GPA : Innover pour un meilleur ancrage territorial

Mot déjà valise, concept empreint de modernité high ou low tech, l’innovation est partout voire dans tout. C’est forcément avec vigilance que Géraldine Ajax a abordé le sujet en coordonnant, d’abord avec Réana Taheraly en charge d’un rapport sur la stratégie d’innovation de l’aménageur, et aujourd’hui avec Anna Perroux, déléguée à l’innovation, la feuille de route de Grand Paris Aménagement.

« L’aménagement est aux avant-postes des réponses à apporter à l’urgence climatique et sociale souligne Géraldine Ajax. Nous savons bien que la ville est le creuset des solutions, des transitions à opérer. Mais pour adapter la ville, la rendre soutenable, agréable, l’urbanisme doit changer de paradigme. C’est en cours, mais on doit aller plus vite. La crise du Covid-19 vient accélérer ces mutations qui sont déjà à l’œuvre ».

Géraldine Ajax © Jgp

C’est dans cet esprit que les équipes de Grand Paris Aménagement déploient sur la centaine d’opérations dont elles ont la charge une série d’innovations très diverses qui vont des procédés constructifs bois, chanvre, paille au projet de fabrique en terre crue Cycle Terre, en passant par des bâtiments résidentiels et des équipements passifs, bioclimatiques, des espaces publics dynamiques, la renaturation des espaces, la gestion d’espaces de compensation, le réemploi et la valorisation des déchets de chantier, la réduction de l’impact carbone des opérations d’aménagement, le déploiement de solutions de mobilités électriques, l’implantation de services digitaux adaptés aux usages des habitants, la multiplication de solutions de participation citoyenne… la liste est longue, preuve que le foisonnement est large.

Pourtant ce qui frappe à l’exposé de ces initiatives, c’est la recherche de leur ancrage territorial. « Nous sommes au service des territoires et l’intérêt général est constitutif de notre ADN en tant qu’établissement public de l’Etat. L’aménagement hors-sol ça ne marche pas. C’est pour cela que l’innovation est partie prenante d’une démarche de RSE territoriale et qu’on développe un ancrage de proximité », précise Géraldine Ajax. Que ce soit l’ouverture du Fort d’Aubervilliers au public avec des acteurs culturels locaux, l’utilisation du chanvre produit à 10 km de l’opération de Trilport, des bâtis réversibles à Charenton ou l’implantation de start-ups dans des écosystèmes de territoires qui spontanément ne les hébergent pas forcément comme à Grigny, Villepinte ou Neuilly-sur-Marne sont autant de clés de lecture.

« Notre devoir est de développer des solutions innovantes partout, notamment dans des quartiers qui ne les accueilleraient pas spontanément parce que jugés pas assez attractifs. Ce que nous voulons éviter c’est de réserver l’innovation à des opérations d’aménagement qui auraient les moyens de se la payer au détriment des autres qui seraient reléguées ». La logique est simple : expérimenter sur un territoire démonstrateur, mutualiser et capitaliser pour essaimer et professionnaliser, et enfin décider de généraliser quand cela est probant. Le mouvement est lancé. Il est à suivre.

Auteur
Top