Eau de Paris fait le point en inaugurant la passerelle de l’Avre

L’inauguration de la passerelle de l’Avre, à Saint-Cloud, par laquelle passe la conduite Bonaparte qui assure l’alimentation en eau de 10 % des Parisiens, a été l’occasion pour Eau de Paris de rappeler son engagement pour la transition énergétique, et de faire un point sur son plan d’investissement et ses priorités, actuelles et futures.

Célia Blauel a salué, vendredi 5 octobre 2018, « le chantier impressionnant » de la passerelle de l’Avre, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). « Cette rénovation illustre parfaitement notre engagement en faveur d’une gestion durable du patrimoine et de la lutte contre le gaspillage d’eau », a fait valoir la présidente d’Eau de Paris. La régie affirme contenir à moins de 10 % les pertes de son réseau imputables aux fuites, contre une moyenne de 20 % en France. Son objectif est de réduire ce pourcentage à 8 % en 2020.

Célia Blauel, présidente d’Eau de Paris. © Jgp

« Ce projet illustre également notre manière de penser les investissements à l’heure de la révolution digitale, et en visant un juste équilibre entre renouvellement et entretien », a ajouté l’adjointe d’Anne Hidalgo à l’environnement, au développement durable, à l’eau, à la politique des canaux et au plan climat énergie territorial. L’élue a rappelé que les Parisiens « bénéficiaient de l’eau la moins chère de toute l’Ile-de-France ». « Notre actionnariat n’attend pas le versement de dividendes, puisque ce sont les Parisiens », a-t-elle également fait valoir.

Jusqu’à 10 % des besoins de la Capitale

Après 12 mois d’arrêt complet, la conduite de la passerelle de l’Avre, acheminant l’eau potable depuis le réservoir de Saint-Cloud jusqu’à l’ouest parisien, a été remise en service le 3 septembre dernier. Il s’agit de l’une des deux conduites de refoulement du réservoir de Saint-Cloud, couvrant jusqu’à 10 % des besoins de la Capitale. L’eau stockée dans ce réservoir et acheminée par la passerelle est prélevée dans la vallée de l’Avre (départements de l’Eure et de l’Eure-et-Loir) à plus de 100 km de Paris, transportée par un aqueduc centenaire et traitée à l’usine de Saint-Cloud, dotée d’un traitement par membranes d’ultrafiltration.

Cette opération de renouvellement d’une conduite majeure a été l’occasion d’un aménagement territorial global, comprenant la modernisation de la RD7 portée par le conseil départemental du 92 et la réfection de l’éclairage de la passerelle. « Il s’agit d’un projet stratégique pour l’alimentation en eau des Parisiens, souligne Eau de Paris. Mise en service en 1893, la passerelle de l’Avre a été conçue pour supporter la conduite Bonaparte, une canalisation de 1 500 mm de diamètre, assurant la distribution d’eau potable vers les 16e et 17e arrondissements de Paris ».

« L’ère des grands travaux est terminée »

Par ailleurs, le département des Hauts-de-Seine souhaitait moderniser la route départementale RD7 reliant Suresnes et Saint-Cloud et circulant sous la passerelle. Eau de Paris et la collectivité se sont donc rapprochées pour programmer conjointement l’ensemble de ces travaux. Eau de Paris a ainsi assuré, pour le compte du conseil départemental et avec un financement de celui-ci, leur maîtrise d’ouvrage et leur maîtrise d’œuvre.

Dominique Lebrun (1er adjoint en charge de l’espace public, de la voirie et des transports de la ville de Saint-Cloud), Amélie Renaud (directrice du programme et des interventions AESN), Célia Blauel (présidente d’Eau de Paris), Jeanne Becart (conseillère départementale des Hauts-de-Seine) et Benjamin Gestin, directeur général d’Eau de Paris. © Jgp

