Le CFA Campus Fonderie de l’image à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), qui permet à des jeunes de se former aux métiers de la communication et de la création numérique, organisait ce week-end la 10e édition des Puces de l’illu. Rencontre avec Florence Guebey, sa directrice, qui entend faire du Campus, membre de deux groupements lauréats d’Inventons la métropole du Grand Paris, un véritable acteur du rayonnement de l’est parisien.
Quelle est la vocation du Campus Fonderie de l’image ?
C’est une école qui existe depuis plus de 30 ans et qui est installée depuis 20 ans à Bagnolet. Son projet repose sur l’insertion professionnelle et sociale de jeunes formés aux métiers du graphisme et du design par la voie de l’apprentissage. Nous accueillons un peu moins de 700 jeunes du bac pro au bac +5 avec des formations reconnues par l’Etat en design graphique, motion design, web design, UX design… Nous avons environ 600 apprentis alternants et le reste en formation payante pour les deux années de certification designer en communication graphique écoresponsable que nous sommes les seuls à proposer. Nous sommes habilités pour l’accréditation DN MADE (diplôme national des métiers des arts et du design) avec la particularité d’être la seule école d’Ile-de-France à préparer ce cursus en apprentissage.
Où sont placés les apprentis ?
Principalement en Ile-de-France. Nous travaillons avec un réseau de 400 entreprises et de collectivités partenaires. La ville de Paris emploie par exemple plusieurs apprentis de chez nous. Côté entreprises, le panel est très large, depuis des petites structures telles que des studios de graphisme jusqu’à des très grosses entreprises comme Orange, la SNCF, PMU…
Quelle est la spécificité du Campus ?
Aujourd’hui, dans l’univers des écoles d’art et de design, on trouve essentiellement des écoles d’État ou privées. Le Campus est atypique dans son univers métier : il est de statut associatif, n’appartient à personne. Avec cet engagement très fort au service de l’insertion professionnelle et sociale.
Quel est le modèle de financement ?
L’essentiel de nos fonds proviennent des niveaux de prise en charge qui nous sont accordés sur chaque contrat en alternance et contrat professionnel. Le montant est défini et alloué par France compétences [l’autorité nationale unique de régulation et de financement de la formation professionnelle et de l’apprentissage en France, ndlr]. Nous bénéficions également de quelques financements de la Région sur les investissements et les travaux. Enfin nos partenaires nous versent des reliquats de la taxe d’apprentissage.
Le Campus est implanté à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis : comment vous inscrivez-vous dans le territoire ?
Le premier enjeu du campus, c’est l’insertion sociale et professionnelle et cet ancrage dans le 93 nous met au cœur des sujets d’insertion et d’inclusion. L’autre engagement de l’association consiste à favoriser le rayonnement des arts visuels, à travers des actions larges et qui ont un impact sur le territoire. C’est dans ce cadre qu’ont été créés différents événements, en particulier les Puces de l’illu (voir ci-dessous). L’idée est aussi de faire du Campus un lieu ouvert sur le territoire : on le fait en accueillant différents événements comme la remise du prix de l’Arc de l’innovation, ou encore l’assemblée générale de Clubee, le Club d’entreprises d’Est Ensemble.
Les jeunes en apprentissage travaillent également sur des projets de développement territorial, ils ont par exemple réalisé la signalétique d’un parc à proximité et été impliqués pour imaginer les panneaux graphiques numériques de la façade du bâtiment du projet « Live » à Bagnolet, lauréat de la première édition d’Inventons la métropole du Grand Paris. Le Campus Fonderie de l’Image fait aussi partie d’une équipe lauréate sur un site d’IMGP3 mais nous ne pouvons en dire plus pour l’instant. Tout comme d’autres projets avec divers acteurs du territoire de l’est parisien, avec qui nous sommes en train de tisser des liens. Nous sommes aussi en réflexion sur un projet en motion design de réalité virtuelle pour Paris La Défense. Un mouvement d’attractivité et d’ouverture se développe ainsi à travers les travaux et les réalisations des jeunes.
Bagnolet, futur lieu de l’illustration contemporaine ? C’est l’ambition portée par les responsables du Campus Fonderie de l’image, à la fois à travers son activité de formation mais également l’organisation d’événements devenus incontournables dans le domaine des arts graphiques, à commencer par Les Puces de l’illu, dont la 10e édition s’est tenu le samedi 3 et le dimanche 4 décembre 2022.
Pour l’occasion, le premier Festival d’illustration de France a changé de dimension et essaimé dans Paris et au sein d’institutions culturelles locales (le Sample, La Filière, l’association MUR, la galerie Art factory, etc.). Le Musée en herbe est également partenaire de l’événement et anime un espace in situ. Par ailleurs, au Grand prix d’illustration contemporaine vient s’ajouter le Prix de l’illustration jeunesse. Enfin, un ouvrage « 10 ans d’Illustration contemporaine » a été spécialement édité cette année.
« Les Puces de l’illu répondent à tout ce que nous voulons mettre en avant au Campus : la transmission, la création, la diversité…, témoigne Joël Knafo, en charge de l’organisation des événements au Campus. C’est aussi une manière de s’ancrer plus fortement sur le territoire et de développer des partenariats au-delà de Bagnolet, que ce soit avec le Musée en herbe, une librairie spécialisée à Paris, une galerie… Les Puces de l’illu ont une vocation plus grand public – c’est aussi pour cela que l’événement est gratuit – même s’il y a des conférences plus à destination des professionnels, comme celle sur les agents d’illustrateurs. »