Une crue majeure de la Seine causerait 30 milliards d’euros de dommages matériels et aurait un impact sur la vie quotidienne de l’ensemble des Franciliens comme sur l’économie du territoire. Du 7 au 18 mars 2016, la préfecture de police de Paris organise un gigantesque exercice de gestion de crise, baptisé EU Sequana 2016, simulant une crue en Ile-de-France.
Une crue centennale a une chance sur 100 de se produire chaque année. Mais la crue centennale de la Seine, à l’image de celle qui a eu lieu en 1910, est aujourd’hui l’une des catastrophes naturelles les plus redoutées par les responsables français de la prévision et de la protection, avec une crue centennale de la Loire et un séisme majeur dans le sud-est de la France…
L’urbanisation dense de l’Ile-de-France lui conférerait une ampleur particulière. Selon une étude de l’OCDE citée par la préfecture, en cas de crue centennale de la Seine, 5 millions de personnes seraient sinistrées et 400 000 emplois directement affectés. 1,5 million de personnes se retrouveraient sans électricité et 1,3 million sans eau potable.
Exercice grandeur nature
Du 7 au 18 mars, la préfecture de police organise donc un exercice, baptisé EU Sequana 2016, qui simulera la montée des eaux de la Marne et de la Seine et leur débordement, entraînant des inondations. Objectif : tester la coordination des acteurs de la gestion de crise, depuis l’Union européenne via son mécanisme européen de protection civile, le ministère de l’Intérieur avec son Centre interministériel de crise (CIC) jusqu’au niveau départemental et local : ensemble des services de l’État, collectivités territoriales , et notamment les communes, mais aussi établissements publics et privés, qui souhaitent tester leurs propres systèmes de prévention.
L’exercice se déroulera en plusieurs phases, selon un scenario qui prévoit :
- la montée des eaux du 7 au 11 mars,
- le pic de crue atteint le week-end des 12 et 13 mars, ce qui correspondra aux exercices terrains ainsi qu’à des actions de communication à destination du grand public,
- la décrue du 15 au 18 mars, les quatre derniers jours permettant de « jouer les conditions de l’après crise ».
Sept sites d’exercice ont été choisis : à Paris (Bassin de la Villette et Champs de Mars), Valenton (Val-de-Marne), Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Limay, Beynes (Yvelines) et Gennevilliers (Hauts-de-Seine).
De son côté, la préfecture de l’Essonne organise un exercice départemental, « raccroché à l’exercice zonal, mais autonome de par ses objectifs et son format ». Il a également pour objectif de mobiliser l’ensemble des acteurs concernés par la gestion de la crue (services de l’État, Sdis, collectivités territoriales, opérateurs de réseaux – eau potable, énergie, assainissement -, associations agréées de sécurité civile, etc.), ainsi que les 15 communes riveraines de la Seine qui participeront toutes à l’exercice.
Des risques réels
Selon une étude publiée en 2010 par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme, 46 300 ha sont potentiellement exposés en Ile-de-France par le risque d’inondation. « Si les zones inondables ne couvrent que 3,85 % de la région, les conséquences d’une crue majeure y seraient extrêmes », soulignent ses auteurs. « Au-delà des conséquences directes, précisent-ils, l’ensemble du fonctionnement de l’agglomération serait bouleversé, avec des répercussions allant bien au-delà des seules zones inondées et un risque de paralysie partielle pour une durée de plusieurs semaines à plusieurs mois. »
Selon ces experts, pour l’économie francilienne, « le coût des dommages est en effet estimé, a minima, entre 15 et 20 milliards d’euros ; plus du double en tenant compte de la dégradation des réseaux et des pertes d’exploitation des entreprises. Plusieurs dizaines de milliers d’établissements (grandes entreprises, PME, PMI, commerces, etc.) implantés dans la zone inondable verraient leur activité affectée ou interrompue. »
L’économie francilienne vulnérable
Une autre étude de l’IAU rappelle que certains territoires économiques sont particulièrement exposés : Seine-Amont dans le Val-de-Marne, la boucle de Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine ainsi que les berges de Seine à Paris (Seine rive gauche).
Mais selon cette étude, au total en Ile-de-France, ce sont près de 56 700 établissements et 630 000 emplois, soit respectivement 9,5 % et 11,5 % des entreprises et des effectifs recensés dans la région, qui sont potentiellement exposés, pour tout ou partie de leurs emprises, aux inondations.
Les enjeux sont particulièrement forts dans les départements de petite couronne, où se concentrent près de 84 % des établissements et 89 % des emplois impactés. Avec près de 29 000 établissements et 288 000 emplois, Paris semble le plus exposé. Mais, proportionnellement à son potentiel économique, c’est le département du Val-de-Marne qui est le plus concerné, avec 19,4 % des établissements (9 800) et 21,5 % des emplois (109 500) de son territoire.
Pour en savoir plus :
- Présentation de EU Sequana 2016 sur le site de la préfecture
- Documents de la DRIEE
- Outils développés par l’IAU