’opposition mobilisée
Dans un communiqué diffusé le 31 mars 2017, les élus de l’opposition régionale (SR, FDG, EE-LVA) s’affirmaient néanmoins « résolument mobilisé-e-s pour le maintien de l’AEV et de l’ensemble de ses missions », dénonçant « la disparition de certaines, notamment l’éducation à l’environnement, la préservation des terres agricoles et l’entretien des forêts franciliennes ». Et de mettre en avant les huit motions de soutien à l’AEV votées en conseil municipal à l’initiative d’élus « toute étiquette politique confondue » : Magny-les-Hameaux (Yvelines), Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne), Frémaiville (Val d’Oise), Moisson (Yvelines), Les Mureaux (Yvelines), Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) et Favières-en-Brie (Seine-et-Marne).
« L’heure est à la concertation interne avec les personnels pour mettre en œuvre la suppression de la mission d’éducation à l’environnement », explique Philippe Helleisen, pour qui « l’agence est par ailleurs confortée dans ses fondamentaux, qui sont complétés par les nouvelles mesures du Plan vert 2017, voté le 10 mars dernier par l’assemblée régionale et dont le règlement d’intervention est en cours d’élaboration ». Ces modalités d’intervention devraient être calées d’ici à l’été. Mais un adossement à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU), comme annoncé pour Natureparif, autre organisme associé, n’est aucunement prévu pour l’AEV, assure le directeur général.
Enfin, concernant l’« optimisation du patrimoine », « il s’agit de réaliser un arrêt sur image et de vérifier la cohérence de ces propriétés avec les priorités d’actions de la région récemment définies dans le Plan vert. Le travail vient de débuter, sans idées préconçues. Il peut déboucher sur des projets de cessions, mais celles-ci serviront à financer de nouvelles acquisitions », indique Philippe Helleisen.
Priorité aux territoires carencés
Le nouveau Plan vert régional met en lumière 53 communes et quatre arrondissements parisiens particulièrement carencés en espaces verts. Néanmoins, « le plan propose des outils pour tous les territoires, rappelle le directeur général de l’AEV. Le critère de carence en espaces verts sera un critère de priorisation des interventions. » Voté en mars, ce plan, qui doit entrer en vigueur au deuxième semestre, est doté de 5 millions d’euros en 2017, « ce qui devrait permettre de financer une vingtaine de projets dès cette année », a annoncé la vice-présidente de Région.