Catherine Sabbah – Ebouriffante

Catherine Sabbah va créer l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement. Une façon pour cette journaliste de référence de poursuivre sa quête de compréhension des logiques d’un secteur qui la passionne.

Est-ce de là que vient son goût pour les santiags, les jeans, et les vestes à franges ? Catherine Sabbah a fait ses armes au Dallas morning news, fraîchement émoulue du Centre de formation des journalistes, après Sciences Po. La voie royale, autrement dit. « J’en avais sans doute assez de raconter les histoires des autres », résume-t-elle aujourd’hui, pour expliquer qu’elle vient de remiser son stylo et son bloc-notes au placard. Pour devenir déléguée générale de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement. Un think / do tank ambitieux, né d’une discussion et d’un constat de la journaliste avec Bruno Arbouet, le directeur général d’Action logement. Il manque une institution capable d’aborder ces questions dans leur complétude, en mixant recherche, formation et prises de position. « Ça ne m’empêchera pas d’écrire des tribunes », confie l’ex-journaliste aux Echos.

Catherine Sabbah. © DR

« La question du logement est abordée en silos. Chacun la prend par le bout qui l’intéresse. Mais qui saurait définir une politique nationale du logement ? », interroge cette « series addict » à la capacité de travail hors norme, amatrice de voyages – elle cite la Norvège et l’Islande parmi ses derniers – et de littérature. L’envie de comprendre, de décrypter, toujours plus avant, la guide. Les éléments de langage l’ennuient. « On a décrété un jour qu’il fallait construire 500 000 logements par an. On répète que l’on artificialise chaque année la superficie d’un département ou que la métropolisation est un phénomène irréversible, sans trop se demander pourquoi », constate-t-elle. « Je sais comment le système fonctionne, et j’essaie de le montrer dans mes articles », ajoute-t-elle, le regard lumineux.

Dès son retour des Etats-Unis, elle choisit la revue Urbanisme pour ses premières piges et ne quittera plus, depuis, un milieu qu’elle connaît comme sa poche. Le Monde, L’Express, Le Point, elle pige pour la presse généraliste mais aussi spécialisée : Le Moniteur, La Gazette des communes ou AMC. Elle écrit des bouquins aussi, dont un « L’Immobilier pour les nuls » maintes fois réédité, ou des monographies de sites, de bâtiments ou de villes, dont un « Evry, nouvelle ville nouvelle ». De sa rencontre avec Sybil Cosnard (City Linked) naîtront deux ouvrages remarqués sur les évolutions d’un milieu en mutation accélérée : « L’inventaire des Réinventer » suivi de « Ça déménage dans l’aménagement », qui vient de sortir. « Catherine est engagée, toujours enthousiaste. Son regard sur la ville m’est très précieux car elle nous sort de notre jargon technique », confie Sybil Cosnard.

« Toujours un pied ailleurs »

Cette passionnée, au sens de l’humour ravageur et à l’ironie mordante, est également la commissaire d’une exposition sur l’histoire des hôtels du Grand Paris, de la naissance du Meurice – premier des palaces parisiens – au futur d’un secteur qui se réinvente également, visible actuellement au Pavillon de l’Arsenal. Cette mère de famille est aussi prolixe sur l’habitat qu’avare de confidences personnelles.

Elle a suivi les cycles de l’Ihédate ainsi que de l’institut Palladio, animé le blog La république de l’architecture, présidé l’Association des journalistes de l’habitat et de la ville (Ajibat). En 2016, lauréate d’une bourse du German Marshall Fund, elle a mené un travail de recherche comparée sur la réalité des « smart cities » aux Etats-Unis et en France. « J’ai toujours un pied ailleurs », dit-elle dans un sourire amical, légèrement narquois, annonçant, l’air de rien, que l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement ne sera qu’une nouvelle étape d’un parcours décidément ébouriffant.

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