Une cité de l’artisanat au cœur du bas-Belleville

Coincée entre les rues Ramponeau et Bisson, au cœur du bas-Belleville, une cité de l’artisanat, cogérée par la RIVP et un collectif d’artisans locaux, va voir le jour en lieu et place d’un projet d’auberge de jeunesse. Un exemple d’urbanisme associant les riverains et tempérant les effets du marché.

« Une façon de concevoir la ville alliant l’intelligence et le cœur ». Mô Mathey, artiste-photographe, présidente du pôle artistique et artisanal de Belleville, s’est montrée élogieuse vendredi 11 octobre lors de la cérémonie de pose de la première pierre de la pépinière d’artisans qui s’élèvera fin 2025 entre les rues Ramponeau et Bisson, dans le bas du quartier de Belleville (Paris 20e arr.). Ce projet, dessiné par Axelle Acchiardo (Agence LA architectures), comprendra une vingtaine d’ateliers artisanaux, offrant des surfaces allant de 40 à 80 m2 sur quelque 1 600 m2, répartis sur six niveaux, à la place d’une miroiterie et d’une métallerie. Une halle de production de 400 m2 fera partie de cet ensemble, à la place de l’ancienne métallerie. « Je suis content et fier de sceller la première pierre de ce bâtiment, fruit d’une lutte, a indiqué Eric Pliez, le maire du 20e. Certes, le 20e se gentrifie, mais nous souhaitons conserver les savoir-faire artisanaux, comme le montre ce projet, dont je souhaite également saluer la dimension démocratique ». Une charte coconstruite par la ville, le collectif d’artisans et la RIVP régira le fonctionnement des lieux, a rappelé l’élu.

Levée de boucliers

En 2015, l’intention de la mairie du 20e, dirigée par Frédérique Calandra, de transformer les ateliers existants en une auberge de jeunesse provoque une forte opposition locale. Le Collectif Ramponeau contacte alors notamment Nicolas Bonnet-Oulaldj, qui vient de prendre la présidence du groupe communiste à la mairie de Paris et défend l’artisanat local. Et la mobilisation paie. A la place de ce projet d’auberge de jeunesse destiné à être confié à une opérateur privé, une cité de l’artisanat cogérée par la RIVP et le collectif d’artisans à l’origine de ce mouvement va donc voir le jour, construite par CBC service (Vinci construction). Pour des loyers dont le montant moyen annuel s’élèvera à 180 euros/m2. Un prix que le collectif d’artisans souhaiterait voir baisser.

Coincée entre les rues Ramponeau et Bisson, au cœur du bas-Belleville, une cité de l’artisanat, cogérée par la RIVP et un collectif d’artisans locaux, va voir le jour en lieu et place d’un projet d’auberge de jeunesse. © Jgp

Afaf Gabelotaud, adjointe à la maire de Paris en charge des entreprises, de l’emploi et du développement économique, avec Nicolas Bonnet-Oulaldj. © Jgp

Sur un montant total de coût de travaux de 12,5 millions d’euros, la RIVP a investi 3,5 millions d’euros en fonds propres, la mairie de Paris accordant une subvention de 2 millions d’euros. « Les métiers du bois, du métal, du verre et du cuir pourraient constituer le socle thématique de cette pépinière, afin de favoriser les synergies », commente Olivier Renard, membre du conseil d’administration de la pépinière, qui était conseiller de Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme à  la ville lors du lancement de ce projet.

« Souvent, en tant qu’élu, nous nous demandons comment nous rendre utiles à la population, a souligné Nicolas Bonnet Oulaldj, adjoint en charge du commerce, de l’artisanat, des professions libérales et des métiers de l’art et de la mode. En permettant à des artisans d’exercer leur activité dans ce quartier qui est un des cœurs historiques de l’artisanat et du monde ouvrier parisien, où des décolleteurs, des métalliers, furent nombreux au siècle dernier, nous faisons œuvre utile, tout en favorisant la réindustrialisation de nos villes, a poursuivi l’élu On ne refera pas Javel ou Boulogne-Billancourt, mais l’industrie du luxe, qui est une des locomotives de l’économie française, repose sur des artisans d’art. Il faut favoriser l’artisanat local plutôt que d’acheter en ligne sur des sites chinois des produits de mauvaise qualité, au bilan carbone désastreux ».

Eric Pliez. © Jgp

Mô Mathey, artiste-photographe, présidente du pôle d’activité artistique et artisanale de Belleville. © Jgp

Francis Bussière, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat d’Ile-de-France. © Jgp

La directrice générale de la RIVP Christine Laconde. © Jgp

Francis Bussière, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat d’Ile-de-France s’est félicité de l’ouverture prochaine de ce lieu offrant des loyers abordables à des artisans « qui ont parfois du mal à se faire entendre et à défendre leurs intérêts ».

Le projet architectural vise à recréer, dans ce bâtiment très horizontal, conçu en béton, en métal et en bois, s’élevant sur six niveaux, l’esprit des cours horizontales, par un jeu de coursives extérieures. La RIVP opère de nombreux hôtels artisanaux de ce type, à l’image de Métropole 19, comme l’a rappelé la directrice générale de la RIVP Christine Laconde.

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