Chaleureuse, lumineuse et végétale : l’architecture de Maud Caubet est à l’image de son auteure, qui trace sa carrière en plaçant « l’humain au centre », de la petite à la grande échelle.
Maud Caubet se dit « imprégnée de chlorophylle », mais l’architecte est un processus de photosynthèse à elle seule. A travers ses grands yeux bleus empreints de curiosité, elle capte les lumières, compare les modèles architecturaux et retranscrit ses impressions par ce qu’elle décrit comme « des projets chaleureux et intemporels, humains et élégants ».
Dans ses nouveaux locaux de la rue Parmentier à Paris, Maud Caubet, un tantinet pipelette, ne peut s’empêcher de proposer un tour du propriétaire malgré l’amoncellement de cartons et de meubles en kit. Elle déambule entre les bureaux des architectes et des designers qui n’ont pas encore été séparés. Au fond, les cloisons vitrées pourront attendre car Maud Caubet les honnit. Elle est justement fière de porter cet alliage entre objet et bâti, « je ressentais cette frustration de devoir privilégier la grande échelle au détriment de la petite, je voulais inhiber ces frontières pour créer des lieux vivants empreints d’humanité ».
Alliant minéral et végétal dans ses édifices, Maud Caubet refuse pour autant qu’on la range dans la case du biomimétisme. Ce retour à la nature, l’architecte s’y est confrontée à divers moments de sa vie. D’abord enfant, lors des nombreux voyages en voilier avec son capitaine de père, « il m’a beaucoup ouvert les yeux sur la nature ». Entre la Scandinavie où elle étudie en 1999 et le Japon où elle avoue n’être jamais allée, elle a « toujours été inspirée par les pays où les contraintes sont imposées par la nature ».
Maud Caubet pourrait vous servir le mot « humain » à toutes les sauces, mais elle préfère le raconter en dessins. Pour servir sa conviction au quotidien, elle conçoit qu’il faut « aussi être sociologue, plasticien, inventeur ». Alors, pourquoi l’architecture ? « Ah, je m’y vois encore », à 18 ans, courir dans les rues de Paris, dévaler les escaliers de la maison familiale pour clamer à ses parents son envie de devenir architecte, après sa rencontre avec un représentant de la profession.
Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles
Ses parents, eux, sont plutôt portés sur les bolides, entre une mère dirigeante de la filiale française d’Audi et un père qui roule pour la Formule 1. Mais pourquoi pas. La bénédiction parentale aura eu raison de celle qui fait partie du groupement lauréat des « Lumières Pleyel », un des projets les plus convoités d’« Inventons la métropole ». Une petite revanche aussi, pour celle qui, il y a quelques années, était encore cataloguée « architecte de bureaux ». A 40 printemps, elle se définit comme « une jeune architecte qui a beaucoup construit et qui sait de quoi elle parle », lance-t-elle sur un ton qui traduit moins le narcissisme que la pugnacité.
Forte de sa double casquette d’architecte et de designer, Maud Caubet signe les intérieurs du projet Origine à Nanterre (l’édifice compris), de la tour Cœur Défense ou du siège de Groupama dans le 8e arrondissement de Paris. A plus grande échelle, elle livrait en 2017 le nouveau siège d’Icade et remportait deux projets d’« Inventons la métropole » dont « LiVE » sur le site du Marché à la ferraille.
Un bureau à Paris, une famille à Bruxelles qu’elle retrouve quotidiennement. Entre la gare du Nord et celle du Midi, « le train est une bulle où la plupart des projets se dessinent ». Malgré une vie au pas de course, Maud Caubet a encore le temps d’être « une rêveuse », mais « qui a les pieds sur terre et la tête dans les étoiles ».