Enedis prévoit une hausse de la consommation d’électricité au cours des prochaines années dans un contexte marqué par l’électrification des usages et, en premier lieu, des mobilités. Cette croissance s’accompagnera toutefois de facteurs orientant à la baisse la consommation, résultant notamment des efforts de sobriété et d’efficacité énergétique dans les secteurs tertiaire et résidentiel. La diminution de la consommation du secteur tertiaire sera contrebalancée par le développement des datacenters.
Enedis vient de réaliser une étude sur l’évolution de la consommation d’électricité à l’horizon 2035 et 2050, à la fois nationale et déclinée par région. Le gestionnaire du réseau public de distribution définit ainsi trois scénarios (central, bas et haut), qui varient en fonction de la démographie, de la croissance économique, de la vitesse des progrès technologiques et de l’ampleur des changements dans les modes de vie.
« L’objectif est d’éclairer l’avenir industriel du réseau public de distribution, de contribuer aux travaux sur les enjeux de long terme du réseau de distribution d’électricité et de concrétiser les futurs possibles pour chaque territoire », indique Dominique Lagarde, directeur de la stratégie d’Enedis.
« En Ile-de-France, le scénario central prévoit, au périmètre d’Enedis, une légère hausse de la consommation globale, de 56,3 TWh (sur 343 TWh en France) aujourd’hui à 64,4 en 2035 (396 TWh en France) puis 65,6 en 2050 (420 TWh en France) », détaille Frédéric Courault, directeur référent d’Enedis pour la région Ile-de-France.
Au cours des prochaines années, la croissance de la consommation d’électricité en France sera en partie portée par l’électrification des mobilités, une tendance que l’on retrouve également en Ile-de-France.
3,2 millions de véhicules légers électriques en 2035
Ainsi l’Ile-de-France, où l’on dénombrait 200 000 véhicules légers électriques en 2019, en compterait 3,2 millions en 2035, soit 17 % du total français, 4,7 millions en 2050, soit 14 % de la flotte nationale. En 2035, les véhicules légers pourraient représenter en Ile-de-France une consommation de 5,7 TWh.
Le développement de la mobilité électrique concernerait aussi la mobilité lourde avec une consommation de 1,1 TWh selon le scenario central d’Enedis. L’hydrogène, solution un temps privilégiée pour la décarbonation de la mobilité routière lourde, est confronté à l’apparition de contraintes (prix, transport) et le saut d’un certain nombre de verrous pour la mobilité lourde électrique (recharge haute-puissance, densité des batteries) qui ont changé la donne. Les poids lourds électriques se développent donc rapidement avec des contraintes non négligeables pour le réseau électrique de distribution.
Cela devrait se traduire par une forte hausse de la consommation du secteur transport entre 2023 et 2035 dans un premier temps (+ 7 TWh en Ile-de-France), puis une hausse plus modérée entre 2035 et 2050 (+ 4 TWh en Ile-de-France).
Toutefois, il est à noter que différents scenarii existent concernant l’évolution du parc de véhicules légers électriques : ainsi en 2035, le pays pourrait compter entre 12 et 18 millions de véhicules électriques légers selon les projections des uns et des autres contre deux millions aujourd’hui.
Malgré une électrification des usages (chauffage, eau chaude, développement de la climatisation…), la consommation électrique du secteur tertiaire devrait quant à elle diminuer aux horizons 2035 et 2050 (baisse de 7 Twh en Ile-de-France en 2050). Une baisse obtenue notamment grâce à un meilleur pilotage des usages, mais également par la rénovation énergétique des bâtiments. Cependant, la diminution de la consommation électrique du secteur tertiaire pourrait être compensée par le développement des data centers. L’ampleur de la hausse de consommation électrique des data centers est incertaine, mais pourrait représenter 18 TWh environ sur l’ensemble du territoire national à horizon 2035, soit approximativement l’équivalent de la baisse de consommation du reste du secteur tertiaire en France sur la même période.
De nombreuses incertitudes demeurent toutefois quant au niveau de cette croissance, notamment sur le développement de l’IA, l’implantation des datacenters en Europe ou encore sur la répartition en France des datacenters entre le réseau de transport d’électricité géré par RTE et le réseau de distribution. En Ile-de-France, cette consommation pourrait passer de 1,7 TWh aujourd’hui (dont 50 % en Seine-Saint-Denis) à 4 – 7 TWh en 2035 et 6 – 10 TWh en 2050 selon les scenarii.
Baisse de la consommation résidentielle
« La consommation résidentielle d’électricité va diminuer en revanche en Ile-de-France, de 20,6 TWh en 2023 à 19,6 TWh en 2035 puis à 17 TWh en 2050 grâce aux progrès de la rénovation énergétique et à une meilleure efficacité des équipements, notamment pour le chauffage, malgré son électrification progressive », souligne Frédéric Courault.
En Ile-de-France toujours, le développement des ombrières sur les parking et des installations sur grandes toitures porte la croissance de la production solaire, qui passerait de 0,4 TWh aujourd’hui à 3,6 TWh en 2035 et 7 TWh en 2050. Enedis anticipe ainsi une multiplication par huit des puissances installées pour le photovoltaïque en Ile-de-France.