La passerelle de l’Arve contient la conduite Bonaparte à Saint-Cloud. © Jgp

L’inauguration de la passerelle de l’Avre ce vendredi 5 octobre a été également l’occasion pour Eau de Paris de dresser un premier bilan du programme pluriannuel d’investissement (2015-2020) et de présenter les grandes lignes du schéma directeur d’investissement (SDI 2020-2038). « Fruit d’une démarche participative originale, le SDI traduit l’engagement d’Eau de Paris en faveur d’un investissement raisonné, a fait valoir Célia Blauel. L’ère des grands travaux est terminée. Les enjeux portent désormais sur l’optimisation de l’outil industriel, en articulant entretien, maintenance et renouvellement, et en embrassant la révolution numérique, la transition écologique et la modernisation du service à l’usager. »

Fiche technique

  • Débit de la conduite Bonaparte : 56 000 m3 /j (moyenne annuelle)
  • 490 000 habitants alimentés
  • Secteurs desservis : 16e et 17e arrondissements de Paris
  • 8 marchés de travaux
  • 7,60 millions d’euros HT dont 1,75 million d’euros HT financé par le CD 92 et d’une subvention de 30 % de l’AESN
  • 12 mois d’arrêt de conduite d’eau de septembre 2017 à septembre 2018 (aucun vecteur de production à l’arrêt pendant cette période)
  • 810 ml de conduites renouvelés, soit 485 ml en galerie et 325 ml sur la passerelle
  • Partenaires : Ville de Paris – Ville de Saint-Cloud • Entreprises : fontainerie = groupements AXEO / EHTP / ATP et Génie Civil : Razel / Beaudin Chateauneuf / Franki fondation

    Le débit de la conduite Bonaparte s’élève à 56 000 m3 /j (moyenne annuelle). © Jgp

Une diminution du débit de la Seine de 30 % d’ici à 2100

La Seine. © Jgp

La disponibilité de la ressource sera affectée par le dérèglement climatique, rappelle Eau de Paris. « A l’échelle du bassin Seine-Normandie, il pourrait entraîner d’ici à 2100 une diminution du débit de la Seine et des cours d’eau d’environ 30 %, une augmentation de la température des cours d’eau de 2°C en moyenne et une tendance globale à la diminution de la ressource en eau, avec une baisse du niveau des nappes », souligne la régie parisienne.

L’entreprise, s’inscrivant dans la démarche engagée par la ville de Paris, met en œuvre un plan climat énergie. « L’évolution des attentes des usagers et de la consommation doit également être prise en compte, souligne Eau de Paris. Depuis 2010, les enquêtes confirment un niveau de satisfaction élevé de la part des consommateurs de l’eau de Paris, affirme la régie. En dépit d’une chloration optimisée à Paris, le chlore est perçu comme le frein principal à la consommation d’eau du robinet. Bien que le calcaire soit identifié comme gênant, 50 % de la population ne se déclarent pas favorable à une augmentation du prix pour obtenir une eau décarbonatée », ajoute l’entreprise.

Vigilance sur les polluants émergents

« La stratégie chloration de l’entreprise, visant une désinfection au plus près de l’usager pour garantir une qualité sanitaire irréprochable et un confort de l’usager maximal, sera confirmée et poursuivie, indique-t-on. La vigilance sur les polluants émergents sera également renforcée, constituant un axe prioritaire du programme de recherche sanitaire. Les techniques encore expérimentales (osmose inverse basse pression par exemple) permettant l’abattement de ces polluant font d’ores et déjà l’objet de programmes d’études et de pilotes de laboratoire ou industriels afin d’éclairer les choix dans les années à venir. La décarbonatation de l’eau distribuée sera, le cas échéant, appréhendée dans ce cadre, sans que ce seul paramètre de confort ne justifie d’emblée la mise en place de traitements coûteux, d’un point de vue tant économique qu’environnemental », poursuit-on.

Pour l’accompagner dans sa démarche, Eau de Paris a constitué un comité technique partenarial, associant :

  • des experts : Centre scientifique et technique du bâtiment, Conception industrielle & technologies futures, France sans tranchée technologies, Groupe Merlin, Association scientifique et technique pour l’eau et l’environnement…
  •  des universitaires et centres de recherche : École des ingénieurs de la ville de Paris, Université Paris-Est Marne-la-Vallée, Conservatoire national des arts et métiers, Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, etc.
  •  des acteurs économiques : Canalisateurs de France, Saint-Gobain PAM-canalisations en fonte ductile – Pont-à-Mousson.

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