Mounir Mahjoubi achève son « tour des start-up » au Work Inn d’Asnières

La dernière étape du « tour des start-up » du secrétaire d’Etat en charge du Numérique s’est déroulée au Work Inn d’Asnières-sur-Seine, le 6 février 2018. Les jeunes entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire ont présenté leurs difficultés à Mounir Mahjoubi qui promet de porter le secteur comme un pan à part entière de l’économie et de « l’innovation à la française ».

Comme un poisson dans l’eau. Dans un espace de coworking – le Work Inn by Weréso à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) – au mobilier design et chamarré, entouré de jeunes créateurs d’entreprises, Mounir Mahjoubi est dans son élément. Pour la dernière étape de son « tour des start-up », le secrétaire d’Etat chargé du Numérique est allé à la rencontre des jeunes pousses de l’économie sociale et solidaire.

Entouré de jeunes entrepreneurs de l’ESS, le fondateur de La Ruche qui dit oui est comme un poisson dans l’eau. ©Jgp

Pas de long discours ni de grandes promesses, mais un temps d’échange avec les entrepreneurs du milieu, organisé sous la houlette de Start-up banlieue. Ils s’appellent Sophie ou Mohammed et présentent le bien fondé de leurs projets au travers de leurs bénéfices pour la société avant tout. Mais nagent souvent entre deux eaux ; sans être des associations caritatives, ni tout à fait des entreprises normales, les freins au développement de leur activité sont nombreux. Et ce sont ces freins qu’est venu identifier Mounir Mahjoubi.

Innovation sociale

Après une brève introduction, le fondateur de La Ruche qui dit oui laisse la parole à ceux qu’il traite en alter ego, les tutoyant d’emblée. Formation, éducation, aide aux personnes handicapées ou aux réfugiés, redistribution des produits invendus… les projets sont divers, avec souvent le digital en commun. Toutefois, « l’innovation sociale n’existe pas nécessairement qu’à travers le numérique et il est parfois difficile d’expliquer la nécessité d’avoir un lieu physique pour la mettre en place », peut-on ainsi entendre. L’innovation sociale donc, voilà le maître mot.

Tour à tour, les jeunes entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire expriment leurs doléances au secrétaire d’Etat, appliqué dans sa prise de notes. « Les aides sont souvent mal adaptées, par exemple pour la bourse French Tech, on nous demande d’anticiper nos dépenses six mois à l’avance, cela ne correspond pas du tout à nos structures », explique l’un deux. « Notre travail c’est quand même de changer la vie des gens et non de rechercher des financements », déplore un autre jeune entrepreneur.

La recherche d’investissements privés ressemble à un parcours du combattant. « Beaucoup de groupes veulent s’engager dans une démarche RSE, mais ils ont besoin d’être guidés pour créer un investissement qui a un réel impact pour un écosystème », considère une entrepreneure.

Selon Mounir Mahjoubi, la volonté du gouvernement est de « faire de la France un champion du numérique au service de tous, exemplaire dans sa capacité à innover dans son cadre de valeurs ». ©Jgp

« French impact »

Ce guide, justement, pourrait être l’Etat. « Là nous sommes au coeur de la philosophie « French Impact », lui répond Mounir Mahjoubi en référence à l’accélérateur national de l’innovation sociale et solidaire lancé par le gouvernement quelques jours auparavant. Donner de la visibilité, mais aussi créer un écosystème de l’innovation sociale font partie de la feuille de route de ce dispositif. Peut-être de quoi répondre à la demande exprimée à cette occasion de rapprocher les entrepreneurs de l’ESS et ceux de l’innovation technologique « qui ont souvent une vision assez adolescente de l’innovation sociale ». On le rappelle, l’économie collaborative, ce n’est pas l’innovation sociale. D’un côté Uber ou Airbn’b, de l’autre Phénix, par exemple, qui traite en temps réel l’offre et la demande d’invendus pour les redistribuer sous forme de repas par les associations caritatives. Au compteur : plus de 20 millions de repas et 40 tonnes de déchets sortis de la poubelle chaque jour.

Jean Moreau, son cofondateur, interpelle d’ailleurs Mounir Mahjoubi sur le rôle de l’Etat par le biais de la commande publique. Il imagine également « une fiscalité qui pourrait varier en fonction de l’impact social de l’entreprise », idée logiquement approuvée par l’assemblée.

Faire rayonner l’ESS

Christophe Itier, haut commissaire à l’ESS, est chargé de rendre des propositions au Premier ministre au mois d’avril. Il l’assure, les propos recueillis ce jour y seront intégrés. Un fonds d’amorçage est annoncé pour le premier trimestre et une plateforme d’animation des communautés de l’économie sociale et solidaire dès la fin du mois. La logique du French Impact est de dire que « l’ESS est un pan de l’économie française à part entière et un moyen de la faire rayonner ».

Selon Mounir Mahjoubi, la volonté du gouvernement est de « faire de la France un champion du numérique au service de tous, exemplaire dans sa capacité à innover dans son cadre de valeurs ». Une innovation à la française donc, « avec du sens et de l’impact », promesse d’attractivité et de rayonnement.

Sur le même sujet

Top