Ph. Dallier : « La gouvernance partagée aboutit au plus petit dénominateur commun »

Auteur de plusieurs rapports sénatoriaux de référence sur le Grand Paris, le conseiller départemental de Seine-Saint-Denis, président de la fédération séquano-dionysienne des Républicains, invité du Club des entreprises du Grand Paris, a livré ses convictions sur la nécessité d’une réforme du Grand Paris, sans excès d’illusion sur sa tenue.

Ce n’est pas un hasard si Jacques Godron, président du Club des entreprises du Grand Paris et de l’Institut des hautes études des métropoles (IHEDM), avait choisi Philippe Dallier pour lancer un cycle de rencontres-débats sur la réforme du Grand Paris. L’ancien sénateur, ex-maire des Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), dont il est toujours élu, et chef de l’opposition au conseil départemental de Seine-Saint-Denis, est l’auteur de deux rapports sur la question. Si le second, fait au nom de la délégation aux collectivités, listait les scénarios possibles de réforme institutionnelle (*), le premier, commis en 2008 au nom de l’Observatoire de la décentralisation (**), avait défrayé la chronique et fait référence.

Philippe Dallier. © Jgp

Sa proposition phare, consistant en une métropole très intégrée, fruit de la fusion de Départements de petite couronne en son sein, avait provoqué un tollé, à droite comme à gauche. « Mes amis Républicains des Hauts-de-Seine m’avaient alors clairement fait comprendre qu’ils ne soutenaient pas spécialement l’idée d’une mutualisation de la ressource fiscale à l’échelle du Grand Paris, a-t-il rappelé mardi 13 septembre 2022, dans les locaux de Quartus, qui accueillait l’événement. Et je me suis heurté, également, aux communistes, qui souhaitaient que rien ne change », a-t-il poursuivi.

« La politique de leur fauteuil »

S’il a quitté ses fonctions parlementaires, préférant sa mairie et le conseil départemental, Philippe Dallier conserve aujourd’hui l’essentiel de ses convictions de l’époque. Il a décrit, face aux membres du Club des entreprises du Grand Paris, la métropole puissante et redistributrice qu’il appelle toujours de ses vœux. Même s’il a confié ne se faire aucune illusion sur la probabilité d’une telle réforme.

Après avoir retracé l’histoire de la longue gestation métropolitaine, entamée par Bertrand Delanoë reprise et amplifiée par Nicolas Sarkozy, il a dit sa stupéfaction face à l’aboutissement institutionnel créant la métropole du Grand Paris. Un « cauchemar légistique », dont il a esquissé l’explication des causes. « Les élus ont, en particulier sur cette question, la politique de leur fauteuil », a-t-il rappelé, estimant que seule une réforme venant d’en haut pourrait réussir. En l’occurrence, l’élu a confié son pessimisme, déplorant au passage l’impuissance totale des gouvernements successifs à maîtriser les déficits publics, dénonçant un aveuglement coupable, « véritable bombe à retardement ».

Haro sur la gouvernance partagée

Interrogé sur les conclusions d’un rapport prochainement rendu public d’une formation spéciale composée des magistrats de la Cour des comptes et de la chambre régionale des comptes, qui préconise une métropole où siégeraient non plus les représentants des communes mais seulement ceux des établissements publics territoriaux (EPT), il a estimé que la juridiction financière sortait de son rôle en formulant des jugements en opportunité au lieu de se contenter de sa fonction de contrôle des comptes.

Philippe Dallier et Jacques Godron. © Jgp

Le rapport des magistrats financiers reprend pourtant largement ses constats, sur l’impéritie de la gouvernance partagée notamment, gouvernance à laquelle l’ancien sénateur affirme « ne pas croire ». « Elle aboutit forcément au plus petit dénominateur commun », a estimé Philippe Dallier, appelant de ses vœux un système permettant la constitution de majorités claires et puissantes.

* « Réformer la gouvernance du Grand Paris : une méthode, une grille de lecture, un calendrier », rapport d’information 444 fait au nom de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation

** « Le Grand Paris : un vrai projet pour un enjeu capital », rapport d’information fait au nom de l’Observatoire de la décentralisation

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